En octobre et novembre 1972 s'est tenu le procès d'une jeune fille mineure, accusée d'avoir avorté après avoir subi un viol, et de quatre autre femmes, accusées de l'avoir aidée. Pour les défendre, une avocate de 45 ans, Gisèle Halimi, militante féministe, qui avait déjà dénoncé les tortures et viols commis par l'armée française en Algérie.
A l'issue du procès, la jeune mineure est relaxée. C'est un changement dans la jurisprudence traditionnelle des tribunaux français vis-à-vis de l'avortement qui donne l'espoir à Gisèle Halimi que la loi finisse par évoluer.
A la sortie du tribunal, le 22 novembre 1972, elle déclarait ainsi devant les micros et les caméras des journalistes, accourus en nombre pour un procès pressenti dès l'époque comme historique : « Ce jugement est quand même un pas irréversible pour un changement de la loi, pour deux raisons. D'abord parce qu'il a exprimé le désarroi de tous les juges devant ce problème. [...] Et c'est un pas parce que le procès lui-même, quel qu'ait été le jugement, le procès lui même a marqué un pas irréversible. Disons que le tribunal a été troublé.»
Le retentissement médiatique, sociétal et politique de ce procès révèle le changement progressif des mentalités. Le 17 janvier 1975, la loi Veil dépénalisant l'avortement était enfin promulguée, fruit du combat de la ministre de la santé Simone Veil, et d'autres militantes de la cause féministe comme Gisèle Halimi.