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«Les profs nous conseillent de lire "Le Monde", jamais "Libé"»

«Les profs nous conseillent de lire "Le Monde", jamais "Libé"»

Le journal co-fondé par Jean-Paul Sartre et Serge July fête son 50e anniversaire. L'occasion de le redécouvrir à travers quelques paroles de jeunes en 1994 - une cible pour un journal - ou les mots de son ancien directeur.

Par Julien Boudisseau - Publié le 17.04.2023
Libération - 1994 - 02:51 - vidéo
 

L'ACTU.

Lancé le 18 avril 1973, le journal Libération - Libé comme on dit - a 50 ans. Le premier numéro était un quatre pages vendu à la criée. «La France bouge, libérons la presse» annonçait sa une. Détenu alors par ses salariés, financé par des dons et des souscriptions, Libé était une coopérative, tout le monde y touchait le même salaire. Le style était libre et corrosif, on racontait les conflits sociaux mais aussi la vie des marginaux... L'arrivée dans les kiosques se fera au mois de mai de cette années-là. Quelques années plus tard, entre le 21 février et le 13 mai 1981, le journal suspendra sa parution. Pour revenir le lendemain de l'élection de François Mitterrand tel qu'on le connaît toujours aujourd'hui (ou à peu près).

LES ARCHIVES.

En tête de cet article, nous sommes en 1994. Comme l'avait chroniqué Nicolas Rey sur les ondes en 2003, ces années fin 90-2000, c'était l'époque où le journal pouvait passer de mains en mains au bistrot en demandant : «est-ce que c'est un bon Libé ?». Un bon Libé, ça ne s'explique pas, ça se lit, oserait-on répondre aujourd'hui en pensant à cette époque et à jingle. En 1994 donc, un bon Libé pour Bérangère, étudiante en documentation, cela voulait surtout dire pouvoir lire ce qu'on ne lisait pas ailleurs. Et les jeunes, hier comme aujourd'hui, sont toujours une cible à chérir et un lectorat qui manque. Car «être différent, c'était le Libé de 73», explique le commentaire du reportage, s'appuyant sur un extrait du documentaire «Les années Libé» de Michel Kapture : «Le journal attaque toutes les institutions qui modèlent la pensée des gens», expliquait Philippe Gavi, co-fondateur du journal.

Pour ses 30 ans toutefois, les jeunes trouvaient que le journal se montrait moins provocateur qu'avant, avant lorsqu'on «pouvait tout se permettre». Pour Jean-Claude Périer, auteur de l'essai Le roman vrai de Libération, «le journal a vieilli comme ont vieilli ceux qui le font». Ce qui reviendrait à dire : que le noyau dur de ceux qui font le journal n'ont plus les mêmes aspirations et centres d'intérêt.

Le couperet venait de Magali, étudiante en économie, qui confessait que les profs, ses profs, ne conseillaient pas la lecture de Libération, privilégiant Le Monde. Pourquoi ? On ne saura pas, elle-même affirmant : «Ils ne nous conseillent jamais Libé».

Ci-dessous par contre, il est question de Sartre. Évidemment, Sartre. Sartre et Libération, et c'est Serge July qui en parle le mieux ou qui en disserte le plus lors de la mort du philosophe. «On peut même dire que sans Sartre, il n'y aurait pas eu Libération», dit l'ancien directeur du journal en préambule avant de raconter que la maladie de l'écrivain l'a empêché de diriger «le projet de presse de Libération» comme il l'avait souhaité, et de se «coltiner les histoires, l'évènement, de manière quotidienne et donc de s'impliquer complètement». Pour Serge July, à l'image de Voltaire au XVIIIe siècle ou de Victor Hugo au XIXe, «Sartre s'occupait de tout, et en permanence (...) incarnant l'image de l'intellectuel du XXe». Une image toujours associée à un journal.

Libération
1980 - 03:21 - vidéo

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