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Alain Decaux explique l'importance de l’article 111 de l'Ordonnance de Villers-Cotterêts pour la généralisation du français

Alain Decaux explique l'importance de l’article 111 de l'Ordonnance de Villers-Cotterêts pour la généralisation du français

En 1989, cela faisait 450 ans que le roi François 1er avait fait du « françoys » la langue du royaume au détriment du Latin. À cette occasion, Alain Decaux, ministre de la Francophonie, s'était rendu à Villers-Cotterêts, dans l'Aisne, lieu de signature de la célèbre ordonnance éponyme, pour célébrer l'évènement.

Par Florence Dartois - Publié le 30.10.2023 - Mis à jour le 03.11.2023
 

L'ACTU.

Emmanuel Macron a inauguré lundi 30 octobre la Cité internationale de la langue française située dans le château royal de Villers-Cotterêts (Aisne). L'édifice, qui fut l'une des résidences royales de François 1er, est un lieu emblématique de l'histoire de la langue française, car c'est là que fut signé en 1539 un article qui faisait du français la langue officielle du royaume de France.

UN PEU D'HISTOIRE.

Au cours de l'été 1539, dans son château de Villers-Cotterêts, le roi François 1er édictait une ordonnance composée de 192 articles. L'ordonnance réformait en grande partie la juridiction ecclésiastique, rendant obligatoire la tenue des registres des baptêmes et des sépultures par les curés des paroisses. Il marquait ainsi la naissance de l'état civil. Seul l'article 111 évoquait la question de la langue française. Le monarque choisissant le « francoys », une langue pratiquée par les habitants d'Ile-de-France et largement en vigueur à la cour, pour devenir la langue commune du pays. Le texte serait enregistré au Parlement de Paris le 6 septembre 1539.

Si l'ordonnance de Villers-Cotterêts est importante, c'est que cet article 111 impose la pratique du français à la place du latin dans tous les actes juridiques et administratifs, partout en Europe. Il marque le début d'un processus d'unification, car, à l'époque, chaque région possédait son propre idiome : le breton, le flamand, le bourguignon, le picard, le provençal... Mais plus généralement, la langue d’Oïl dominait le nord du royaume et la langue d'Oc, le sud. En 1539, même si l'ordonnance royale de Villers-Cotterêts donnait au français un pouvoir décisif, l'unité linguistique prendrait encore des siècles à se mettre en place.

En 1973, dans l'émission « Si le français m'était conté », le linguiste Alain Guillermou (1913-1998) évoquait l'importance de cette ordonnance et donnait quelques pistes de compréhension dans le contexte historique de l'époque, avec notamment le rôle-clé du développement de l'imprimerie.

Archives Nationales
1997 - 01:47 - vidéo

En mars 1997, les Archives nationales ouvraient exceptionnellement au public l'armoire qui renferme les documents les plus précieux. Parmi les trésors présentés, l’Édit de Villers-Cotterêts. 

Un pas vers la généralisation du français

En 1989, on célébrait les 450 ans de la signature de l'Ordonnance Villers-Cotterêts, pour l’occasion, Alain Decaux qui occupait alors le poste de ministre de la Francophonie s’était rendu sur place. C'est l'archive qui entame cet article. Lors d'un discours prononcé sur place le 20 novembre 1989, l'historien revenait sur cet acte fondateur par lequel François 1er, en remplaçant le latin par le français dans les actes officiels, assurait le pouvoir de la Nation. Les images montraient ce fameux article 111 qui instituait le « françoys » comme langue officielle des actes juridiques et administratifs.

À l'issue de son discours, face aux caméras de FR3, le ministre temporisait l'importance de ce texte, expliquant notamment qu’il n’était pas tout à fait exact de dire que l'Ordonnance fut à l’origine de l’usage généralisé de la langue française sur le territoire. Il s'agissait, selon lui, d'une première étape. Il expliquait que François 1er avait souhaité que les actes judiciaires « soient fait dans la langue maternelle de ceux qui habitaient la France ». Il concluait que l'on ne pouvait pas dire qu'il y avait eu la « généralisation de la langue française par l’Édit de Villers-Cotterêts », à une époque où dominaient encore les langues d’Oc et d'Oïl, mais qu'il y avait eu « un premier pas vers une généralisation qui a été très vite ensuite ».

D'un François à l'autre. En janvier 1991, sous la présidence de François Mitterrand, la France débattait sur la réforme de l'orthographe et la simplification de la langue française. Ce sujet de FR3 Picardie s'amusait du parallèle avec la réforme réalisée par le roi François 1er, quelque 450 ans plus tôt, avec l’ordonnance de Villers-Cotterêts.

Yves Tardieu, de la « société historique » précisait que la langue française n'avait fait que changer à toutes les époques. Georges Bonaziz, le maire de Villers-Cotterets évoquait le thème de la politisation de la langue.

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