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Les questions qui se posent quand il y a une grève dans une centrale nucléaire

Les questions qui se posent quand il y a une grève dans une centrale nucléaire

Le travail a repris dans les centrales nucléaires après l'accord trouvé avec la direction d'EDF pour des augmentations de salaires. La grève avait commencé le 13 septembre. Au plus haut, le 18 octobre, 11 centrales nucléaires étaient touchées. Comme à chaque mouvement dans le secteur, la question de la responsabilité des grévistes face aux coupures de courant, et donc de leur droit de grève, est en jeu.  

Par la rédaction de l'INA - Publié le 19.10.2022
 

L'ACTU.

Moins médiatisé que les mouvements dans les raffineries, une grève pour les salaires a eu lieu en septembre et en octobre dans plusieurs centrales nucléaires françaises. Jusqu'à 12 des 18 sites de production français ont été touchés et 17 réacteurs ont été à l'arrêt. Le Réseau de transport d'électricité (RTE) avait fait savoir que la « prolongation du mouvement social » aurait des « conséquences lourdes » sur l'approvisionnement en électricité cet hiver. Et ce, notamment parce que ces mouvements sociaux ont conduit à des retards dans la maintenance de réacteurs. Un accord a finalement été trouvé.

L'ARCHIVE.

Dans cette archive de 1980, une grève avait lieu dans les centrales nucléaires françaises en marge de débats parlementaires sur la sûreté nucléaire. « Cela faisait longtemps que l’on n'avait pas assisté à d'aussi forts délestages pour les consommateurs et d’aussi fortes polémiques. Les coupures de courant enregistrées ce matin et cet après-midi ont été en effet les plus importantes intervenues ces dix dernières années et le débat qui a suivi n’est pas près de se refermer » détaillait le présentateur. Les grévistes furent alors accusés par le ministère de la Santé d'avoir provoqué des coupures dans plusieurs hôpitaux. Les grévistes rétorquèrent que c'était le fait de la direction d'EDF. Ceux-ci répondirent au contraire que c'était « la faute des manœuvres intempestives de certains grévistes. »

Car faire grève dans une centrale nucléaire n'a pas les mêmes enjeux qu'ailleurs. Le Premier ministre de l'époque, Raymond Barre dénonçait « des actes graves pour la sécurité des personnes » et un dévoiement par les syndicats des « services publics dont ils ont la charge par la volonté de la nation ». À l'annonce de possibles sanctions, les syndicats répliquaient, toujours selon l'archive, que « Raymond Barre prendra la responsabilité de l'aggravation de ce conflit ».

Un arrêt beaucoup plus long que la grève elle-même

Le point de départ de ce conflit était, selon l'archive, la question de la sécurité dans les centrales nucléaires. Le journaliste expliquait : « Un réacteur nucléaire est moins souple (...), en cas d’arrêt, sa remise en route demande plusieurs jours et impose la vérification de tout un tas de systèmes pour être sûrs que tout est normal. » Il désamorçait les risques encourus en cas de mouvement social prolongé : « EDF redoute aussi que des grèves à répétition n’endommagent les installations. On ne risque rien, en fait, puisque des sécurités sont là pour éviter presque toutes les catastrophes. » L'enjeu, nous expliquait-on à l'instar de RTE aujourd'hui, sont les délais : « on sait aussi qu’un arrêt de centrale pour fait de grève entraînera un arrêt de production d’électricité beaucoup plus long que la grève elle-même. »

Ce qui faisait résumer Gérard Tiersen, représentant CFDT chez EDF : « l’aspect sécurité n’est qu’un alibi, un prétexte. En fait, ce qui est visé par là est le droit de grève des agents travaillant aujourd’hui dans le nucléaire, mais demain de l’ensemble des gaziers-électriciens, voire des services publics et de l’ensemble des travailleurs. »

Depuis les grandes grèves de l'hiver 1987, où avaient été opérées de nombreuses coupures de courant, des notes internes dites Bénat et Daurès prévoient la continuité du service public et garantissent la sécurité des installations. C'est ainsi que les agents assurent les tâches qui sont nécessaires au maintien de la sécurité des installations et du fonctionnement du système électrique. Comme en 1994, où une grève avait eu lieu à la centrale du Bugey dans l'Ain. « Rien de spectaculaire dans leur mouvement, ils sont à leur poste, mais le malaise est réel », disait l'archive ci-dessous.

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