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«Êtes-vous bon en orthographe ?» : les réponses des élèves en 1987

«Êtes-vous bon en orthographe ?» : les réponses des élèves en 1987

Selon une étude du ministère de l'Éducation, le niveau en orthographe des CM2 a baissé. Ils ont été testés sur une dictée identique depuis 1987. Mais leurs parents étaient-ils vraiment meilleurs qu’eux en orthographe ?

Par Florence Dartois - Publié le 07.12.2022 - Mis à jour le 05.01.2023
Les élèves face à l'orthographe - 1987 - 06:03 - vidéo
 

L'ACTU.

Les performances en orthographe des élèves de fin d'école élémentaire n'ont cessé de chuter, selon une étude menée depuis 1987 par le ministère de l'Education : le nombre moyen d'erreurs pour la même dictée est passé en 34 ans de 10,7 erreurs à 19,4 en 2021. Un texte court de 70 mots a été proposé régulièrement dans les classes depuis 1987.

Parmi les principales difficultés rencontrées, les règles de grammaire représentent l’essentiel des fautes comme les accords dans le groupe nominal ou les accords du participe passé. Par exemple, les enfants entre 10 et 11 ans se révèlent incapables d’accorder le verbe avec le sujet. Cette baisse des résultats concerne l'ensemble des élèves, même si les filles restent meilleures. Là où les garçons réalisent 21 erreurs, elles n'en font que 17. La tendance inquiète, mais la maîtrise de l'orthographe n'était déjà pas la tasse de thé des élèves des années 1980, comme le montre l'archive en tête d'article.

L'ARCHIVE.

Quelle était la relation des enfants de 1987 à l’orthographe ? Étaient-ils vraiment meilleurs que leurs enfants aujourd’hui ? L’archive en tête d’article tend à montrer que les choses n’étaient pas si simples. Ce reportage de France Régions 3 Lille diffusé le 17 octobre 1987 constatait déjà que l'orthographe n'était plus ce qu'elle était. Quant à la dictée, il y avait ceux que cet exercice fastidieux laissait indifférent face aux puristes amoureux de la rigueur et du sans faute. Et des jeunes qui vivaient mal cette forme d'échec.

Le reportage, alternant interviews d’écoliers et analyses de professeurs, décrivait bien la pression exercée par l'orthographe : « L’orthographe, c'est un problème pour toi ? », « Vous étiez obligée de me poser cette question ? » se défendait un jeune collégien, visiblement gêné, devant sa classe hilare. Il était bien question de malaise, que certains assumaient : « je suis nul », « c’est l’enfer », « je sais que c’est important, mais je n’arrive pas à me concentrer », « des fois j’essaye, mais je n’y arrive pas ». C'était surtout le découragement qui pointait dans leurs réponses désabusées.

Interrogé plus tard, Didier Poulain, enseignant, reconnaissait une sorte de sacralisation de la dictée, la qualifiant même de « grand-messe du français ». Il constatait d'ailleurs la volonté des élèves de prendre l'exercice avec sérieux et de se concentrer. Un gamin confiait même s’être entraîné avec la dictée de Bernard Pivot enregistrée « sur le magnétoscope », dans laquelle il avait fait « 17 fautes ». Plus que ses parents.

Certains, se vantaient d’être bons en orthographe, une prouesse qui déclenchait invariablement les rires de leurs camarades peut-être un peu jaloux : « Je n’ai jamais eu de difficultés », « moi j’écris bien, c’est parfait » ; « je n’ai jamais eu de difficultés en orthographe », « quand on lit une copie où il y plein de fautes d’orthographe ce n’est pas agréable à lire… je trouve ça abominable » !

Baisse de niveau ?

Il y avait donc les bons et les mauvais en orthographe. Didier Poulain relativisait, soulignant que les jeunes s’illusionnaient beaucoup sur le niveau en orthographe des générations précédentes : « je crois que certains maîtrisaient parfaitement l’orthographe, mais qu’il y avait une part importante qui arrêtait sa scolarité relativement tôt, et qui, elle, connaissait de réels problèmes d’orthographe ».

Les écoliers et les collégiens n'étaient pas les seuls à batailler avec l'orthographe. D’ailleurs, André Mouche, directeur de l’École supérieure de journalisme, soulignait que les problèmes orthographiques touchaient même ses étudiants : « ils sont tellement importants et préoccupants que depuis maintenant 4 ou 5 ans, nous avons inscrit comme première épreuve de sélection au concours d’entrée à l’école une dictée et des questions de grammaire. »

Tout en reconnaissant « la complexité de la langue française », il insistait sur le fait que la maîtrise de la langue était également « une longue patience, un investissement ». Et regrettait que l’on ait répandu l’idée que « l’on pouvait apprendre la langue sans peine, sans larme ou sans effort ».

Des fautes se cachent parfois dans les manuels des élèves. Exemple en 2015.

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