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2014 : la Crimée organise un référendum pour intégrer la Russie

2014 : la Crimée organise un référendum pour intégrer la Russie

Vladimir Poutine a annoncé l'annexion à la Russie de quatre régions ukrainiennes, Zaporijjia, Lougansk, Kherson et Donetsk, en Ukraine, à l'issue de la victoire du «oui» lors de «référendums». Ces consultations ne sont pas sans rappeler ce qui s'est passé en Crimée en mars 2014. Soutenu et validé par le maître du Kremlin, ce référendum avait abouti au rattachement de cette région à majorité russophone à la fédération de Russie.

Par Florence Dartois - Publié le 21.09.2022 - Mis à jour le 03.10.2022
 

L'ACTU - Les autorités prorusses des régions de Zaporijjia, Lougansk, Kherson et Donetsk, en Ukraine, ont annoncé mardi 27 septembre la victoire du «oui», lors des «référendums» d'annexion. La commission électorale de Zaporijjia a affirmé que 93,11% des électeurs avaient voté pour le rattachement à la Russie, après le dépouillement de 100% des bulletins de vote. A Kherson, les autorités ont annoncé 87,05% de «oui», à Lougansk 98,42%, et à Donetsk 99,23%. Ce quatre régions ont ensuite été annexées à la Russie lors d'un discours de Vladimir Poutine.

LES ARCHIVES - Cette situation n'est pas sans rappeler celle qui conduisit la Crimée à retourner dans le giron russe en 2014. Cette année-là, fin février, après la destitution du président ukrainien Viktor Ianoukovytch par le mouvement « Euromaïdan », de vives tensions avaient éclaté entre la frange de la population pro-russe de Crimée et les nouvelles autorités ukrainiennes. Le contexte s'était tendu le 6 mars 2014, lorsque le Parlement local avait annoncé la tenue d'un référendum d'autodétermination. Dans cette région, tous ceux qui défendaient encore l’unité de l’Ukraine s’inquiétaient. C'est ce qui apparaît dans la vidéo présentée en tête d'article et diffusée dans le 19-20 de France 3, la veille du référendum, le 15 mars 2014.

Le diable Poutine

Luc Lagun-Bouchet, le correspondant sur place, s'était rendu auprès d’opposants au rattachement de la Crimée à la Russie. En cette veille de vote, une centaine de personnes s’était regroupée pour chanter l’hymne ukrainien dans un parc de la capitale Simféropol, une ville de 350 000 habitants. Ces opposants bravant « leur peur » pour s’afficher publiquement, n'avaient cependant aucune illusion sur le résultat du référendum. Une jeune femme recouverte d’une couronne de fleurs bleues et jaunes, les couleurs du drapeau ukrainien, annonçait que comme beaucoup de ses amis elle s’apprêtait à quitter la région. Une femme plus âgée, déclarait avec amertume : « nous avons chassé un diable, Ianoukovytch mais un autre diable arrive en Crimée et il s’appelle Poutine. ».

La suite du reportage posait la question de l'avenir des minorités, notamment celle des Tatars de confession musulmane. Représentant 12% de la population, ils étaient favorables au maintien de la Crimée dans l’Ukraine et prônait le boycott. A ATR, la télévision tatar, on appréhendait ce référendum. Elle était alors la seule chaîne non pro-russe encore autorisée à émettre. La tension était à son comble en salle de rédaction. La rédactrice en chef avouant leur peur de perdre leur travail mais surtout de perdre la vie.

Rattachement immédiat

Le lendemain, le 16 mars 2014, le JT de 20h00 dressait le bilan du vote, qui sans surprise avait plébiscité le rattachement à la Russie. A la fermeture des urnes, Arnaud Comte, l’envoyé spécial à Simféropo,l parlait déjà de 93% de « oui ». Des images en direct montraient des scènes de liesse, « difficile de ne pas reconnaître que désormais la Crimée fait allégeance à Moscou » ajoutait-il. Suivait un résumé en images des temps forts de la journée « où tout semblait joué d’avance ».

Dans la foulée, le 12-13 de France 3 de Samuel Etienne faisait le point sur ce référendum jugé illégal par l’Union européenne et les Etats-Unis, mais qui avait été célébré dans la liesse sur la place Lénine à Simféropol jusque tard dans la nuit. Les personnes interrogées quittaient l’Ukraine sans regret. Même joie dans le port de Sébastopol où la flotte allait être rattachée à celle de la Russie et où le portrait de Vladimir Poutine trônait en bonne place. L’était d’esprit de cette soirée était résumée par un jeune pro-russe : « les gens sont heureux, la Crimée était russe et redevient russe ». Ce matin-là, le parlement avait rapidement ratifié son rattachement à la Russie avant de nationaliser les biens de l'Etat ukrainien et d’adopter le rouble comme monnaie officielle.

Dès le 18 mars, malgré les sanctions votées par l’Europe et les Etats-Unis, Moscou signait l’accord validant le rattachement officiel de la Crimée à la Russie. A midi précise Vladimir Poutine paraphait le décret. Plus tard, il allait déclarer : « Dans le cœur et la conscience des gens, la Crimée était et reste une partie intégrante de la Russie. Cette conviction fondée sur la réalité et la justice était ferme et a été transmise de génération en génération. »

A Simféropol, les autorités avaient déjà débaptisé le Parlement et installé sur sa façade le nouveau blason de la Crimée. Pendant ce temps à l’Ouest, Joe Biden qui était alors le vice-président de Barack Obama, prenait position évoquant une « confiscation de territoire. » La France, elle, envisageait de suspendre la vente à Moscou de deux navires porte-hélicoptère déjà baptisés Vladivostok et Sébastopol. Quant au gouvernement ukrainien, il entrait dans une phase militaire, des troupes étant envoyées près de la frontière avec la Crimée.

La situation de la Crimée avant le référendum

A l’époque, cette région bénéficiait d’un statut particulier. Cette province située dans l'extrême sud de l'Ukraine hébergeait la base de la marine russe, précisément à Sébastopol. La Crimée, avec ses 2 millions d'habitants, possédait en outre une histoire compliquée. Au fil des siècles, elle avait appartenu à différents pays et notamment à l'Union soviétique jusqu'en 1954 lorsque Nikita Khrouchtchev l’avait rattachée à l'Ukraine.

Le 28 février 2014, la tension s’était accrue avec la prise de contrôle de bâtiments officiels et de deux aéroports par des miliciens russes. Les habitants russophones de Crimée soutenant cette présence militaire.

Le 6 mars 2014, des députés du parlement local de Crimée décidaient d'organiser un référendum d’autodétermination. Référendum dont la validité allait être rapidement contestée par la communauté internationale.

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