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Des témoignages de femmes face à l'infertilité en 1971

Des témoignages de femmes face à l'infertilité en 1971

L'OMS révèle qu'une personne sur six dans le monde serait concernée par l'infertilité au cours de sa vie. Ces chiffres sont en hausse mais l'enjeu de société est ancien. En 1971, alors que l'aide médicale à la procréation en était à ses débuts et que le rôle de mère s’imposait encore largement aux femmes, le magazine « Aujourd'hui madame » proposait le témoignage de cinq téléspectatrices, toutes touchées par cette problématique.

Par Romane Sauvage - Publié le 04.04.2023
La stérilité chez l'homme et chez la femme - 1971 - 07:22 - vidéo
 

L'ACTU.

Une personne sur six dans le monde serait touchée par l'infertilité au cours de sa vie, a annoncé l'OMS à la publication d'un rapport mardi 4 avril. Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l’OMS, précise : « Le rapport est révélateur d’un fait important : l’infertilité ne fait pas de discrimination ».

Ces propos alertent sur un problème mondial et en augmentation. En France, 3,3 millions de personnes en France sont directement touchées par l'infertilité, et un couple sur quatre.

L'ARCHIVE.

« Voici notre propre histoire, cinq ans de mariage, pas d'enfant. Tous les mois, nos espoirs sont déçus, de véritables drames, crises de larmes et désespoir. » Entre 1970 et 1982, le magazine télévisé quotidien « Aujourd'hui madame » proposait des discussions et des reportages à destination des femmes sur une grande diversité de sujets de société. Dans l'archive de 1971 en tête de cet article, qui présente les premières minutes de l'une de ces émissions, la question de la stérilité était abordée. À cette époque, la procréation médicalement assistée est balbutiante en France. Dans cette émission, les couples témoignaient alors de la grande douleur qu'était la difficulté à avoir un enfant.

Le présentateur poursuivait sa lecture de ce courrier de lectrice, qui décrivait la stérilité de son couple comme un drame : « La crainte d'être stérile chez mon mari comme chez moi s'installe peu à peu et se transforme en véritable hantise. Des querelles même parfois naissent de cette attente, toujours déçue. La vue d'un landau me fait détourner la tête. Des amis ont toutes un, deux, trois enfants et ces beaux enfants que je vois chaque jour me percent le cœur toujours un peu plus. »

Remplir son « devoir d'épouse »

Sur le plateau, cinq femmes, les visages graves décrivaient leurs situations. Chacune de celles qui n'avaient pas surmonté l'infertilité de leur couple adoptait une expression attristée et impatiente. « Moi, c'est mon mari qui est stérile. Et je dois bien avouer que pour moi, c'est vraiment dramatique. Je pensais bien avoir un ou deux enfants. Et puis c'est une chose dont nous nous sommes aperçus au bout de plusieurs années de mariage. Nous avons fini par adopter un enfant, mais il est certain que pour moi, c'est un sujet très douloureux. »

« J'avais de forte douleurs, j'ai consulté le gynécologue, on m'a opérée et depuis j'espère avoir un enfant. Mais enfin, on ne m'a pas donné beaucoup de chances », expliquait une femme, atteinte d'endométriose. Cette femme de 22 ans vivait l'infertilité comme un échec personnel. Ne pas pouvoir remplir son rôle social était devenu un fardeau : « Je ne peux pas remplir mon devoir de femme d'abord et puis ensuite de mère comme je n'ai pas d'enfant. Mais surtout d'épouse, ça me pose de gros problèmes pour remplir mon devoir d'épouse. »

« Moi, au bout de 5 ans, j'ai commencé à perdre patience. » Une troisième femme, perdait patience, combinant plusieurs problèmes de santé. « On s'est d'abord aperçus que pour moi tout allait très bien, mais que mon mari était stérile. Il y a eu un gros problème psychologique, car un homme refuse de s’avouer stérile. (....) La stérilité a été vaincue. Mais je n'avais toujours pas d'enfants alors on s'est aperçus que je suis allergique à mon mari ce qui expliquerait peut-être que je puisse avoir des enfants avec un autre homme que mon mari. (...) Mais je veux un enfant de mon mari et j'espère que j'y arriverai. (...) Malgré des tas de médicaments, très onéreux, des tas d'examens qui ne sont pas remboursés, absolument pas, il n'y aucun résultat. »

« Il ne faut pas désespérer »

Face à ces trois femmes, deux autres avaient réussi à avoir un enfant. Leur ton était beaucoup plus optimiste, semblait heureuses. « Moi, j'ai beaucoup de chance. J'ai eu ce problème. J'ai voulu me faire soigner, ça a été long, pénible du point de vue psychologique, mais au bout de 10 mois de traitement, j'ai pu être enfin enceinte. Et j'ai un petit garçon qui a maintenant 6 mois, c'est ma joie. » La seconde ajoutait : « J'ai une petite fille de trois ans et j'ai été 7 ans sans enfant. Et après pas mal de péripéties. » Elle proposait de garder espoir : « Je voudrais dire aux femmes qu'il ne faut pas désespérer, que c'est très long et très pénible quelques fois, mais le résultat est souvent au bout. »

Les causes de la stérilité
1971 - 02:13 - vidéo

Dans ce nouvel extrait d'« Aujourd’hui madame », le professeur Henrion, gynécologue, explique les différentes causes de l'infertilité. « Environ 2 millions de personnes sont intéressées par le problème de la stérilité en France. En consultation, on peut estimer qu'une femme sur 6, 7 ou 8 vient nous consulter pour un problème de stérilité. »

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