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Yves Lévy, précurseur de la recherche d'un vaccin contre le sida

Yves Lévy, précurseur de la recherche d'un vaccin contre le sida

Trouver un vaccin pour guérir du sida est une quête entreprise par de nombreux chercheurs depuis l’apparition de la maladie au début des années 80. En France, le professeur Yves Lévy est l'un de ceux-là, engagé dans cette recherche depuis 2003. Aujourd'hui, il déclare son espoir de voir l’avènement prochain d'un vaccin. 

Par la rédaction de l'INA - Publié le 01.12.2022
 

L'ACTU.

Mardi 29 novembre, Yves Lévy, professeur d’immunologie et directeur de l’Institut de recherche vaccinale, a fait le point dans les colonnes de notre confrère du Parisien sur l'état des recherches menées avec son équipe pour mettre au point un vaccin préventif au VIH. Leur candidat va entrer en phase 3, a-t-il annoncé. Une bonne nouvelle puisque le vaccin est bien toléré et « induit une réponse immunitaire intéressante », a-t-il déclaré, avant d'assurer qu'une « étape cruciale » venait d'être franchie et que sous peu les tests pourraient être élargis à des populations à risques (travailleurs du sexe, homosexuels, femmes africaines). Le vaccin deviendra peut-être bientôt une réalité, concrétisant le rêve que le chercheur traque inlassablement depuis plus de 20 ans, comme le montre les archives présentées dans cet article.

LES ARCHIVES.

Dans la première vidéo en tête d'article, datée de février 2003, le journal de 20 heures de France 2 présentait les premiers tests réalisés par le professeur Lévy et son équipe. Les Français venaient de lancer les premiers essais sur l’homme. Un espoir pour les malades qui aspiraient à une pause dans la prise de leur trithérapie qui provoquait de nombreux effets secondaires indésirables. Le professeur Lévy du CHU Henri Mondor (Créteil) annonçait avoir mis au point deux vaccins qui stimulaient le système immunitaire des malades. « Pour que le système immunitaire soit un bon antiviral, il faut lui réapprendre à reconnaître le virus, à le renforcer contre le virus et à lui apprendre à être prêt si jamais le virus réapparaît », expliquait le spécialiste.

Les deux vaccins combinés avaient été injectés simultanément, à quatre reprises, chez 33 patients séropositifs. L’un des patients, qui avait pu temporairement se passer de trithérapie durant huit mois, décrivait le bénéfice obtenu, notamment celui d’oublier les « 14 pilules à avaler dans la journée ».

Premiers résultats encourageants

Trois mois plus tard, Yves Lévy faisait le point sur les essais qui s'avéraient encourageants puisqu'un patient séropositif avait pu arrêter pendant cinq mois son traitement de trithérapies. Ses défenses immunitaires avaient été multipliées par 8 : « on retrouve une vie presque normale » déclarait l’intéressé. Pour le professeur Lévy, c’était un résultat encourageant, mais il restait à confirmer à « plus long terme, sur plus de personnes ». À l’époque, les premiers vaccins n’étaient pas attendus avant cinq ans.

L’année suivante, en 2004, le premier prototype d'un vaccin thérapeutique visant à retarder ou à stopper l'infection par le VIH chez des sujets contaminés semblait prometteur. Il ne s'agissait pas d'empêcher l'infection, mais de diminuer la charge virale. Le professeur Lévy restait néanmoins prudent : « Ces résultats sont très préliminaires. Ils sont encore du domaine de la recherche, et comme le disent les auteurs eux-mêmes, ces résultats doivent être confirmés à plus large échelle, chez plus de patients, et avec une méthodologie différente ». Il insistait sur l'importance du protocole : « Il faudrait déjà voir ce qui se passe quand on suit des sujets qui ne reçoivent pas le vaccin, tout seul, si on peut aussi observer cette diminution du virus, et donc comparer avec ceux qui ont reçu le vaccin. C'est les règles habituelles des essais thérapeutiques. »

Échec et ténacité

En 2008, 33 millions de personnes étaient touchées dans le monde. En France, 150 000 personnes portaient le virus. Depuis 25 ans, les experts de la communauté internationale cherchaient toujours un vaccin. La Journée internationale du sida était l’occasion d’appeler aux dons, mais aussi de présenter les avancées scientifiques prometteuses. Parmi elles, le vaccin, qui serait un jour capable d’endiguer la maladie et que l'on testait désormais sur des volontaires sains.

Le reportage diffusé dans le journal de 20 heures de France 2 présentait d’abord le portrait d’un Grenoblois qui participait aux recherches sur le vaccin à l’hôpital Cochin. Sa motivation : faire avancer la recherche, avec le rêve que ses enfants « soient protégés un jour contre ça (…) ». Comme ce bénévole, 70 volontaires français participaient aux essais préliminaires. L'un d'eux reconnaissant qu’il fallait une certaine dose de confiance en la science pour se lancer dans cette aventure humaine et scientifique et pour se faire injecter « quelque chose qui n’est pas le sida, mais qui y ressemble ». Une confiance précieuse, car la recherche était au point mort après l'échec de plusieurs projets. Pas de quoi décourager les chercheurs français, à l’instar d’Yves Lévy. Le pivot du programme vaccin de l’Association Nationale de Recherche sur le Sida (ANRS) se voulait confiant. À ses yeux, arrêter les recherches sur le vaccin à ce stade aurait signifié laisser tomber l’Afrique et l’Asie et tous les pays où les infections augmentaient. Continuer à chercher devenait « une obligation éthique et scientifique, il l'assurait, il n’y avait pas de raison « de baisser les bras devant un échec ».

Vers un vaccin contre le Sida
2008 - 02:43 - vidéo

Dans l'article du Parisien, Yves Lévy a expliqué qu'aujourd'hui leurs recherches se concentraient sur un « élément clé » : le ciblage des « cellules dendritiques », celles qui « envoient les ordres au système immunitaire » en cas d’injection d’un vaccin. Plusieurs inconnues l'empêchent encore de crier victoire, mais comme au début de sa quête, Yves Lévy a rappelé que trouver un vaccin était « un vrai défi ». Une vingtaine d’autres essais sont toujours en cours dans le monde.

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