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À la relance de «Libération» en 1981, tout le journal avait encore le même salaire

À la relance de «Libération» en 1981, tout le journal avait encore le même salaire

Serge July est revenu à «Libération», un journal qu'il a co-fondé en 1973 avant d'en être remercié en 2006. En 1981, juste après l'élection de François Mitterrand, une nouvelle formule sortait. Son directeur charismatique était venu la défendre chez Philippe Bouvard.

Par Julien Boudisseau - Publié le 10.01.2023 - Mis à jour le 18.04.2023
 

L'ACTU.

Le cofondateur de Libération et l'une de ses figures historiques, Serge July, 80 ans, est de retour dans le quotidien de gauche comme chroniqueur politique, 17 ans après l'avoir quitté. Un premier billet a été publié dans la page Éditos de l'édition du 23 janvier 2023. Année du 50e anniversaire du journal.

L'ARCHIVE.

Nous sommes trois jours après le 10 mai 1981 et la victoire de François Mitterrand à la présidence de la République. Et Libération vient de retrouver les kiosques, après onze semaines sans paraître. En février de cette année-là, l'équipe du journal avait décidé, au cours d'une assemblée générale extraordinaire de plusieurs heures, l'arrêt immédiat et temporaire de sa parution. Dans l'émission de Philippe Bouvard «Passez donc me voir», Serge July s'en explique et raconte que l'équipe était à bout de souffle, que le journal avait besoin d'air et que la fin d'un cycle s'était imposé. Comprendre : tourner la page du vieux «Libé» gauchiste des débuts et s'imposer comme un vrai quotidien. La quasi totalité de l'équipe sera remerciée et une nouvelle formule élaborée. Qui sortira donc deux jours après l'élection de François Mitterrand. Les lecteurs découvrent à cette occasion un nouveau journal avec le logo désormais historique du titre : «Libération» inscrit en lettres blanches sur un losange rouge. Une création du graphiste Claude Maggiori, frère du journaliste et ancien professeur de philosophie Robert Maggiori.

Invité de Philippe Bouvard, Serge July vient défendre son journal, doté d'une équipe qui «ressemble beaucoup à ses lecteurs ou aux désirs des lecteurs». Il relève par exemple que cette nouvelle formule s'ouvre «à de nouveaux espaces, comme les médias», car selon lui, il y avait à l'époque «une réalité médiatique assez mystérieuse dans ce pays».

«On a la chance de pouvoir ne pas être un journal gouvernemental, ce qui à gauche va être rare.»

Toutefois, ce qui faisait une particularité du premier Libération demeurait : un même salaire pour tout le monde. Serge July le confirme, sans trop s'étendre dessus... Mais en défendant encore et toujours un titre indépendant et sans publicité : «On va jusqu'au bout de la démonstration d'essayer de faire vivre un quotidien dans une liberté totale, tant du point de vue de la participation des capitaux que de la publicité. Notre pari est d'atteindre un niveau de vente pour une autonomie entière». Surtout, il affirme que l'élection de François Mitterrand ne changera rien pour Libération : «On a la chance de pouvoir ne pas être un journal gouvernemental, ce qui à gauche va être rare.»

D'abord porte-parole des luttes sociales en 1973, le journal est devenu, sous l'influence de son directeur, le décrypteur de phénomènes de société et le quotidien de référence de la gauche. Après la période de gloire de la fin des années 80, où les ventes ont frôlé les 200.000 exemplaires, Serge July a été contraint de quitter «Libé» en juin 2006, poussé vers la sortie par l'actionnaire de l'époque, Edouard de Rothschild. On lui reprochait notamment d'avoir tardé sur : une relance du journal.

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