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1992 : les agriculteurs de la Coordination rurale, «au bout du désespoir», tentaient de bloquer Paris

1992 : les agriculteurs de la Coordination rurale, «au bout du désespoir», tentaient de bloquer Paris

En janvier 2024, plusieurs syndicats agricoles font parler d'eux dans le cadre d'un large mouvement de protestation issu du monde agricole. Parmi eux, la Coordination rurale. Moins connu, ce syndicat classé à droite était apparu en 1991 en opposition à la Politique agricole commune (PAC). Pour se faire connaître, l'une de leurs premières actions consista en une tentative de blocage de Paris en juin 1992.

Par Romane Laignel Sauvage - Publié le 29.01.2024
 

L'ACTU.

Moins connu que la FNSEA et les Jeunes agriculteurs (JA) qui ont bloqué les principaux axes menant à Paris, le syndicat Coordination rurale multiplie les actions, comme le blocage de Rungis, dans le cadre d'un large mouvement de protestation issu du monde agricole en janvier 2024.

La Coordination rurale est apparue au début des années 1990 pour protester contre la libéralisation de la Politique agricole commune (PAC). Pour faire connaitre ses revendications, le syndicat avait notamment tenté de bloquer Paris.

LES ARCHIVES.

« C'est donc à partir de ce soir que la Coordination rurale, "au bout du désespoir" comme elle le dit, entend bloquer les axes routiers vers Paris. De son côté le gouvernement a annoncé son intention de faire échec à ce projet de blocus. » En juin 1992, opposé à la nouvelle Politique agricole commune (PAC), le syndicat d'agriculteur Coordination rurale annonçait sa volonté, pour protester, de bloquer les accès à Paris.

Pour couvrir cette actualité, TF1 et Antenne 2 avaient eut la même idée : se rendre au QG du syndicat, à Écublé, « en pleine Beauce ». Le reportage de la chaine publique est disponible en tête d'article, celui de la première chaine en pied de page.

Sur Antenne 2, les images montraient autant la préparation du blocus par le syndicat que les dessous de sa médiatisation. Photographes et journalistes se trouvaient ainsi filmés au même titre que les manifestants. Ce blocage de Paris était aussi l'occasion pour le tout jeune syndicat, créé fin 1991 en opposition à la PAC, de se faire connaître dans les médias et donc du grand public.

Un enjeu également médiatique

Les détails de l'action étaient gardés secrets, mais les grandes lignes communiquées aux journalistes. Un jeu médiatique que le journaliste d'Antenne 2 soulignait : « L’essentiel est caché aux curieux, mais quelques indiscrétions filtrent tout de même ». Pour bloquer Paris, les organisateurs prévoyaient 2 500 tracteurs et en « espèrent d'autres, puisque apparemment, il y a une mobilisation assez importante », ainsi que 7 000 personnes.

Le ministre de l'Intérieur de l'époque, Paul Quilès, demandait aux préfets d'interdire « les rassemblements ou cortèges de véhicules ou d'engins qui viseraient (...) à entraver ou à gêner la circulation ». Les blindés anti-émeutes étaient réquisitionnés.

Un blocus mis en échec

« Ils n'auront même pas tenu 24 heures. » Alors que la Coordination rurale avait énoncé sa volonté de bloquer la capitale jusqu'au retrait de la nouvelle PAC, dès le lendemain en fin de journée, Antenne 2 faisait déjà le bilan. Dans cette archive disponible ci-dessous, on annonçait : « Les dirigeants de la Coordination rurale ont appelé cet après-midi leurs adhérents et sympathisants à lever les barrages établis autour de Paris. »

Philippe Arnaud, le secrétaire général du syndicat justifiait ce retrait : « Ne cachons pas les choses, Monsieur Quilès a choisi d'utiliser la force, nous nous retirons. Nous avions choisi de rester plusieurs jours, nous n'avons pas complètement rempli nos objectifs. Une bataille ce n'est pas la guerre, nous reviendrons. » Les militants se montraient largement déçus.

Un an plus tard, la Coordination rurale tentait une nouvelle fois de bloquer Paris. Ce fut un second échec, malgré les apprentissages « de son blocage malheureux » de 1992. « Nous étions loin, très loin même, du blocus annoncé », commentait-on sur France 3.

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