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Pénibilité au travail : l'exemple des égoutiers

Pénibilité au travail : l'exemple des égoutiers

Quelle retraite pour les métiers pénibles ? Charges lourdes, produits toxiques, postures inconfortables… ou tout en même temps. C’est le cas pour les égoutiers, exemple même d’une profession soumise aux maladies professionnelles et accidents fréquents. Voilà des années qu’ils luttent pour un départ à la retraite plus tôt. 

Par la rédaction de l'INA - Publié le 24.02.2023
 

L'ACTU.

« Nous voulons améliorer la prise en compte de la pénibilité », a annoncé Olivier Dussopt, ministre du Travail fin janvier, dans le cadre du projet de réforme du gouvernement d'Élisabeth Borne qui prévoit de faire reculer l'âge de départ à la retraite à 64 ans. Au-delà de contester ce report, les syndicats s'inquiètent de la reconnaissance de la pénibilité au travail. « Ce n’est pas à la retraite que la pénibilité devrait être appréhendée », alerte par exemple, le syndicat CFTC.

LES ARCHIVES.

Des souterrains aux pavés. Les égoutiers, profession aux pénibilités multiples, manifestaient déjà contre un précédent projet de réforme des retraites, en décembre 2019. « C'est important de se battre pour l’avenir, pour nous-mêmes, pour nos enfants », disait l'un d'entre eux dans le montage ci-dessus, proposé par l'INA à cette occasion.

Au XXe siècle, les taupes comme on les appelle ont peu à peu obtenu des avantages, liés à leurs conditions de travail. En 1978, l’un d’eux, à Lyon, résumait ces difficultés : « L'égoutier n’est pas connu, son travail se fait bien sûr en sous-terrain, dans des conditions difficiles, des positions souvent inconfortables, vous pouvez voir des ouvrages de faible hauteur, dans des conditions d’insalubrité, une odeur nauséabonde, dans les boues et aussi avec de graves risques puisque nous avons fréquemment, trop fréquemment, des égoutiers qui font l’objet d’intoxications. »

Une espérance de vie bien plus faible

Inconfort, insalubrité, maladies professionnelles… sans compter les charges lourdes et l’obscurité. Les égoutiers cumulent ce que l’on n’appelait pas encore des critères de pénibilité. En compensation, à l’époque, ils travaillent 6 heures par jour et peuvent partir à la retraite à 50 ans.

« Est-ce que vous estimez avoir un métier pénible ? », demandait un journaliste en 1985. Réponse d'un égoutier : « Pénible, assez, assez pénible oui parce que vous voyez bien qu’on est toujours enfermés dans les égouts. » Avec le temps, la technologie était venue appuyer l’égoutier dans ses tâches. Ils devaient néanmoins continuer à arpenter les conduits et mettre la main dans la boue.

En 2010, après la réforme des retraites, l’âge minimum de départ des égoutiers passe de 50 à 52 ans. La profession accuse le coup, d’autant qu’en 2011, l’Inserm confirme la pénibilité extrême du métier. Selon leur étude, l’espérance de vie des égoutiers est de 17 ans inférieure à celle de la population française. « Tous ceux que j’ai vus, ils n’avaient pas atteint l’âge de leur retraite la plupart pour mourir. Au regard du reste de la population, je pense qu’il y a un souci chez nous. »

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