Deux sociologues Julien Fretel et Michel Offerlé ont publié le livre "Écrire au président" dans lequel ils démontrent que le service de la correspondance présidentielle permet de prend le pouls de la société. Et il faut le savoir : si vous écrivez à Emmanuel Macron, votre lettre n'arrivera pas directement à l'Élysée, mais quai Branly, au Palais de l'Alma.
On le voit dans l'archive en tête de cet article : déjà lors du mandat de Valéry Giscard d'Estaing, le courrier du président traversait la Seine pour rejoindre cette annexe de la présidence. Ce reportage date du 17 juillet 1977 et à l'époque le président de la République recevait de l'ordre de 170.000 lettres par an. "Il reçoit aussi plusieurs milliers de colis", explique le journaliste dans son commentaire détaillant le contenu, parfois surprenant, de ceux-ci : "des fleurs, du chocolat, des bonbons, des disques, des livres, des fromages et même des huîtres !".
Certains courriers, qui parviennent quand même, sont parfois étrangement adressés à l'Hôtel de Matignon, à la Maison-Blanche ou même "au Palais de l'Elysée à Dijon ou à Rouen" ! Le contenu de ces courriers traitent majoritairement de requêtes liées aux impôts, aux allocations familiales ou encore à des problèmes d'emploi. En 1976, Valéry Giscard d'Estaing avait aussi reçu 1600 invitations à dîner !
Ce qu'écrivent les Français
Aussi bien en 1977 qu'aujourd'hui, chaque lettre reçoit une réponse, exceptée 5% des courriers. Mais l'intérêt - politique - de ce service demeure la possibilité pour le chef de l'Etat de prendre le pouls de la société à travers cette correspondance. Philippe Sauzay, le chef de cabinet du Président de la République, expliquait ainsi remettre chaque mois à Valéry Giscard d'Estaing une statistique des courriers "qui met en relief les principaux thèques abordés par les Français qui lui écrivent".
Ainsi en juin 1976, dans la statistique des courriers adressés à l'Elysée, Philippe Sauzay avait relevé 45 protestations contre le changement d'heure ou 204 autres liées à "l'application de la peine de mort". "Mensuellement, le président est bien informé de ce que les Français veulent lui faire connaître", conclut-il.
Dernier détail : il n'était pas nécessaire de timbrer un courrier envoyé à l'Elysée.
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