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1er août 2003 : la mort de Marie Trintignant sous les coups de Bertrand Cantat

1er août 2003 : la mort de Marie Trintignant sous les coups de Bertrand Cantat

Les violences faites aux femmes est un problème de société qui touche tous les milieux. En 2003, il y a 20 ans, la célèbre actrice Marie Trintignant mourait sous les coups de son compagnon Bertrand Cantat, leader du groupe Noir Désir. Retour en archives sur cette affaire emblématique de féminicide qui défraya la chronique.

Par Florence Dartois - Publié le 31.07.2023
Marie Trintignant dans le coma à Vilnius - 2003 - 01:36 - vidéo
 

Le 1er août 2003, la comédienne Marie Trintignant décédait à l'hôpital de Vilnius en Lituanie. Elle y avait été admise quelques jours plus tôt, après avoir été violemment frappée par son compagnon, Bertrand Cantat, le leader du groupe Noir Désir. Lui évoquera toujours l'accident, réfutant que ses coups aient pu occasionner la mort de l'actrice. Mais l'autopsie réalisée à la demande du juge d'instruction allait dévoiler l'ampleur de la violence subie par la défunte, comme le révélait récemment l'ouvrage Désir noir d'Anne-Sophie Jahn (sorti le mercredi 15 mars 2023 aux éditions Flammarion : « En tout, dix-neuf coups sont relevés sur le corps (jambes, bras, dos, ventre) et le visage de Marie. Et ce sont de multiples coups mortels au visage qui l'ont tuée : "C'est l'écrasement du nez de la comédienne qui, en provoquant des lésions internes, a entraîné l'œdème cérébral à l'origine du décès. Ce coup fatal aurait été porté avec le plat de la main avec un effet de battoir". Soit un coup porté de haut en bas... Comme un coup de poing ou un coup de tête. Les nerfs optiques ont aussi été arrachés, sous l'effet du syndrome du bébé secoué ».

RETOUR SUR LES FAITS.

En juillet 2003, Marie Trintignant était à Vilnius en Lituanie pour tourner un téléfilm sur la vie de Colette dirigé par sa mère Nadine Trintignant. Sur place, elle résidait à l’hôtel avec son compagnon Bertrand Cantat. Dans la nuit du 26 au 27 juillet 2003, une violente dispute éclata entre les deux amants. Le chanteur la frappa à plusieurs reprises, la laissant inanimée dans la chambre. À la suite de l'altercation, la comédienne tomba dans un coma profond. Ne mesurant pas la gravité de l’état de son amie, ce n'est qu'à 8 h du matin que le chanteur de Noir Désir se décidait enfin à appeler les secours.

L'archive en tête d'article, diffusée le 28 juillet 2003, revenait sur les premiers éléments connus de cette affaire de ce que l'on n'appelait pas encore « féminicide ». Au téléphone, le chirurgien qui avait opéré son hématome parlait d'un coma profond et de respirateur artificiel. Le commentaire évoquait une « violente dispute », « sous l'emprise d'alcool et de médicaments, il aurait poussé l'actrice... ». Il poursuivait : Marie Trintignant serait « tombée par terre en se cognant la tête ».

Le chef de la police criminelle de Vilnius, interrogé, confirmait que le drame était lié à une dispute.

À la demande de la famille, Marie Trintignant était opérée par des médecins français. Dans une conférence de presse au sortir du bloc, le chirurgien s’avouait très préoccupé par l’état neurologique de sa patiente toujours inconsciente.

29 juillet 2003 : tragique accident ?

Le 30 juillet, Marie Trintignant était rapatriée en France, Bertrand Cantat restant entre les mains de la police lituanienne. Il demandait publiquement pardon et expliquait qu’il s’agissait d’un tragique accident.

L'actrice décéda le 1er août des suites d’un œdème cérébral. La famille alla rapidement reprocher au chanteur d’avoir trop attendu pour porter secours à leur fille.

Ce que dévoile l'enquête

Au cours de l’enquête le chanteur, très abattu, continuait de clamer son innocence. Selon lui, une querelle avait mal tourné. Cependant, l’autopsie révéla rapidement qu’elle n’avait pas reçu une seule gifle, comme il le déclarait, mais bien plusieurs coups très violents. Il fut accusé de coups et blessures ayant entraîné la mort et de non-assistance à personne en danger.

Enquête décès Marie Trintignant
2003 - 01:58 - vidéo

Marie Trintignant fut inhumée au cimetière du Père Lachaise le 6 août 2003, en présence d'une assistance vêtue de blanc comme l’avait demandé la famille. Le 8 août, le rocker était inculpé de meurtre par le parquet de Vilnius, encourant 15 ans de prison.

La procédure prit plusieurs mois, le 28 octobre 2010, une nouvelle expertise confirmait la culpabilité du chanteur, mais soulignait que c'était bien des gifles et non des coups qui avaient provoqué la mort de la jeune femme.

Un procès médiatisé

Le procès débutait à Vilnius le 14 mars 2004, en présence des deux familles. La défense entendait faire requalifier l’affaire en crime passionnel (ce qui aurait réduit la peine de prison de moitié). Dans le reportage ci-dessous, on peut voir le chanteur clamer son amour pour Marie, filmée en juillet 2003, quelques jours avant le drame.

Procès Bertrand Cantat. Crime passionnel
2004 - 02:23 - vidéo

Quelques jours plus tard, le 29 mars 2004, le verdict tombait : huit ans de réclusion criminelle pour le chanteur. Ses proches espéraient un verdict plus clément. L’avocat annonçait sa volonté de faire appel. La famille de Marie Trintignant était satisfaite du verdict.

Verdict pour Bertrand Cantat
2004 - 01:49 - vidéo

Emprisonné à Vilnius, le 28 septembre 2004, Bertrand Cantat revenait en France pour purger sa peine plus près des siens, à la prison de Toulouse.

En octobre 2007, après quatre années de détention. L’ex-chanteur a été libéré et est retourné dans son village de Moustey dans les Landes.

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