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19 août 1991 : le putsch de Moscou, la tentative de coup d'État contre Gorbatchev 

19 août 1991 : le putsch de Moscou, la tentative de coup d'État contre Gorbatchev 

Les 23 et 24 juin, une tentative de rébellion a été menée en Russie par le groupe paramilitaire Wagner et son chef, Evgueni Prigojine. Une victoire en demi-teinte pour Vladimir Poutine, dont l'autorité s'en trouve affaiblie. En août 1991, un coup d'État manqué contre le chef d'État russe Mikhaïl Gorbatchev avait mené à sa chute.

Par Romane Sauvage - Publié le 26.06.2023
URSS : destitution de Mikhaïl Gorbatchev - 1991 - 02:37 - vidéo
 

L'ACTU.

Les 23 et 24 juin, une tentative de rébellion a été menée en Russie par le groupe paramilitaire Wagner et son chef, Evgueni Prigojine. Il a précisé lundi 26 juin qu'ils n'avaient « pas pour objectif de renverser le gouvernement légitime ». Une victoire en demi-teinte pour Vladimir Poutine, dont l'autorité s'en trouve néanmoins affaiblie.

LES ARCHIVES.

« Mesdames, mesdemoiselles, monsieur, bonsoir : c'est donc un véritable coup d'État qui vient de se produire en Union soviétique. » Le 19 août 1991, des communistes « conservateurs » essayaient de prendre le pouvoir en URSS. Selon eux, les réformes d'ampleur dites de la Perestroïka et de la Glasnost menées par le pouvoir en place allaient trop loin et les républiques socialistes soviétiques prenaient trop d'autonomie. La fin de l'URSS menaçait.

Résultat, comme on l'entendait dans l'archive du soir même en tête d'article, « Mikhaïl Gorbatchev a été renversé par un "Comité pour l'état d'urgence" ». Ce comité était composé de figures majeures de l'URSS parmi lesquelles « le vice-président de l'Union soviétique, le premier ministre Valentin Pavlov et plusieurs dignitaires du régime dont les responsables du KGB et de l'armée ».

« Cette Perestroika était tombée dans l'impasse. Des forces extrémistes ont émergé pour tenter de liquider l'Union soviétique et prendre le pouvoir. Il fallait sortir de la crise le plus vite possible » déclarait, selon ce journal télévisé, les auteurs du coup d'État. Guennadi Lanaïev, le vice-président de l'URSS, était nommé président par intérim et le comité investi de tous les pouvoirs. « Sa première décision a été de proclamer l'état d'urgence dans tout le pays pour une durée de six mois. »

Au moment du journal télévisé, le Président, Mikhaïl Gorbatchev, n'avait pas reparu. Le commentaire précisait : « Officiellement, il était en vacances en Crimée depuis le début du mois d'août, mais les premiers flashs de la radio soviétique qui ont annoncés sa destitution, ont annoncé des raisons de santé pour expliquer son départ. Il semble que ce soit une simple clause de style, la réalité étant un limogeage pur et simple de celui qui était au pouvoir depuis six ans en Union soviétique. » Le reportage s'achevait sur la prudence des « capitales occidentales » alors qu'« une colonne de plus de 150 blindés se dirigeait vers le centre de Moscou. »

« La légitimité n'était pas du côté du nouveau pouvoir »

À Moscou, les habitants associés à des fidèles du régime manifestèrent immédiatement contre le coup d'État, guidés par Boris Eltsine, alors président de la fédération de Russie et rival de Mikhaïl Gorbatchev. Dans l'archive ci-dessous un envoyé spécial français allait à la rencontre de ces Moscovites qui avaient « opposé leurs blocus à la présence massive de l'armée ». Ils étaient rejoints par une partie des soldats fidèles pour « la légitimité n'était pas du côté du nouveau pouvoir ». « On est pour Eltsine, on est pour le peuple », affirmait l'un d'entre eux.

Etat d'urgence à Moscou
1991 - 02:52 - vidéo

Conclusion du commentaire : « Boris Eltsine n'aura pas eu de mal à convaincre leurs gradés que les ordres du ministère de la Défense étaient scélérats. Les officiers n'accepteront donc pas d'être les instruments des conservateurs qui ont déposés Boris Eltsine. » Ainsi, une tentative de prise du parlement, où se trouvait Boris Eltsine, fut un échec et les troupes qui devaient marcher sur Moscou se rangèrent auprès des Moscovites. Le 21 août 1991, le coup d'État avait échoué.

« Tous ont compris que l'ère Gorbatchev était finie »

Dans l'archive du 22 août 1991 ci-dessous, Antenne 2 faisait le bilan d'événements qui, déjà, laissaient entrevoir la chute définitive de l'URSS. « Ce n'est pas le moindre des paradoxes, Eltsine, symbole de la résistance anticommuniste, apparaît donc comme le sauveur de Gorbatchev alors qu'il y a encore deux mois, il exigeait publiquement sa démission. » Giles Rabine, envoyé spécial sur place confirmait la fin d'une époque : « Quand les Soviétiques ont entendu [Mikhaïl Gorbatchev] lancer des brassées de remerciements et exprimer sa reconnaissance et sa gratitude envers Boris Eltsine, alors tous ont compris que l'ère Gorbatchev était finie, même si le prix Nobel de la Paix, sacré homme de la décennie par les Occidentaux, regagnait son bureau du Kremlin. »

Eltsine/gorbatchev
1991 - 01:29 - vidéo

Il concluait : « L'armée et le KGB cassés après la trahison de leurs chefs, le parti communiste définitivement discrédité malgré un sursaut de dernière minute, l'essentiel des instruments du pouvoir de Mikhaïl Gorbatchev a disparu. (...) Ceux qui se méfiaient de l'immense popularité de l'ancien apparatchik Boris Eltsine disaient qu'il lui restait à prouver sa conversion à la démocratie. Eh bien, c'est fait. Et avec quel éclat ! » Quelques semaines plus tard, Mikhaïl Gorbatchev démissionnait. Au profit de Boris Eltsine.

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