L'ACTU.
Le 22 mai 2023, le même jour où Elisabeth Borne dévoilait les mesures du gouvernement pour diminuer les gaz à effet de serre, notamment dans l'agriculture, la Cour des comptes publiait un rapport soulignant l'impact de l'élevage bovin dans le réchauffement climatique, estimant qu'il était négatif pour le climat. Le rapport pointe les rejets de méthane dans l'atmosphère, un gaz issu de la digestion des ruminants et de leurs déjections qui réchauffe l'atmosphère et représente 45 % des émissions agricoles françaises. La France est en effet le premier producteur européen de viande bovine. Dans ses recommandations, l'institution conseille au gouvernement de « définir et de rendre publique une stratégie de réduction importante » du cheptel bovin et de mettre en place les soutiens publics aux éleveurs de la filière en vue de leur reconversion. Cette réduction a débuté, mais n'est pas suffisamment encadrée selon les conclusions du rapport.
L'ARCHIVE.
Il y a déjà plusieurs années que les bovins sont incriminés dans le réchauffement climatique, mais les premiers sujets diffusés à la télévision abordaient la question sur le mode de la plaisanterie. L'archive que nous vous présentons en tête d'article est un bon exemple de la dérision qui régnait. C'est une des premières fois où cette question est abordée dans un magazine, en l'occurrence, « L'assiette anglaise » présentée par Bernard Rapp.
Nous sommes le 15 octobre 1988, et le sujet réalisé par Thierry Hay est titré : « Les vaches : un danger pour l'humanité ? » Sur le plateau, avant le lancement des images, l'ambiance est à la dérision, on plaisante sur les rots et les pets des vaches. Le journaliste a bien du mal à lancer son sujet en gardant son sérieux.
Le ton du reportage est également badin, « ne vous fiez pas à sa bonhommie car cet animal peut être dangereux », mais énumère néanmoins plusieurs informations correctes. Le professeur Bruger, de l'école vétérinaire de Maison-Alfort explique notamment comment le méthane se fabrique en fermentant dans l'estomac de la vache pour la transformer en véritable « usine à gaz ». Selon sa taille, une vache peut « produire entre 1 000 et 2 000 litres de gaz par jour ».
Le méthane rejeté par les troupeaux est dangereux. Les savants américains alertaient alors sur le fait que les 1 milliard 300 000 vaches paissant sur la planète pourraient contribuer au réchauffement de la Terre et à la diminution de la couche d’ozone en relachant « 293 800 tonnes de méthane dans l’atmosphère par jour ».
Malgré ce constat inquiétant, le reportage s'achevait comme il avait commencé sur le ton de la dérision : « c'est vachement dangereux... ne cherchez plus, la fonte de la banquise, les changements climatiques brutaux, les inondations inexpliquées… c’est la vache bien-sûr ! Seule consolation, dans 100 ans, on pourra enfin dire "mort aux vaches" et être applaudi ! »
Mais serons-nous toujours là dans 100 ans pour plaisanter ? Le reportage de 1988 ne le dit pas.
De nouvelles alertes au début des années 2000
Les vaches ne sont plus vraiment évoquées dans la décennie suivante, mais réapparaissent dans les JT au début des années 2000. À l'image de ce sujet de septembre 2005 intitulé « Vaches pollueuses » dans le 20h00 de France 2. Le journaliste précise que les ruminants libèrent dans l'atmosphère l'équivalent de 600 litres de méthane quotidiennement, soit deux fois les émissions des raffineries françaises. Il soulève une idée intéressante, celle de la récupération du gaz pour fabriquer du biogaz.
