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«Est-ce qu'un jour l'hirondelle pourrait ne plus faire le printemps ?»

«Est-ce qu'un jour l'hirondelle pourrait ne plus faire le printemps ?»

Le 16 novembre, la Ligue pour la protection des oiseaux et le Muséum national d’histoire naturelle ont publié une enquête menée entre 2001 et 2021 sur les effectifs d’oiseaux en Île-de-France. Sans surprise, leur nombre a diminué et les hirondelles, plus particulièrement, sont en danger avec une diminution de 90% de leur population. Cette disparition progressive est régulièrement évoquée dans nos archives, et ce, dès les années 1970.

Par Florence Dartois - Publié le 20.11.2023
 

L'ACTU.

Libération a relayé les résultats d’une enquête rendue publique le 16 novembre 2023 par la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO) et le Muséum national d’histoire naturelle (MNHN). Elle concerne une étude sur les oiseaux présents en Ile-de-France, réalisée grâce à un réseau d’observateurs bénévoles entre 2001 et 2021. Sans surprise, les effectifs d’oiseaux ont considérablement diminué dans la région, avec une disparition par exemple de 90% des hirondelles.

En mai 2023, une étude du CNRS sur les oiseaux d’Europe avait déjà signalé la disparition préoccupante de ce volatile soulignant que l’agriculture intensive, le réchauffement climatique et l’urbanisation galopante étaient autant de facteurs responsables. Elle est loin l’époque où les JT régionaux consacraient des sujets à l’arrivée de milliers d’hirondelles annonçant le retour du printemps. Comme dans le sujet ci-dessous daté de 1978 et qui devient un véritable témoignage d'une époque (presque) révolue.

Les hirondelles se rassemblent
1978 - 00:44 - vidéo

L’ARCHIVE.

En effet, durant des siècles, l'apparition des hirondelles au mois d'avril annonçait le retour du printemps. Dans nos contrées, il s'agissait du retour de deux espèces en particulier : l’hirondelle des fenêtres « reconnaissable à son croupion blanc » et l’hirondelle de cheminée, reconnaissable « à sa queue effilée et à sa gorge rousse » que l’on trouvait autrefois nichées au chaud dans les étables.

L’archive en tête d’article brosse leur portrait. Elle est extraite du magazine « Les animaux du monde » du 6 août 1972. Ce reportage est étonnant, car il indiquait déjà que ces oiseaux étaient en train de disparaître. À l'époque, une étude réalisée en Europe montrait que leur population avait déjà diminué de 20 à 40 %. On incriminait alors les insecticides qui outre faire disparaître une nourriture essentielle à leur reproduction (les hirondelles sont insectivores et nourrissent leurs petits d’insectes : 5gr par jour par oisillon), les empoisonnaient également.

La suite du reportage décrivait l'autre fragilité de l'espèce, leurs nids maçonnés, faits de boue séchée et d’herbe, nichés dans les granges, les étables ou sous les toitures. Chaque année, de retour de son périple, l’hirondelle rafistolait son nid, « un travail très long », avant d’y pondre ses œufs. Plus tard, les petits s’exerceraient à voler hors du nid, avant de s'envoler à leur tour pour entreprendre leur longue migration vers des contrées plus accueillantes.

Dans l’archive ci-dessous, également extraite de l’émission « Les animaux du monde », mais en 1979, Jacques Penot, un ornithologue, expliquait comment distinguer les différentes espèces d’hirondelles que l’on trouvait alors en France. Il les présentait à l’aide d’une planche qu’il avait lui-même réalisée, il n'y avait pas encore d'infographie à la télé... Il y avait là l’hirondelle des cheminées, l’hirondelle des fenêtres, l’hirondelle des rivages, plus claire et enfin, l’hirondelle des rochers, brune, mais sans collier. Jacques Penot expliquait aussi sa différence avec le martinet, souvent confondu avec l’hirondelle. Le spécialiste décrivait ensuite où nichaient les hirondelles.

Les différentes espèces d'hirondelles
1979 - 05:21 - vidéo

La prise de conscience

Au début des années 2000, les études confirmaient que les hirondelles diminuaient radicalement. Comme dans cette archive de 2003, dans lequel Jean-Pierre Pernaut se demandait en le lançant : « Est-ce qu'un jour l'hirondelle pourrait ne plus faire le printemps ? »

Cette année-là, dans les Vosges, les hirondelles n’étaient pas au rendez-vous. Un paysan, qui pourtant préservait les nids dans ses bâtiments, attendait les visiteuses avec de l’impatience mêlée d’inquiétude. Les intervenants interrogés incriminaient toujours les insecticides, responsables de la disparition de leur nourriture. L'autre motif d'inquiétude était la disparition de la boue dans les environnements trop urbanisés qui n’acceptaient plus les nids des oiseaux. Pour remplacer les nids maçonnés, des collégiens en construisaient des artificiels.

France: disparition des hirondelles
2003 - 01:51 - vidéo

« Dans ma jeunesse il n’y avait pas de produits chimiques, il y avait beaucoup d’exploitations agricoles (…) presque tout le monde avait des hirondelles dans les écuries ». (Bernard Lahache)

Depuis une loi de 1976, il est interdit de détruire ou de porter atteinte à leur nid (même inoccupé), sous peine d'un an de prison et de 150 000 euros d’amende. Les associations de protections des oiseaux ne cessent d’informer les propriétaires de l’importance de protéger les nids des hirondelles. En 2005, en Normandie, on tentait de sensibiliser la population, comme à Duclair, où une poignée de passionnés étaient venus dénoncer la destruction quasi systématique des nids et informer les habitants sur la manière de les préserver, tout en évitant les nuisances possibles.

Hirondelles menacées par manque de nids
2005 - 02:08 - vidéo

Protéger les nids, c'est facile et de nombreuses archives font référence à une méthode très simple pour vivre en bonne harmonie avec l'hirondelle. Comme la possibilité de poser une planchette sous le nid pour éviter les déjections sur la façade ou au sol, puis de la retirer au départ des oiseaux. C'est ce conseil qui était prodigué en Normandie, mas aussi dans ce joli reportage de France 3 Corse de 2007 à regarder ci-dessous.

Les hirondelles en voie de disparition
2007 - 02:19 - vidéo

Sensibiliser et se réconcilier

Le salut des hirondelles passe sans doute par la sensibilisation. En 2009, alors que le Muséum national d'histoire naturelle de Paris dénonçait une nouvelle fois la baisse alarmante du nombre d'hirondelles, dans le nord, à Bruille-Saint-Amand, des ornithologues sensibilisaient la population.

En 2012, la ville de Grenoble tentait de réconcilier urbanisme et protection de la nature. Dans ce reportage diffusé dans le 20h de TF1 le 6 juin 2012, on présentait les initiatives mises en place par la mairie, notamment dans l’ancien quartier militaire où les urbanistes avaient tenu compte des hirondelles, avec l’installation de nichoirs artificiels. La création de mares naturelles mettait également à disposition des oiseaux la boue, l’herbe et même des insectes dont ils avaient besoin pour se loger et se nourrir.

La disparition des hirondelles
2012 - 01:54 - vidéo

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