« C’est un sentiment général de ne pas pouvoir me promener dans la rue, de sortir pour faire n’importe quoi, faire une course ou aller au cinéma », témoignait une jeune fille en 1978, sur la plateau d'«Aujourd'hui Madame». En 2015, toujours les mêmes témoignages : « Dès que vous êtes en jupe en tant que femme, vous vous faites siffler. C’est malheureux d’en arriver là. C’est la raison pour laquelle je suis en pantalon assez souvent. »
Des insultes, des regards déplacés, des sifflements. Depuis des années, les témoignages se multiplient : dans la rue, les femmes sont victimes de harcèlement. Ce fléau n’est pas nouveau. Écoutez ce qu’a vécu cette adolescente qui témoignait en 1964, lors d'un retour de bal. « Je me suis déjà fait attrapée une fois. Alors maintenant, on me prévient toujours. Pas deux fois. » Une parole rare. Car à l’époque, le harcèlement de rue était peu médiatisé.
En 1978, une émission s’emparait du problème, «Aujourd’hui Madame». Le thème : les agressions sexuelles dans les transports. Une première femme témoignait : « Derrière moi, il y avait cet affreux bonhomme qui sentait mauvais avec son mégot au coin de sa lèvre et il me faisait des attouchements. Vraiment, c’était exagéré, c’était honteux. »
La parole des femmes écoutée à partir des années 2010
Années 1980, 1990, 2000 : toujours aussi peu de témoignages. Il fallut attendre le début des années 2010 pour que la parole féminine se libère : dans la rue, les transports en commun, les agressions sexuelles sont monnaie courante. Comme en témoignait une utilisatrice des transports en commun parisiens : « J’ai senti quelque chose sur moi, au niveau de mes fesses. Dans le métro, à plusieurs reprises. Je me suis décalée. Ça fait au moins la 4e fois que ça m’arrive dans la ligne 13. »
Des agressions parfois filmées par des caméras de surveillance ou amateures. Exemple en 2018 avec Marie, une jeune femme de 22 ans, frappée dans la rue par un homme : « J’ai laché un "Ta gueule". À partir du moment où il fait demi-tour, je sais qu’il va me frapper. Ça a été assez violent. » En 2023, 80% des femmes ont peur de rentrer seules chez elles le soir selon le Haut Conseil à l’Égalité.
