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Le rejet de tritium : l'exemple français du CEA de Valduc

Le rejet de tritium : l'exemple français du CEA de Valduc

Le Japon a commencé à rejeter plusieurs milliers de tonnes d'eau de refroidissement des réacteurs nucléaires de Fukushima dans l'océan. Un projet qui a reçu l'approbation de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA). Pourtant, la population et les pays voisins se montrent inquiets, notamment vis-à-vis de la concentration en tritium, un résidu nucléaire. En France, ce type de rejet avait provoqué des inquiétudes similaires depuis les années 1990. Exemple avec le centre de Valduc du Commissariat à l'énergie atomique (CEA), en Bourgogne.

Par Romane Laignel Sauvage - Publié le 25.08.2023
Polémique sur l'eau - 1995 - 02:00 - vidéo
 

L'ACTU.

Jeudi 24 août, le Japon a commencé à rejeter dans l’océan Pacifique plusieurs milliers de tonnes d'eau de la centrale nucléaire de Fukushima. Un projet qui a reçu l'approbation de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA). Cette eau, stockée dans des milliers de réservoirs, servait à refroidir les trois cœurs fondus de la centrale après l'accident de 2011. Elle a été nettoyée, mais certains résidus ne peuvent être retirés, comme le tritium, ce qui inquiète la population et les pays voisins. Selon l'AIEA, ce « plan de rejet en mer de l’eau traitée entreposée à la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi satisfaisait aux normes de sûreté ». Ainsi, il aurait un « impact radiologique négligeable sur la population et l’environnement ».

En France, la présence de tritium dans l'eau avait déjà créé la polémique. Dans les années 1990, par exemple, les riverains du site de recherche nucléaire de Valduc, en Bourgogne, s'étaient inquiétés d'une pollution des cours d'eau et, a fortiori, de l'eau potable.

LES ARCHIVES.

« Madame, monsieur : bonsoir. Y a-t-il pollution de l'eau par le tritium en certains points de la Côte-d'Or ? La polémique a débuté avant-hier. » En mai 1995, le journal télévisé de France 3 Bourgogne Franche-Comté ouvrait sur cette information : la Commission de recherche et d'information indépendantes sur la radioactivité (CRIIRAD) avait relevé une teneur en tritium supérieure à la moyenne nationale autour de Dijon. « Cette pollution serait liée à l'activité du Commissariat à l'énergie atomique de Valduc », expliquait le commentaire de cette archive disponible en tête d'article. Ce centre participe à la construction de la bombe nucléaire française.

L'accusé répondait que ces rejets étaient mesurés et leur « impact contrôlé » de sorte qu'ils n'aient pas de conséquences sur la population. La fondatrice et directrice du CRIIRAD, Michèle Rivasi s'insurgeait : « On permet à des industriels de rejeter du tritium sans informer la population des risques qu'ils vont courir ! (…) Toute dose de radioactivité occasionne un risque, un surcroit de cancers », alertait-elle. Un problème sérieux concluait la journaliste.

Des études contradictoires

Quelques mois plus tard, la situation en Côte-d'Or était mentionnée dans l'édition nationale du 20 heures de TF1, alors que de nouvelles analyses de la CRIIRAD confirmait le problème. Dans l'archive ci-dessous, Michèle Rivasi insistait : « Plus on va consommer d'eau contaminée plus, on va augmenter le risque de cancers, de leucémies. Donc, il faut une mobilisation à la fois de la population et des élus pour exiger une diminution des rejets de Valduc ! » Alain Gourod du Centre de Valduc insistait également : « Sur un an, c'est l'équivalent du millième de la radioactivité naturelle qui n'est déjà pas très élevée dans la région. Donc, on peut considérer que c'est quelque chose de très négligeable. »

Pollution au tritium à Valduc
1996 - 01:46 - vidéo

« Il n'y a pas plus de cancers autour du CEA de Valduc que partout ailleurs », concluait finalement, en 2000, une étude épidémiologique de l'Institut Gustave-Roussy et mentionnée dans l'archive suivante d'un JT de France Bourgogne. Néanmoins, la CRIIRAD se montrait « prudente sur l'étude rendue publique aujourd’hui ». Le docteur Alain Houppert, conseiller général, ajoutait : « Une étude épidémiologique est effectuée sur la mortalité dans la région, et beaucoup de cas de mortalité ne sont pas répertoriés parce que la cause est différente, comme un accident, une maladie cardiovasculaire ». Et de conclure : « Il faudrait faire une étude sur la morbidité, ça serait beaucoup plus long et coûteux. En tout cas, je suis très heureux que cette étude confirme (...) qu'il n'y a pas de prévalence vis-à-vis des maladies. »

Le centre de Valduc et les cancers
2000 - 03:03 - vidéo

Près de 20 ans plus tard, le site de Valduc faisait toujours l'objet d'interrogations quant à ses rejets. Ainsi, en juillet 2019, l’Association pour le contrôle de la radioactivité dans l’Ouest (Acro) publiait une carte mentionnant la présence de tritium dans l'eau potable de près de 268 communes françaises, dont sept entourant le CEA de Valduc. Les taux respectaient cependant toujours les normes sanitaires. Des seuils autorisés que la CRIIRAD voudrait par ailleurs faire abaisser, quand l'Acro demande, elle, une plus grande fréquence des contrôles de la présence de tritium.

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