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Retraite et pénibilité : des décennies de revendications

Retraite et pénibilité : des décennies de revendications

C’est l’un des grands enjeux du nouveau projet de réforme des retraites : la pénibilité au travail. Charges lourdes, bruit, travail de nuit… ces paramètres influent sur la santé de certains salariés. Dans certaines conditions, ils peuvent partir en retraite plus tôt, mais avant d’en arriver là, il a fallu du temps, beaucoup de temps. Et cet acquis reste encore fragile aujourd’hui.

Par la rédaction de l'INA - Publié le 09.02.2023
 

L'ACTU.

« Nous voulons améliorer la prise en compte de la pénibilité », a annoncé Olivier Dussopt, ministre du Travail fin janvier, dans le cadre du projet de réforme du gouvernement d'Élisabeth Borne.

LES ARCHIVES.

Le travail peut aussi l’altérer. Nuisances sonores, charges lourdes, fumées, poussières… voilà qui constituent des éléments de pénibilité. Le montage d'archive en tête d'article faisait le point en janvier 2020, lors d'un précédent projet de réforme porté par Emmanuel Macron.

« C’est une chose qui est très, très pénible de travailler comme ça parce que nous soulevons des choses très lourdes, des coffres qui quelquefois montent à 40, 45, 50 kilos », témoignait une jeune femme en 1964. Et, il a fallu du temps avant que la pénibilité ne soit prise en compte dans la carrière d’un employé. À la fin des années 60 et 70, c'était un enjeu au sein de l’entreprise. « Des gars comme nous qui avons 45 ans dans une boite comme ça, comme dans les fonderies, ce n’est pas possible. On commence à 14 ans et on finit à quel âge ? On n’en sait rien ! », alertait un travailleur.

Quand arrêter le travail ? À cette époque, l’âge légal de départ en retraite était fixé à 65 ans. Les usines, les chantiers, les champs… certaines professions, portées par leurs syndicats, demandaient à partir à 60 ans. En 1983, l’âge de départ en retraite en France passait à 60 ans. C'était une mesure phare du président François Mitterrand, longue revendication socialiste, notamment en raison de la pénibilité au travail.

En 2011, la réforme des retraites sous la présidence de Nicolas Sarkozy portait cet âge à 62 ans. Une exception cela dit pour les salariés usés par le travail : ils pouvaient partir à 60 ans en cas d’incapacité de travail de 20 %, comme l'expliquait, Éric Woerth, alors ministre du Travail : « Qui dit usure physique, dit constat médical. Donc à partir de 20 %, vous aurez la possibilité et le droit de partir à la retraite dès 60 ans. »

10 critères de pénibilité, réduits à 6

En deçà, entre 10 et 20 % d’incapacité, il fallait justifier d’un critère de pénibilité. C'était la première fois que la loi définissait la pénibilité. Il y avait 10 critères au total, comme le travail de nuit, l’exposition chimique, les postures pénibles ou le bruit.

Le 1er janvier 2015, le gouvernement socialiste instaurait à son tour le compte pénibilité. Le salarié exposé à un ou plusieurs critères cumulait des points, qui lui permettait d’acheter des trimestres, et donc de partir en retraite plus tôt. Chez les patrons, avant même la mise en place, ça ne passait pas. Thibault Lanxade du Medef disait : « Un salarié qui va effectuer une tâche répertoriée parmi ces dix fonctions dites pénibles devra être traqué heure par heure et sur un suivi quotidien par les chefs d’entreprise. C’est une machine absolument infernale, c’est aussi grave que les 35 heures. »

En 2017, le compte pénibilité a été simplifié. Le gouvernement d’Édouard Philippe a supprimé quatre des dix critères : les charges lourdes, les postures pénibles, les vibrations mécaniques et les risques chimiques. Trop compliqués à évaluer selon le patronat. Un allègement que les syndicats reprochent encore aujourd'hui à Emmanuel Macron, arrivé au pouvoir en 2017. En 2023, outre le retrait du report de l'âge de la retraite à 64 ans, ils demandent une meilleure prise en compte de la pénibilité.

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