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2004 : la révolution orange en Ukraine, «du jamais vu depuis la chute du mur de Berlin»

2004 : la révolution orange en Ukraine, «du jamais vu depuis la chute du mur de Berlin»

Au deuxième jour de l'invasion russe en Ukraine, commencée jeudi 24 février à l'aube, et après une nuit de bombardements à Kiev, nous revenons sur la «Révolution orange», qui a vu les Ukrainiens revendiquer pour la première fois, massivement, leur aspiration à une vie politique plus démocratique.

Par Cyrille Beyer - Publié le 25.02.2022
Le réveil populaire en Ukraine - 2004 - 02:18 - vidéo
 

Au deuxième jour de l'invasion russe en Ukraine, commencée jeudi 24 février à l'aube, et après une nuit de bombardements à Kiev, nous revenons avec cette archive du 25 décembre 2004 sur la « révolution orange », qui voit pour la première fois les Kiéviens descendre massivement dans la rue de la capitale pour défendre la démocratie.

Une révolution pacifique déclenchée par la proclamation le 21 novembre 2004 du résultat du deuxième tour de l'élection présidentielle, qui donne vainqueur le Premier ministre et dirigeant du parti des Régions Viktor Ianoukovytch, contre l'opposant et ancien Premier ministre Viktor Iouchtchenko, considéré comme pro-occidental, pourtant donné gagnant par les sondages. Les citoyens, qui considèrent le deuxième tour comme truqué, descendent dans la rue et réclament alors la tenue d'un nouveau second tour.

« Foule immense »

Le reportage de France 2, placé en tête d'article, retrace le mois écoulé, donne à voir les images impressionnantes d'une « foule immense », de 100 000 à 300 000 personnes, du « jamais vu depuis la chute du mur de Berlin », et du leader de l'opposition, Viktor Iouchtchenko, au visage défiguré par la dioxine, depuis qu'il a été empoisonné en septembre 2004 par les services secrets ukrainiens. Le reportage rapporte les mots avec lesquels il commence chacun de ses discours au milieu de la foule, « Regardez ce qu'il m'ont fait, regardez ce dont ils sont capables ! », des accusations à l'encontre de son adversaire Viktor Ianoukovytch, et de son principal soutien, Vladimir Poutine.

Le maître du Kremlin est en effet « venu ostensiblement soutenir le candidat du pouvoir, comme si l'Ukraine était toujours une province russe ». « Dans la révolution orange, poursuit le commentaire du reportage, le maître du Kremlin aura beaucoup perdu. Ce sera la fin de trois fictions : celle d'un Poutine démocrate, d'un Poutine partenaire, d'un Poutine fiable et garant de la stabilité à l'Est ».

Nouveau vote

La révolution orange, d'après la couleur de l'opposition, n'est pas obstruée par l'appareil administratif et judiciaire, qui « affiche sa neutralité » et laisse le mouvement populaire s'exprimer.

Après l'annulation par la Cour suprême du résultat du vote, un nouveau second tour est organisé le 26 décembre 2004. Il voit finalement la victoire de Viktor Iouchtchenko, qui réunit 52 % des voix, contre 44 % pour son rival Viktor Ianoukovytch.

Après sa victoire, Viktor Iouchtchenko va diriger le pays jusqu'en 2010, une présidence difficile, marquée par des dissensions dans son propre camp, et par la crise économique de 2008 qui affecte très durement l'Ukraine. Nombreux sont les spécialistes de l'Ukraine à s'accorder cependant sur le fait que sa présidence a été marquée par une amélioration réelle des pratiques démocratiques et électorales dans le pays.

En 2010, son opposant de 2004, Viktor Ianoukovytch, remporte à son tour l'élection présidentielle, à la tête du parti des Régions, plus favorable aux intérêts russes. C'est du refus du président Ianoukovytch, en novembre 2013, de signer l'accord d'association avec l'Union européenne, sous la pression de Moscou, que surgira la révolution de l'Euromaïdan, de novembre 2013 à février 2014 : le retour d'une mobilisation pour le respect des règles démocratiques et pluralistes, dix ans après la révolution orange de 2004.

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