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«Si l'ozone ne se reforme pas, ça pourrait aller mal pour les humains»

«Si l'ozone ne se reforme pas, ça pourrait aller mal pour les humains»

L'ONU a annoncé que la couche d'ozone devrait se reconstituer d'ici une quarantaine d'années, alors que le trou qui inquiétait les scientifiques du monde entier dans les années 1980 se résorbe au fil du temps. Retour à cette époque, lorsque les premières alertes étaient lancées.

Par Romane Sauvage - Publié le 11.01.2023
 

L’ACTU.

La couche d’ozone, cette partie de l’atmosphère qui permet de nous protéger des ultraviolets, devrait être entièrement reconstituée d’ici 2066. C’est ce qu’a annoncé, mardi 10 janvier, le groupe chargé par l'ONU de l’évaluation scientifique du protocole de Montréal, cet accord qui, à la fin des années 1980, avait permis d’interdire les substances affaiblissant la couche d’ozone.

LES ARCHIVES.

« Les scientifiques ont découvert il y a cinq ans un énorme trou dans la couche d'ozone situé au-dessus de l'Antarctique », annonçait, dès août 1986, un journal télévisé de FR3 Orléans. Proposé en archive ci-dessus, le reportage ajoutait : « Le trou se forme en septembre, octobre et se rebouche en novembre. Le problème, c'est qu'il est de plus en plus profond. »

Interviewé, le chercheur du CNRS alertait sur la dangerosité d'un tel phénomène, dessin à l'appui : « Si l'ozone diminuait fortement, il y aurait plus de rayonnement ultraviolet donc on bronzerait plus. Et ça ferait plutôt des cancers de la peau par exemple, oui. » En effet, si l'ozone est polluant au niveau du sol, « à 20km au-dessus de nos têtes, il nous protège des rayons ultraviolets du soleil », précisait le commentaire. Avec une peur, donc, « que ce qui est vu en Antarctique dans des conditions particulières, ici, soit un précurseur de ce qui se passera partout ailleurs ensuite. »

Le reportage ne donnait pas encore d'explication claire à cette découverte : « pour les Américains, c'est le fréon, un gaz contenu dans des bombes à aérosols qui attaque l'ozone. Mais pour les Français, il pourrait s'agir d'un phénomène naturel lié à une activité solaire plus ou moins forte. »

Des effets sur le long terme

Quelques mois plus tard, le problème d'un trou dans la couche d'ozone atteignait les journaux télévisés nationaux, comme le montre le montage ci-dessous. « Allons-nous griller sur Terre ? », interpellait en 1987 la présentatrice Marie-France Cubadda sur La Cinq. Une partie de l'atmosphère, donc, « la couche d’ozone, qui nous protège des rayons ultraviolets, est en effet, percée », renchérissait-on sur Antenne 2.

En réalité, dès les années 1970, les scientifiques alertaient sur la dégradation de la couche d’ozone. En cause déjà, selon les connaissances de l'époque, les bombes aérosols que l’on trouvait dans le commerce. Interrogé par Antenne 2, le chef de service à l’Institut Curie Raymond Latarjet expliquait alors : « C'est un problème à très longue échéance puisque les gaz que l'on émet ont une vie très longue. C'est de l'ordre de 10 ans, 50 ans, 70 ans. Alors, ils peuvent s'accumuler et la diminution se répercuter à plusieurs dizaines d'années de distance. »

Les fréons, responsables du trou dans la couche d'ozone

Au fur et à mesure, le coupable se fit de plus en plus clair, les chlorofluorocarbures, aussi appelés fréons furent accusés. Ceux-ci étaient très populaires dans l'industrie du fait de leurs propriétés : stables, inertes, non toxiques et très peu chers à fabriquer.

Utilisés notamment dans les réfrigérateurs, leur durée de vie leur permettait néanmoins de monter dans l'atmosphère. Ils étaient alors détruits par les UV émis par le Soleil et leurs composés résultants, le chlore et le fluor, participaient à détruire la couche d'ozone. À cette époque, « 100 000 tonnes de ces gaz très légers gagnent chaque année la haute atmosphère et détruisent l'ozone. »

L'enjeu majeur fit que l'alerte fut entendue et que dès 1987, le protocole de Montréal fut signé : « ils ont décidé de stabiliser d'abord puis de réduire progressivement l'utilisation des aérosols contenant des composés de fluor et de chlore. »

Fort heureusement, car selon une étude publiée en 2022 dans la revue Nature, sans cet accord, l'utilisation de ces produits aurait contribué à augmenter de 2,5 °C la température d'ici à la fin du siècle. Une bonne nouvelle, donc.

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