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Marie-France Garaud : «Les hommes politiques sont comme de vieux acteurs qui jouent toujours les mêmes rôles»

Marie-France Garaud : «Les hommes politiques sont comme de vieux acteurs qui jouent toujours les mêmes rôles»

L'ancienne conseillère de Georges Pompidou et de Jacques Chirac, Marie-France Garaud, est morte le 22 mai à l'âge de 90 ans. Elle était de ces femmes politiques influentes qui avaient préféré l'ombre à la lumière. Jusqu'en 1980, date à laquelle elle annonçait être candidate à la présidentielle de 1981.

Par Romane Laignel Sauvage - Publié le 24.05.2024
 

L'ACTU.

En 1973, Newsweek parlait d'elle comme de « the most powerful woman of France », la femme la plus influente de France. Marie-France Garaud est morte le 22 mai à l'âge de 90 ans. Elle avait notamment été conseillère politique de Georges Pompidou et de Jacques Chirac, et s'était présentée en 1981 à la présidence de la République.

LES ARCHIVES.

« Mais, je ne roule pour personne, je défends des idées. » Nous étions en octobre 1980. La conseillère politique Marie-France Garaud avait arrêté sa collaboration avec Jacques Chirac quelques mois plus tôt et décidé de sortir de la discrétion médiatique qui la caractérisait jusque-là. Après une première prise de parole en septembre, sur Europe 1, elle était l'invitée de Julien Besancon dans « L'événement » sur TF1.

Puisqu'elle avait quitté l'équipe de Jacques Chirac, qui allait-elle désormais soutenir ? « Pour qui alors roulez-vous ? Quelle est la personne qui incarne vos idées ? », demandait le journaliste. Dans l'extrait disponible en tête d'article, elle donnait le ton de cet échange et répondait : « J'ai presque envie de vous répondre sur le premier mot que vous me désobligez. Je ne roule pas pour quelqu'un. D'abord, je ne suis pas un camion. »

Et de poursuivre : « Mais, je ne roule pour personne, je défends des idées, et puis, je pense que les hommes politiques français sont un peu comme de vieux acteurs qui jouent toujours les mêmes rôles sans s'apercevoir que le décor a changé. Ou alors, ils n'osent pas dire ce qu'ils pensent. (...) Parce que ça dérange. »

Dire la vérité aux Français

Ainsi, disait-elle, les hommes politiques répétaient les mêmes éléments de langages. « Ils disent tous qu'ils sont pour une France forte dans une Europe indépendante. À moins que ce soit l'inverse. Ils disent tous qu'ils sont pour l'amélioration des catégories les plus défavorisées. Pour la limitation de chômage et de l'inflation. Pour les investissements sélectifs dans les secteurs de pointes. »

Que faire alors, demandait Julien Besancon. « Je crois qu'il faut essayer de provoquer un langage de vérité, que la démocratie, c'est la vérité », expliquait-elle dans un langage pompeux. Et d’arguer : « Je crois que l'on commet une erreur fatale en pensant que les Français sont trop incapables ou trop naïfs, ou trop peureux pour ne pas accepter la vérité. Je crois qu'ils sont parfaitement capables de l’accepter. En tout cas, je crois qu'on la leur doit. »

Pour appliquer ses dires, Marie-France Garaud annonçait de suite sa candidature à la présidence de la République. Dans l'extrait ci-dessous, elle précisait : « J'ai mesuré plus que tout autre les risques et les difficultés pour moi d'une pareille entreprise, mais je crois que je dois le faire. Je pense que c'est nécessaire pour défendre les idées auxquelles je crois ».

À l'élection présidentielle de 1981, le président sortant Valéry Giscard d'Estaing affrontait au second tour le candidat du Parti socialiste, François Mitterand, qui l'emportait. Marie-France Garaud ne recueillait qu'1,33 % des voix au premier tour contre 18 % pour le candidat RPR, Jacques Chirac.

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