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2003 : l'alerte du chercheur Robert Bellé sur le glyphosate

2003 : l'alerte du chercheur Robert Bellé sur le glyphosate

La Commission européenne va renouveler l'autorisation du glyphosate dans l'UE pour 10 ans. Cet herbicide est classé comme « cancérogène probable » par l'OMS depuis 2015. En 2003, le chercheur Robert Bellé était l'un des premiers à alerter sur les dangers de son utilisation.

Par la rédaction de l'INA - Publié le 21.09.2023 - Mis à jour le 16.11.2023
Le désherbant Roundup serait cancérigène - 2003 - 02:48 - vidéo
 

L'ACTU.

La Commission européenne a annoncé le 15 novembre 2023 qu'elle allait renouveler l'autorisation du glyphosate dans l'UE pour 10 ans, à la suite d'un vote des États membres qui a ouvert la voie à cette décision sur cet herbicide controversé. Pour justifier sa décision, l'exécutif européen met en avant le rapport d'un régulateur européen estimant que le niveau de risque ne justifiait pas d'interdire le glyphosate.

L'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) n'avait en effet pas identifié, dans un rapport rendu en juillet dernier, « de domaine de préoccupation critique » à propos de l'impact du glyphosate sur la santé humaine et animale et sur l'environnement.

Le glyphosate, substance active de plusieurs herbicides - dont le Roundup de Monsanto (Bayer), très largement utilisé dans le monde - avait pourtant été classé en 2015 comme un « cancérogène probable » par l'OMS et plusieurs études formulent le risque de conséquences néfastes de son utilisation sur la santé.

L'ARCHIVE.

« Polémique sur le Round-up ». En avril 2003, le chercheur français Robert Bellé alertait sur le glyphosate, cet herbicide qui compose le Round-up de la marque Monsanto. Alors chercheur CNRS à Roscoff (Finistère), lui et son équipe avaient trouvé une ressemblance inquiétante entre l'effet « de certains désherbants » sur les cellules et le mécanisme du cancer.

Monsanto s'en défendait, comme on l'entend dans l'archive en tête d’article : « En annonçant ces recherches en 2002, les chercheurs avaient évité de citer les marques, mais le principal fabricant d’herbicide Monsanto n’a pas apprécié et conteste ces résultats. » Selon les chercheurs, si le glyphosate seul parait inoffensif, « dans les produits commercialisés, le glyphosate est toujours en formulation et que c’est justement là qu’il devient dangereux. »

Robert Bellé expliquait : « Les gens qui pulvérisent eux-mêmes en général prennent les précautions d’usage, mais ils ne font pas du tout attention aux gens qui passent à côté. Et les gens qui passent à côté, eux sont nécessairement exposés. » Et de poursuivre sur sa mission de lanceur d'alerte en tant que chercheur : « Notre rôle, c’est de sensibiliser les gens dans les pays qui sont là pour ça, les décideurs, les politiques aux résultats que l’on trouve. S'il se révélait que ces produits-là soient beaucoup plus dangereux qu’on le pense, j’aurais été très content d’avoir alerté ».

En 2019, un jury américain a condamné Monsanto, détenu par Bayer, à verser deux milliards de dollars à un couple d'Américains atteints d'un cancer qu'ils attribuent au Roundup. Il s'agissait du troisième revers judiciaire pour le groupe et son désherbant.

Dans l'archive ci-dessus, Robert Bellé revenait plus de dix ans plus tard sur sur les pressions qu'il avait reçues à la sortie de son étude et regrettait qu'il eut fallu 13 ans pour atteindre la reconnaissance de l'OMS.

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