« Il a été le juge des grandes affaires financières qui ont secoué la République ». Renaud Van Ruymbeke, juge anticorruption à la retraite depuis 2019, est mort vendredi 10 mai à l'âge de 71 ans. Il avait instruit certaines des affaires politico-financières les plus sensibles de ces dernières décennies. En 2021, il publiait Mémoires d'un juge trop indépendant aux éditions Tallandier. À cette occasion, France 2 l'avait rencontré.
Dans cette archive en tête d'article, Renaud Van Ruymbeke racontait sa carrière de magistrat. De l'affaire Robert Boulin, ce ministre en exercice retrouvé mort en 1979, à la fraude à la taxe carbone en passant par Elf, Kerviel et Cahuzac, il était décrit comme un juge d'instruction obstiné « contre la corruption et les scandales d'État ». En 1992, dans le cadre de l'affaire Urba, il conduisait une perquisition contre le siège du Parti socialiste. Une décision qui avait renforcé sa réputation, puisque comme il l'expliquait à France 2, « jamais aucun juge, à ma connaissance du moins, n'avait osé perquisitionner un parti politique, de surcroît un parti politique au pouvoir ».
Dans les années 1990, il travaillait sur de gros dossiers politico-financiers et se heurtait « au mur du secret et à une institution judiciaire trop dépendante à son goût du pouvoir politique. » Son père, ancien résistant, disait-il, l'avait prévenu de cette « culture de soumission » : « Il avait raison la magistrature elle n'était pas glorieuse à cette époque-là ».
Des juges européens alertent contre la fraude fiscale et le blanchiment d'argent
1999 - 00:00 - vidéo
En 1996, comme le racontait cet extrait d'«Envoyé spécial», Renaud Van Ruymbeke alertait, avec d'autres magistrats européens, sur l'ampleur de la fraude fiscale sur le continent. Ensemble, ils disaient leur impuissance.