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«Le masque et la plume» : 70 ans d'impertinence et de parler vrai

«Le masque et la plume» : 70 ans d'impertinence et de parler vrai

Créée le 13 novembre 1955 par Michel Polac et François-Régis Bastide, «Le masque et la plume», qui fêtera ses 70 ans en 2025, est l’une des plus anciennes émissions radiophoniques de France Inter. Depuis 1989, elle était présentée par Jérôme Garcin. Le 31 décembre 2023, il cède son micro à Rebecca Manzoni. L’occasion de revenir en archives sur l’histoire de ce programme culte à travers les témoignages de ceux qui l’ont fait.

Par Florence Dartois - Publié le 19.12.2023 - Mis à jour le 31.12.2023
Le Masque et la Plume - 1966 - 07:40 - vidéo
 

L’ÉMISSION.

À vocation culturelle, l'émission de France Inter « Le masque et la plume » se consacre aussi bien à la critique de livres, qu’aux pièces de théâtre ou au cinéma, plus rarement à la variété. Elle est arrivée sur l’antenne de France 1-Paris Inter, l’ancêtre de France Inter, le 13 novembre 1955 et près de 70 ans plus tard, elle résonne toujours sur les ondes chaque dimanche, dès 20h10. Depuis 1989, elle est animée par Jérôme Garcin. Mais ce dernier présente sa dernière émission le 31 décembre 2023 (diffusée à 09h et à 20h) avant de céder sa place à Rebecca Manzoni.

Jérôme Garcin avait succédé à Pierre Bouteiller qui venait d'être nommé directeur des programmes de France Inter. Pierre Bouteiller avait lui-même remplacé le producteur historique François-Régis Bastide à partir de septembre 1982, alors que ce dernier venait d’être nommé ambassadeur au Danemark.

L’archive ci-dessous, du 22 octobre 1989, est la « passation de micro » entre Pierre Bouteiller et Jérôme Garcin. En mai 2023, dans l’émission « À voix nue » sur France Culture, l'animateur et producteur racontait à Caroline Broué les circonstances de ce remplacement : « Il m’a dit : « Est-ce que tu veux me remplacer à la tête de l’émission ? Tu es le seul pluriculturel de l’équipe des critiques. Puisque j’étais "livre, théâtre et cinéma" (…) quand j’ai pris ce rôle d’animateur, je me suis dit : "tu n’es pas fait pour ça" (…) » Lui qui était davantage homme de presse et d'écriture dût se faire violence pour accepter le challenge. « J’ai progressé. Je parle un peu moins vite, même si j’ai tendance à préférer la plume au micro, mais ça fait 34 ans que j’anime le « Masque » malgré tout », confiait-il avec humilité.

Une poignée d’animateurs, une longévité exceptionnelle

Lorsqu’il accepta de présenter l’émission, Jérôme Garcin la connaissait déjà très bien. Et pour cause, il y participait régulièrement depuis plusieurs années comme critique littéraire. C’est François-Régis Bastide qui l’avait invité à rejoindre l'équipe après avoir lu ses critiques dans les Nouvelles littéraires. En 2023, il revenait sur ses débuts au « Masque » : « J’avais 22 ans, 23 ans. Je débarque au studio 104 de la Maison de la radio de l’époque, c’est-à-dire 1000 personnes (…) J'ai cru que j’allais m’écrouler sur place en rentrant dans le studio. Et effectivement, j’ai bafouillé dans le micro pendant une ou deux émissions, tellement j’étais intimidé, paniqué (…) tellement je n’étais pas un homme de la rhétorique, de l’éloquence. Alors, évidemment, à la tribune du "Masque" quand vous aviez Jean-Louis Bory, quand vous aviez Charensol, Poirot-Delpech (…) ces orateurs brillantissimes, on est encore plus complexé. »

De gauche à droite : Georges Charensol, Bertrand Poirot-Delpech, Pierre Marcabru, Robert Benayoun, Jean-Louis Bory
De gauche à droite : Georges Charensol, Bertrand Poirot-Delpech, Pierre Marcabru, Robert Benayoun, Jean-Louis Bory en 1968. Crédits : INA.

L'archive qui suit est un extrait du premier « Masque et la plume » présenté par Jérôme Garcin. Une émission avec un invité d'honneur. Nous sommes le 29 octobre 1989 et Jack Ralite, le maire communiste d'Aubervilliers et président des états généraux de la Culture, fait une critique de la pièce Le chemin solitaire d'Arthur Schnitzler dans une mise en scène de Luc Bondy.

Jack Ralite : « C'est le spectacle le plus beau depuis le début de l'année, le plus intelligent. Une pièce noire. »

Imaginée par un poète

« Le masque et la plume », c’est l’une des plus vieilles émissions de France Inter, avec le « Jeu des 1000 euros ». Cette émission, Jérôme Garcin aime raconter qu’il l’écoutait déjà sur son poste de radio, adolescent. Elle a vu le jour un an avant sa propre naissance, en 1955 (Jérôme Garcin est né le 4 octobre 1956). Elle a été créée sur l’idée du poète Jean Tardieu, directeur de la RTF et du Club d’essai de la RTF, un service qui produisait des émissions culturelles. C’est lui qui eut l’idée de créer un programme dédié au théâtre (le masque) et à la littérature (la plume). À l’origine, il n’y avait pas de séquence cinéma.

C’est aussi Jean Tardieu qui choisit un duo improbable pour présenter l'émission comme l’expliquait aussi Jérôme Garcin à Caroline Broué, en mai 2023 : « C’était l’époque où les poètes pouvaient diriger des radios et Jean Tardieu dirigeait la RTF, il a voulu marier de manière absolument improbable la carpe et le lapin, c’est-à-dire François-Régis Bastide et Michel Polac. Chacun dans son domaine, les livres et le théâtre… »

En effet, au début de sa création, « Le masque et la plume » fut présenté en alternance par ce tandem, jusqu’au départ de Michel Polac en 1970. Mais laissons-leur la parole. En décembre 1989, dans une émission spéciale réalisée pour les 45 ans du programme, le binôme revenait sur les débuts de cette aventure. François-Régis Bastide et Michel Polac racontaient comment Jean Tardieu les avait choisis. À l’époque, les deux hommes animaient déjà des émissions culturelles à la RTF, François-Régis Bastide présentait « Une idée pour une autre » et Michel Polac « Pour l’amour du théâtre ». Dans l'extrait suivant, ils racontent notamment, où, comment et par qui le titre de l’émission a été trouvé.

L’ARCHIVE.

À quoi ressemblait les premières émissions ? L’archive en tête d’article permet de se faire une bonne idée des coulisses du « Masque ». Il s'agit d'un reportage diffusé dans le magazine télévisé « Micros et caméras » le 2 avril 1966. Les images dévoilent les visages des deux animateurs historiques, François-Régis Bastide (animateur de 1955 à 1982) et Michel Polac (animateur de 1955 à 1970), mais aussi ceux de quelques critiques, ainsi que l'aspect du studio où l’émission était enregistrée dans les conditions du direct.

Ce jour-là l’invité d’honneur était un jeune cinéaste, Claude Lelouch. Le sujet montre aussi l’autre personnage clé de l’émission : le public. Puis, les caméras se glissent dans la salle de montage, où sur de gros magnétophones défilent les bandes analogiques où seront coupées, à l'aide de ciseaux de montage, les passages qui ne passeront pas à l’antenne le dimanche suivant. Le tout sous les indications de Michel Polac.

Impertinence et liberté de ton

Tardieu pensait qu’une émission de critiques « fussent-ils talentueux », pouvait devenir rébarbative, il en fit un spectacle comme l'expliquait Jérôme Garcin en 2023 : « Mais l’idée d’en faire un spectacle, devant des centaines de spectateurs, qui peuvent en plus intervenir, qui applaudissent évidemment, qui rient, vous transformez, avec un peu de drôlerie, la leçon du collège de France en pièce de théâtre. C’est une pièce de théâtre "Le masque et la plume", et c’est pour ça que ça a marché dès le début… ». Ce n'est sans doute pas un hasard si jusqu'à l'arrivée à la Maison de la radio, elle était enregistrée dans des théâtres : au Récamier, à l'Alliance française, au Vieux-Colombier.

La plus ancienne émission disponible dans notre fonds est le troisième numéro. L'émission a été diffusée le 22 janvier 1956 et décrit parfaitement l’ambiance potache qui régnait alors. L’habillage musical était également réalisé en direct. Ce jour-là, par exemple, Jean Wiener était au piano pour interpréter les interludes musicaux. Autre particularité de cette archive : la mise en scène humoristique de la présentation de Michel Polac et François-Régis Bastide, les deux animateurs, qui font intervenir ici le comédien René-Jacques Chauffard dans le rôle d’un auditeur anonyme venant lire et commenter sa « fausse » lettre d'auditeur. Cette longue mise en bouche laisse ensuite la place à la tribune des critiques dramatiques, composée de Bernard Dort, Georges L’Herminier, Max Favalelli, Paul-Louis Mignon et Jean Nepveu Degas.

Le succès de l’émission repose en grande partie sur le ton inimitable des critiques qui se sont succédés au micro du « Masque ». On y trouve un « ton de vérité qu’on y entend nulle part ailleurs… », précisait Jérôme Garcin en mai 2023. Il constatait alors que l’évolution de la critique allait « de plus en plus vers l’eau tiède, vers le ronronnement, vers le consensus mou. On aime tout (… ) Écoutez aujourd’hui les radios, les télévisions, la critique est rarement, voire de moins en moins négative », affirmait-il.

Ce n’était pas le cas dans l’émission où la parole se voulait libre, voire résistante, Jérôme Garçin reconnaissant que l'on ne pouvait plus dire ce qu’on disait, par exemple, dans les années 70, une période où « la violence contre un film, contre une pièce, contre un livre était incroyable ». Ce ton pouvait déranger, mais restait, selon lui, un dernier bastion de libre expression : « Je trouve que c’était bien à l’époque, c’est devenu indispensable aujourd’hui. Le monde culturel est devenu tellement gangrené par les partenariats, les parrainages… Il y a encore le dimanche soir à 20 heures, le petit village d’Astérix et autour du banquet, du sanglier, il y a quatre olibrius qui disent la vérité et qui la disent d’autant plus que, comme aux origines, les critiques, ils ne se parlent pas entre eux dans un studio fermé, ce qui est la porte ouverte à la connivence, à l’entre-soi. Mais quand vous êtes face au public… ils peuvent avoir mauvais goût, mais ils ne peuvent pas tricher. On ne triche pas devant 400 personnes qui vous regardent », insistait-il.

Prises de bec et joutes verbales

Les critiques et leur verve, justement, sont l'autre secret de la recette du succès de l’émission. On se souvient de Georges Charensol, Jean-Louis Bory, Pierre Marcabru, Michel Ciment et tant d'autres, prêts à en découdre pour défendre leurs points de vue…

Ces querelles étaient le sel de l’émission. Il en est question dans l’extrait suivant. En 1989, à l'occasion du 45e anniversaire du « Masque », François-Régis Bastide, Georges Charensol, Jean-Louis Bory et Pierre Bouteiller se remémoraient quelques moments épiques et prises de bec qui se jouaient dans l'émission, notamment lorsque des invités venaient défendre leur travail devant ce tribunal radiophonique. Ce fut le cas d’Albert Camus, de Maurice Chevalier, Michel Butor, Raymond Devos ou Jean-Luc Godard et bien d'autres. Parmi les moments marquants, il y eut, par exemple, le « match » Robbe-Grillet et Michel de Saint-Pierre à propos du nouveau roman en février 1957, évoqué dans l'archive ci-dessous.

Il sera aussi question des prises de position des présentateurs, de certaines « engueulades » censurées, des protestations du ministère de la Guerre, des échanges spontanés entre Bory et Charensol ou de Ciment et Lefort.

Simple présentateurs ou commentateurs
1989 - 08:11 - audio

Georges Charensol « C’était une émission très libre. On disait ce qu’on pensait, on ne pensait pas aux conséquences. Tout cela était absolument improvisé. »

François-Régis Bastide : « Le public vous entrainait… « Pour le plaisir d’amuser les gens »

L’archive suivante donne la parole à Georges Charensol (1895-1999), un pilier de l’émission, connu pour ses folles diatribes, ses longs « tunnels » comme il les appelait. En 1989, il revenait lui aussi sur l’ambiance qui régnait les dimanches soir. Lui était l’un des premiers à avoir rejoint les « réguliers » de l’émission. Il faisait de la radio depuis 1925 et était arrivé à l’époque de l’Alliance française dès 1956 comme critique de cinéma.

Il raconte qu’il aimait faire ses fameux « tunnels » pour mettre de l’ambiance dans l’émission qu’il trouvait, au départ, « terne et solennelle ». Au début, les critiques invités, venaient de la presse écrite et avaient tendance à lire leurs critiques à la radio. Lui avait voulu rompre avec ce ton pompeux et mettre « un peu de pagaille là-dedans. Il plaisantait : « la radio, c’est quand même du spectacle ! Il faut essayer d’amuser les gens. J’ai essayé de faire entrer un peu plus le public ».

Ambiance et heurts dans l'émission
1989 - 07:31 - audio

Nous avons aussi retrouvé la bagarre mémorable entre le critique Pierre Marcabru et Claude Lelouch, évoquée plus haut. Le jeune cinéaste s’était glissé dans la salle pour écouter ce qu’on allait dire sur son dernier film Vivre pour vivre. Exaspéré, il avait surgi sur la scène pour s’expliquer et demander des comptes au critique. Marcabru avait dû revenir pour débattre avec lui en face à face. Dans l'émission de 1989, Michel Polac racontait qu’il avait fallu les séparer. Voilà ce qui se passa réellement le 1er octobre 1967.

Claude Lelouch : « J’ai jamais écouté de telles aberrances, de telles stupidités, c’est à vous dégouter de faire du cinéma ! Parce que les gens qui parlent devant ce micro ne savent pas ce que c’est de faire un film (…). Si je suis là, c’est pour me défendre ».

Les joutes verbales se déroulaient aussi parfois entre présentateurs et critiques, comme le 5 avril 1970, lorsque Georges Charensol reprocha à Michel Polac de parler d'un film sans l’avoir vu. À bout de nerfs, il quittait la tribune, exaspéré par « la mauvaise foi » de l'animateur. Dans notre archive de 1989, les deux hommes se remémoraient cette querelle provoquée par le « goût de la polémique » de l’animateur « gauchiste ». Comme on l'entend, le public tenta de rappeler le critique et reprit en chœur : « Charensol, Charensol ! ». Voici ce qui se passa au micro ce jour-là.

Georges Charensol (extrême gauche) et Michel Polac (au milieu). 1968

Le public : un ingrédient indispensable du succès

Depuis le début de sa diffusion, les auditeurs ont tenu une place de choix dans le programme, que ce soit à travers le courrier ou la présence de spectateurs en salle. Ce rôle actif du public fait du « Masque » l’une des premières émissions « interactives » de la radio.

De manière immuable, l’émission commence toujours par la lecture du courrier des lecteurs. Nous avons choisi une archive diffusée le 4 juin 1967, dans laquelle Michel Polac et François-Régis Bastide répondaient notamment à un étudiant d'Angers qui réclamait que l’émission soit allongée d’une demi-heure. Un débat s’instaurait ensuite dans la salle avec le public sur cette question. On l'entend, la décontraction était au rendez-vous.

Lecture du courrier des auditeurs en 1968 par Michel Polac.
Lecture du courrier des auditeurs en 1968 par Michel Polac.

Comme nous l’avons évoqué précédemment, à l’installation dans la Maison de la radio, l’émission quitta les théâtres pour le gigantesque studio 104 qui pouvait contenir 1000 personnes, puis dans le 102, qui contenait environ 700 places. Un public très présent, qui progressivement, entra dans le jeu en participant de plus en plus activement, allant souvent jusqu'à contrer les critiques et bousculer les cinéastes invités.

C’est ce que l’archive ci-dessous illustre à merveille. C’est un échange houleux entre le (jeune) réalisateur Roger Vadim et certains auditeurs présents dans la salle. Nous sommes en 1958.

Roger Vadim
1958 - 03:27 - audio

Roger Vadim invité à défendre son film « Les bijoutiers du clair de lune » doit répondre aux questions du public qui l’accuse d’avoir instrumentalisé Brigitte Bardot ainsi qu'aux questions des critiques sur sa vision du cinéma. 

Voici une autre critique, très remarquée, positive cette fois, celle d'une spectatrice à propos du film de François Truffaut La mariée était en noir, le 28 avril 1968. Sa remarque lui vaudra les félicitations de Michel Polac et des critiques professionnels présents, notamment Georges Charensol.

Des chansons aussi...

Concluons cette promenade sonore dans l’univers radiophonique du « Masque et la plume » en chansons. Car on s’en souvient moins, mais le « Masque » a consacré quelques numéros à la variété, avec la présence d’artistes qui venaient chanter en direct sur le plateau pour défendre des albums ou des auteurs. C’est ainsi que le 19 février 1952, dans une émission consacrée aux adaptations littéraires en chansons, Juliette Gréco avait interprété quelques textes de grands poètes comme Baudelaire ou Apollinaire, mis en musique. À l'instar de la chanson Les cloches, un poème de Guillaume Apollinaire mis en musique par Henri Patterson.

Juliette Gréco "Les cloches"
1956 - 02:15 - audio

Le « Masque » à la télé

« Vous êtes bien à la télévision, et c'est bien « Le masque et la plume » qui va être diffusé sur FR3... ». En 1976, l'émission radiophonique vieille de 25 ans a fait un passage sur le petit écran, sur FR3. L'expérience ne durera qu'une saison. François-Régis Bastide et Gilles Jacob en ont assuré la présentation. Le premier numéro est diffusé le 4 janvier 1976. Dans l'extrait que nous vous invitons à regarder ci-dessous, les deux animateurs, visiblement peu à l'aise avec la caméra, expliquent aux téléspectateurs sur un ton plutôt guindé qui traduit leur stress, en quoi consistera le programme hebdomadaire. Il proposera deux tribunes en alternance : une critique des films diffusés sur la chaîne dans la quinzaine à venir et une critique de films nouveaux. Au cours de ces deux tribunes, des extraits de films sélectionnés par Anne Andreu seront diffusés à titre illustratif.

Pour cette première émission, Patrick Brion, responsable éditorial du choix des films sur FR3, est interviewé sur sa programmation. À ses côtés, on reconnait le cinéaste Claude Lelouch ainsi que le duo explosif de critiques critique Jean-Louis Bory et Georges Charensol.

Nous avons choisi deux autres extraits à visionner également : une discussion avec Claude Lelouch autour de son film Un homme qui me plait, réalisé en 1969, qui allait être rediffusé sur FR3 (avec Jean-Paul Belmondo et Annie Girardot). Le réalisateur explique comment il entre dans le processus de réalisation, ce qui l’a inspiré pour celui-ci et raconte les grandes lignes du film. Suivra la réaction de Charensol et un débat animé sur le coût élevé de ce film, car tourné à plusieurs endroits du globe, notamment aux USA.

La conversation s'oriente ensuite sur l'évolution de la technique cinématographique, avec une mise en perspective très intéressante de Claude Lelouch sur les progrès réalisés et notamment la difficulté à générer de l’émotion avec les techniques d’autrefois, « c’était plus difficile à obtenir. La technique était très lourde, c’était très compliqué (…) pour un comédien. Aujourd’hui, on chope des choses (…) pellicules rapides, caméras, on peut faire plus un cinéma d’émotion qu’à une époque ».

L'émission fêtera ses 70 ans d'existence en 2025. En mai 2023, au micro de Caroline Broué sur France Culture, Jérôme Garcin partageait son interprétation de son succès, dû en partie à la liberté de ton des chroniqueurs. « Qu’on les aime ou qu’on les déteste, ceux-là, ils parlent vrai, avec sincérité ». C'est aussi ce qui expliquait, selon lui, le rajeunissement de l'auditorat.

La doyenne des émissions de France Inter représente toujours une force de frappe puissante en matière de recommandation culturelle, une influence qu'il confirmait sans aucun doute, « faire venir le plus grand nombre aux plus belles choses, c’est ce qui justifie l’existence du « Masque et la plume ». J’en ai la preuve, si on aime une pièce, on peut remplir un théâtre. Si on aime un livre, ça arrive, les chiffres de ventes sont très éloquents ! ».

Dans cet entretien, Jérôme Garcin évoquait son départ de l'antenne, après 35 longues années au service de la culture. Il estimait avoir fait son temps.

L'amoureux des mots et de l'écriture souhaitait à présent disposer de plus de temps, pour les siens, pour écrire, « pour laisser à la génération qui vient le soin d’exercer son propre talent ».

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