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Pourquoi Edith Cresson, elle aussi, n'avait pas demandé la confiance de l'Assemblée

Pourquoi Edith Cresson, elle aussi, n'avait pas demandé la confiance de l'Assemblée

La Première ministre Elizabeth Borne a délivré mercredi 6 juillet aux parlementaires sa déclaration de politique générale. Une session extraordinaire de l'Assemblée qui pour la première fois depuis 30 ans, s'est faite sans engager la responsabilité du gouvernement, en raison de l'absence de majorité absolue. La dernière fois, c'était en 1992 avec Pierre Bérégovoy. En 1991, Edith Cresson avait elle aussi dû s'y résoudre.

Par la rédaction de l'INA - Publié le 06.07.2022
 

Le 22 mai 1991, le journal télévisé de 20h sur Antenne 2 présente la session extraordinaire de l'Assemblée nationale qui vient de se tenir au palais Bourbon avec le discours de politique générale de la nouvelle Première ministre, Edith Cresson, la première femme, et la seule, jusqu'à Elizabeth Borne, à occuper ce poste. Comme son prédécesseur Michel Rocard, la nouvelle Première ministre de François Mitterrand ne dispose pas de la majorité absolue (les élections législatives de 1988 n'ayant donné au groupe socialiste qu'une majorité relative). Pour cette raison, Edith Cresson ne demande pas le vote de confiance de son gouvernement aux parlementaire, mais elle cherche à les convaincre de composer une majorité dans l'intérêt du pays. « Ma méthode sera donc celle de la concertation et du dialogue avec tous, sans préjugés. Mon action passée est là pour le démontrer, s’il en était encore besoin. Je chercherai avec vous les majorités les plus larges, sans que personne ait à renoncer à ce qu’il est », déclare t-elle aux députés à la tribune de l'Assemblée.

Son discours de politique générale, de trois quarts d'heure et truffé d'«audace» et de «volontarisme», ne convainc pas, son contenu étant jugé trop abstrait. Elle est même chahutée et moquée pour sa voix jugée trop fluette.

Après cela, les ténors de l'opposition montent à leur tour à la tribune et font entendre une voix discordante, montrant ainsi qu'ils ne souhaitent pas collaborer facilement avec le gouvernement socialiste d'Edith Cresson. Ainsi Charles Millon, de l'UDF, déclare-t-il : « Madame le Premier ministre, vous êtes le syndic de faillite du socialisme à la française. Aujourd’hui, on vous a demandé de gérer un redressement judiciaire, vous vous apercevrez vite que vous ne pouvez échapper à la liquidation du socialisme à la française. »

Le PC en opposition

Edmond Alphandery, de l'Union du Centre, demande plus de garanties de libéralisme au parti socialiste : « Vous devez clarifier votre programme de gouvernement, il y a bien des ambiguïtés. Madame le Premier ministre, les réflexes ont la vie longue, et dans l’esprit des Français vous êtes, que vous le vouliez ou non, une militante socialiste.» Quant au parti communiste, il montre par la voie du député André Lajoinie qu'il ne compte pas non plus faciliter l'adoption des lois par la majorité socialiste : « Nous combattrons résolument toute mesure allant dans le sens de l’austérité, de la précarité, de la remise en cause de notre protection sociale, de l’injustice sociale et fiscale, et de l’abandon national.»

Edith Cresson sort très affaiblie de la déroute du parti socialiste aux élections régionales de mars 1992. Très impopulaire auprès de l'opinion publique, elle est remplacée le 2 avril 1992 par Pierre Bérégovoy, qui forme un nouveau gouvernement socialiste, qui lui aussi ne peut demander la confiance de l'Assemblée lors de l'annonce de sa politique générale. Le 1er mai 1993, suite à la victoire de la droite aux élections législatives, François Mitterrand nomme Edouard Balladur Premier ministre.

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