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Le problème du plastique sur l'île de Sein

Le problème du plastique sur l'île de Sein

Comment se débarrasser du plastique, ce matériau conçu pour être non dégradable par l'industrie pétrochimique ? C'est une question que se posaient déjà les habitants de l'île de Sein en 1973. La réponse des industriels était plus qu'étonnante.

Par Florence Dartois - Publié le 29.05.2023
Problème du plastique à l'île de Sein - 1973 - 06:31 - vidéo
 

LA QUESTION.

Que faire du plastique ? Comment gérer les déchets ? Cette problématique est apparue en même temps que ce matériau ultra-résistant. Dès les années 1970, la longévité des matières plastiques était mise en accusation et causait de la pollution.

L'ARCHIVE.

L'archive en tête d'article est un extrait de l'émission « La France défigurée » consacrée au péril du plastique et diffusée le 22 avril 1973 à la télévision. Un magazine très avant-gardiste qui résonne avec force aujourd'hui. Le magazine partait du constat que la production du plastique était immense et exponentielle, tout en menaçant l'équilibre de la planète.

À une époque où le recyclage était rarissime et essentiellement réservé aux industries, la population, très friande de progrès, s'était habituée en quelques années aux avantages que lui procurait les emballages et contenants plastifiés. Terminé les bouteilles consignées, les aliments contaminés, les objets fragiles, car le plastique simplifiait indiscutablement la vie quotidienne. Mais dans certaines régions, ce confort avait un prix à payer, celui de la pollution. Un casse-tête de plus en plus compliqué à résoudre.

Le reportage illustrait cette contradiction, avec l'exemple de l'usage du plastique sur l'île de Sein, une île située à une dizaine de kilomètres de la pointe du Raz et qui s'étend sur près de 2 kilomètres.

Le reportage aurait pu être bucolique, avec son phare, son petit port de pêcheurs, quelques plages, les mouettes, mais ce que montraient les images, c'était déjà un immense désastre écologique. La population qui vivait en vase clos devait impérativement traiter ses déchets sur place, mais ne parvenait pas à s’en débarrasser.

Autrefois, on livrait l'eau, l'huile ou le lait en bouteille de verre qu'on ramenait sur le continent. À présent, le plastique contenant le vin ou l'eau restait sur place, au grand dam d'un habitant interrogé, sans doute le maire, nostalgique du verre si vertueux. Il déplorait que depuis l'avènement du plastique, la côte soit jonchée de déchets. De longs plans montraient l'envergure des dégâts. La pollution était d'abord visuelle, des centaines de bouteilles, de sacs et autres déchets flottants à perte de vue.

L'île était victime des déchets de la population, mais également de ceux apportés par la mer, au gré des marées, « tous les plastiques, les pots, boîtes de conserves flottant au gré des flots nous arrivent sur la côte ». L'homme interrogé déplorait que le plastique ne se désintègre pas, ni dans l'eau ni à l'air, parfois on le brûlait, créant une pollution supplémentaire. Une situation inextricable.

Une résistance célébrée

Ces images montrées à des industriels du plastique ne semblaient pas les émouvoir. Loin de proposer une solution au problème, les hommes montraient une certaine mauvaise foi, arguant que si le plastique n'était pas biodégradable, c'était une volonté et une fierté : « Nous avons mis du temps à trouver un matériau qui ne se dégrade pas », un matériau qui soit à la fois « protecteur, résistant, léger ». L'un d'eux relevait, avec un ton ironique, que la matière plastique « apportait au consommateur un service de plus en plus moderne pour lui permettre de protéger les aliments » et que ce n'était « pas un défaut d’être résistant », il ajoutait « nous considérons que c’est une qualité ».

Une qualité problématique, car le plastique produit a une faible durée de vie. Sans vraiment se dégrader, il devient un déchet complexe à gérer après quelques utilisations. Aujourd'hui, 22% du plastique est toujours jeté dans des décharges sauvages ou incinéré en plein air. Seuls 9% des déchets plastiques sont aujourd'hui recyclés.

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