L'ACTU.
L'industrie de la pétrochimie est partout. Emballages, contenants, vêtements, matériaux de construction, outils, véhicules... Le développement de l'usage du plastique a transformé nos sociétés, mais faute de recyclage, ce matériau pollue les écosystèmes et est devenu une menace.
Sa production devrait encore tripler d'ici à 2060, ce qui pousse les Nations à chercher des solutions. Du 29 mai au 2 juin se déroule au siège de l'Unesco à Paris une grande réflexion qui devrait aboutir à la signature d'un traité international contre la pollution du plastique.
Le plastique a d'abord été considéré comme un progrès et une source d'emplois. En France, le bassin minier a été l'un des premiers secteurs à développer la pétrochimie en prévision de la baisse de la production du charbon. Notamment dans la région de Béthune. La fabrication de polymères devient alors l'un des éléments de la politique de soutien à l'emploi sur le bassin houiller.
L'ARCHIVE.
L'archive en tête d'article est un reportage diffusé dans le « Magazine des mineurs » en juin 1970. Pourquoi un reportage sur le plastique dans un magazine aussi spécialisé ? Tout simplement parce qu'à l'époque, la récession et la concurrence étrangère menaçant le secteur, l'industrie minière songeait à sa reconversion en se lançant dans la chimie plastique.
En parallèle de l'activité minière déclinante, les départements du Nord développaient de « vastes entreprises industrielles » qui fleurissaient à proximité des villes. Les champs se couvraient de hangars immenses, de cheminées expulsant des fumées noires. Les énormes silhouettes métalliques des silos remplaçaient les terrils. Le calme des campagnes ne résonnait plus du meuglement des vaches, mais du va-et-vient des camions de livraison.
Des mines à la pétrochimie
Installée sur un ancien carreau de mine à Noeux-les-Mines dans le Pas-de-Calais - on y lavait autrefois le charbon - l'entreprise SICOPAL, une filiale des Houillères, avait noué des « liens étranges entre charbon et pots à yaourt ». Dans ses deux sous-filiales, SODRAL et SIDRAL, on traitait les thermoplastiques et le stratifié. Le rapport entre les deux secteurs venait de la matière première des pots de yaourt, le plastique, qui était fabriqué dans les usines pétrochimiques des Houillères.
Pour le reportage, l'usine avait ouvert ses portes et les caméras capturaient d'incroyables images des chaînes de production en pleine effervescence. Les tableaux de bord pilotant les chaînes de conditionnement n'avaient rien à envier à n'importe quelle industrie de pointe, il était question ici de « carbochimie ». L'usine était florissante et sa superficie doublait tous les 18 mois, preuve de l'importance de la demande.
Le reportage montrait le détail du travail des ouvriers et ouvrières dispersés au milieu d'un circuit complexe de machines ultra-modernes. Elles recrachaient plus de « 16 millions de pots à yaourt par mois », avec une cadence régulière. C'était l'essentiel de la production de SODRAL, le reste des contenants (bouteilles, vaisselle en plastique, bols à l'effigie de Nounours etc.) représentant 4 millions de pièces par mois. SIDRAL, quant à elle, ne produisait que des citernes de 3000 litres essentiellement destinées à l'agriculture. Elles servaient de contenant pour les engrais chimiques.
Le directeur expliquait qu'en 1965, ils avaient débuté avec 13 personnes, « aujourd'hui il dépasse 300 », précisait-il. Au départ, il n'y avait que des mineurs, mais en 1970, ils ne représentaient plus que le tiers de l'effectif. L'industrie plastique restait l'axe essentiel de leur reconversion.
SICOPAL n'appartient plus aux charbonnages, elle a été racheté en 1981 par le groupe Jockey France. Son activité se poursuit.
