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1991 : la Moldavie indépendante, déchirée entre roumanophones et russophones 

1991 : la Moldavie indépendante, déchirée entre roumanophones et russophones 

Après une visite en Roumanie, mardi 14 juin, Emmanuel Macron s'est rendu mercredi 15 juin en Moldavie, pays aux avant-postes du conflit en Ukraine, et fragilisé par sa région sécessionniste, à majorité russophone, de Transnistrie. Nous revenons sur le moment de l'indépendance de la Moldavie, en 1991, lorsque la majorité de ses habitants souhaitait rejoindre la Roumanie, un rattachement finalement rendu impossible par une guerre civile qui éclatait dès 1992.

Par Cyrille Beyer - Publié le 16.06.2022
Moldavie - 1991 - 01:37 - vidéo
 

Après avoir rendu visite, mardi 14 juin et mercredi 15 juin au matin aux soldats français en Roumanie déployés dans le cadre du renforcement du flanc oriental de l'OTAN, le président de la République s'est rendu dans la foulée, ce mercredi 15 juin, en Moldavie, pays de 33 000 km2 coincé entre la Roumanie et l'Ukraine.

Un pays qui a subi au cours de son histoire les dures lois de la géopolitique. La Moldavie actuelle se situe peu ou prou dans les frontières de la Bessarabie, le nom donné à la partie orientale de la Moldavie médiévale (l'une des trois principautés roumanophones, avec la Valachie et la Transylvanie). En 1812, l'empire russe s'étend à l'Ouest et atteint cette région de l'Europe, alors culturellement roumanophone. L'empire des tsars annexe la Bessarabie, coupant ainsi la Moldavie historique en deux, l'ouest étant rattaché au royaume de Roumanie, officiellement proclamé en 1881.

La Bessarabie est alors en partie colonisée au XIXe siècle par des habitants russophones provenant du vaste empire tsariste. Lorsque celui-ci s'effondre, pendant la Première guerre mondiale, la population de Bessarabie proclame en 1917 son indépendance et choisit pour nom du pays qu'elle revendique celui de République démocratique moldave, pour souligner son appartenance culturelle à la Moldavie restée roumaine.

Dépeçage de l'Europe orientale

Dès 1918, dans le contexte de la guerre civile russe qui éclate à ses frontières, la toute nouvelle République démocratique moldave vote d'ailleurs son rattachement au royaume de Roumanie. Seule une petite région, à l'est de la Moldavie, la Transnistrie, échappe à ce rattachement en se déclarant en 1924 République socialiste soviétique autonome moldave. En 1940, le pacte conclu entre Staline et Hitler sur le dépeçage de l'Europe orientale entre les deux puissances totalitaires prévoit le « retour » de l'ancienne Bessarabie à l'URSS, une annexion confirmée à la fin de la Seconde guerre mondiale, avec l'instauration de la République socialiste soviétique de Moldavie, qui englobe alors la Transnistrie.

En 1991, avec la dislocation de l'URSS, la Moldavie proclame son indépendance, un événement relaté par ce sujet d'Antenne 2 du 27 août 1991, placé en tête d'article. « Distribution générale en Moldavie [du} texte général de la proclamation d’indépendance de la République libre souveraine et démocratique. Chacun a lu le sien, attentivement, avant d’aller participer ce matin à Kichinev [Chișinău] à la grande manifestation devant le parlement. 100 000 personnes rassemblées aux cris de "liberté, indépendance" mais aussi de "réunification avec la Roumanie", dont sont originaires deux tiers de la population moldave » relate le journaliste Alban Mikoczy dans son reportage depuis la capitale moldave. Avant de poursuivre : « La proclamation par le parlement moldave n’est pas une grande surprise. La république avait déjà des aspirations nationalistes depuis deux ans. Aujourd’hui, elle franchit le pas officiellement, mais cette décision ne fait pas l’unanimité. Deux minorités refusent de voir la Moldavie passer dans le giron roumain, les Gagaouze, 150 000 Chrétiens d’origine turque, et les 800 000 Russes de Transnistrie dont les parents ont été placés ici par Staline. Tous s’inquiètent de leur avenir dans cette nouvelle Moldavie indépendante. C’est l’une des questions à régler d’urgence, avant de penser à l’ouverture des frontières avec la Roumanie. »

Une analyse qui va s'avérer tragiquement exacte, moins d'un an plus tard, lorsque éclate la guerre du Dniestr, ou guerre civile moldave, entre le 2 mars et le 21 juillet 1992. Opposant les Moldaves en majorité roumanophones aux forces pro-russes de la république sécessionniste de Transnistrie, qui avait dès 1990 proclamé son indépendance de la Moldavie, ce conflit, auquel participent les forces armées russes stationnées sur le sol de la Transnistrie, se solde par le retour au statu quo. La Transnistrie demeure en droit membre à part entière de la Moldavie, mais en fait reste un territoire indépendant, largement lié aux intérêts de la Russie. Il s'y développe d'ailleurs, plus que dans beaucoup de régions de la Fédération de Russie, une forte nostalgie pour l'imaginaire de l'URSS.

Moldavie
1992 - 02:55 - vidéo

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