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Michel Debré, le député qui réclamait trois enfants par femme

Michel Debré, le député qui réclamait trois enfants par femme

La natalité française est en baisse : l’Insee a annoncé un taux de fécondité historiquement bas à 1,68 enfant par femme. À droite et à l'extrême droite, tout comme le chef de l’État dans sa conférence de presse, on appelle à relancer une politique nataliste, une idée qui n’est pas neuve. Dans les années 70, le député Michel Debré réclamait 3 enfants par femme !

Par la rédaction de l'INA - Publié le 18.01.2024
 

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« Au rythme actuel de la baisse de la natalité, la génération qui monte sera moins nombreuse que la génération qui s’en va ». Grande première depuis la Seconde Guerre mondiale : en 1975, le taux de fécondité français passe sous le seuil de renouvellement des générations : fini le baby boom ! La politique nataliste trouve alors son champion : Michel Debré. Le député gaulliste, ancien Premier ministre, s’est opposé à la loi Veil pour le droit à l’avortement et déploie toute son énergie sur natalité. Pour lui, c’est « l’avenir de la France » qui est en jeu. C'est ce qu'il déclare avec un ton volontairement dramatique en septembre 1975 : « La France va-t-elle de nouveau connaître une période où le nombre des cercueils sera chaque année supérieur à celui des berceaux ? (...) C’est notre avenir qui est en jeu (...) C’est pourquoi il est important qu’augmente le nombre des foyers d’au moins 3 enfants ! »

Le député réclame 3 enfants par femme, alors que le taux de fécondité en 1975 est d’1,93. Et Michel Debré insiste en brandissant le risque de « dénatalité » à l’Assemblée. Mais face à Michel Debré, il y a des Françaises et des Français qui ne l’entendent pas de cette oreille. Les micro-trottoirs réalisés à l'époque sont édifiants : « Avoir trois enfants, c’est une charge, les élever c’est un problème ça prend du temps, de l’argent, ce n'est pas monsieur Debré qui les élèvera ! »

Une position contestée

Un positionnement rapidement contesté, au cœur de l’État même. L’année suivante, le président Giscard d’Estaing le rappelle, les aides financières ne suffisent pas à relancer la natalité : l’enfant doit être désiré. En juin 1980, dans le 20 heures de TF1, son discours est plus modéré : « L’État qui aborderait ce domaine avec des vues purement économiques ou avec des moyens purement économiques et qui voudrait en quelque sorte “acheter” le troisième enfant, blesserait sans doute profondément la conscience des parents. »

La politique culpabilisante à l'égard des femmes défendue par Michel Debré sera vivement critiquée, notamment par Élisabeth Badinter en octobre 1989, dans un JT de FR3 Toulouse : « Il y a une politique traditionnelle nataliste qui a toujours échoué. Je pense, par exemple, au discours de Michel Debré, appelant les femmes à faire leur devoir, à être mère, rappelant leur nature, rappelant qu’elles sont responsables et que si elles ne le font pas, elles sont coupables ! »

Un discours nataliste synonyme d’échec, qui revient pourtant dans le débat. Rappelons que le taux de fécondité en France, bien qu’historiquement bas, reste le plus fort d’Europe.

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