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Interdire le glyphosate : le dilemme après l'annonce de Macron en 2017

Interdire le glyphosate : le dilemme après l'annonce de Macron en 2017

La Commission européenne a décidé de renouveler l'autorisation du glyphosate pour 10 ans. La France n'a pas participé à ce vote. Le président de la République, Emmanuel Macron, s'était pourtant engagé, en 2017, à sortir du glyphosate dans les trois ans. Cette déclaration, qualifiée plus tard d'«erreur», avait divisé les agriculteurs et les experts en charge de trouver des alternatives. 

Par la rédaction de l'INA - Publié le 17.11.2023
 

L'ACTU.

La Commission européenne a annoncé jeudi 16 novembre 2023 qu'elle allait renouveler l'autorisation du glyphosate dans l'Union européenne pour 10 ans, à la suite d'un vote des États membres (la France s'est abstenue) qui n'a pas permis de dégager de majorité sur le sujet. En l'absence de consensus, c'est la Commission qui a tranché.

Le glyphosate, substance active de plusieurs herbicides - dont le Roundup de Monsanto - avait été classé en 2015 comme «cancérogène probable» par le Centre international de recherche sur le cancer de l'Organisation mondiale de la santé.

À l'inverse, en juillet 2023, l'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) a indiqué n'avoir pas identifié de «domaine de préoccupation critique» chez les humains, les animaux et l'environnement susceptible d'empêcher l'autorisation de l'herbicide, tout en reconnaissant un manque de données.

En France, le sujet est source de tension depuis longtemps. La position d'Emmanuel Macron a beaucoup évolué. En novembre 2017, il avait tweeté avoir «demandé au gouvernement de prendre les dispositions nécessaires pour que l’utilisation du glyphosate soit interdite en France au plus tard dans trois ans». L'objectif, ambitieux, était alors d'arriver à une interdiction du glyphosate en 2021.

L'ARCHIVE.

À la suite de cette déclaration, le sujet était couvert par les JT et notamment le 19/20 de France 3 parti sonder les principaux intéressés : les agriculteurs, paysans ou vignerons. Nous sommes donc en 2017 et on réalise combien les divisions étaient fortes. Entre les déclarations d'un agriculteur, malade, qui affirmait pouvoir se passer de l'herbicide, moyennant davantage d'heures passées dans le tracteur, «mais c'est la règle du jeu». Et celles d'une vigneronne pour qui l'interdiction représentait une menace et surtout une concurrence déloyale avec les professionnels d'autres pays qui eux ne seraient pas interdits de l'utiliser

À l'INRA, on indiquait à l'époque être toujours en recherche d'alternatives. Un rapport était attendu sur cette question, avec différentes propositions.

Toutefois, les mois et les années qui suivirent verront la position de la France assez peu avancer vers une interdiction.

Un premier échec arrive en 2018, quand les députés rejettent l'inscription de l'objectif d'interdiction du glyphosate dans la loi Alimentation. Ce sera l'une des raisons de la démission de l'ex-ministre de la Transition écologique, Nicolas Hulot.

Six mois plus tard, Emmanuel Macron finira par enterrer sa promesse pendant le Grand débat. «Peut-on dire qu'il n'y aura plus de glyphosate dans cinq ans ? C'est impossible. Je ne vais pas vous mentir, ce n'est pas vrai. Si je vous disais ça, je tue complètement certaines filières», disait-il. «On va continuer à acheter du blé qui sera fait chez le voisin avec du round-up ou pire, et on aurait dit à nos agriculteurs qu'ils n'ont plus le droit de l'utiliser ?», illustrait le président de la République.

Le glyphosate sera toutefois banni des espaces publics puis des jardins des particuliers en 2019, mais pas pour l'usage agricole.

Emmanuel Macron, à la fin de son premier mandat en janvier 2022, regrettera même d'avoir fait cette promesse : «C'est l’erreur que j’ai commise en début de quinquennat : il faut agir sur ces sujets au niveau européen», a-t-il dit au Parisien, reconnaissant que la décision ne peut pas être prise seul, au niveau national.

Aujourd'hui encore, la décision de la Commission européenne a suscité des réactions opposées, entre les pour et les contre le glyphosate. La FNSA a affirmé que «tout le monde est bien conscient aujourd'hui qu'il n'y a pas d'alternative crédible». Quand la Confédération paysanne a pointé une erreur «monumentale» dans la réautorisation, ajoutant que cela revenait à «ignorer la réalité qui veut que les paysans sont les premières victimes des pesticides».

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