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Le travail, c'était mieux avant ? Laurent Berger réagit aux archives dans «adn»

Le travail, c'était mieux avant ? Laurent Berger réagit aux archives dans «adn»

Depuis qu’il a quitté le secrétariat général de la CFDT en juin 2023, Laurent Berger n’avait encore accepté aucune demande d’entretien. Pour l’INA, celui qui travaille désormais pour le Crédit Mutuel a bien voulu s'exprimer. Face aux archives, il décrypte les grandes problématiques contemporaines du travail ainsi que les conflits sociaux les plus marquants des dernières décennies.

Par Hugo Domenach - Publié le 08.12.2023
 

Ce sont d’abord des témoignages d’enfants des 30 glorieuses imaginant le travail des années 2000 qui interpellent Laurent Berger. Il évoque alors l’impact de la robotisation pour affirmer la nécessité de « travailler sur une intelligence artificielle éthique et responsable ». Le syndicaliste évoque également l’évolution du métier de livreur en écoutant Nabil, coursier interrogé par «Envoyé spécial» en 1995, comparer son métier à celui de « prostitué ». Berger pointe alors la « responsabilité très forte des plateformes », mais aussi « de la société » : « Quand en pleine inondation, on est capable de demander à un livreur de vous emmener à manger ou quand vous klaxonnez comme un malade derrière un camion de livraison, vous n’êtes pas dans l’empathie nécessaire à ces travailleurs-là ».

En réagissant à différentes archives, Laurent Berger raconte à travers les époques le manque de considération, voire le mépris de certains patrons pour les travailleurs qui sont « toujours fiers de leur travail ». Face à des chômeurs trop jeunes à 18 ans ou trop vieux à 40 ans pour travailler en 1973, il pointe les « préjugés » des patrons ainsi que leur « obsession pour la productivité » ; le témoignage d’un ouvrier lorrain datant de 1972 permet à l’ancien syndicaliste de critiquer la mobilité géographique, « une idée qui ne marche pas car ce qui fait la vie des uns et des autres c’est la solidarité de quartier » ; il vilipende le babyfoot et autres inventions du bien-être au travail qui selon lui ne compensent jamais « des mauvaises conditions » ; et réclame des sanctions contre les entreprises qui ne jouent pas le jeu de l’égalité salariale entre les hommes et les femmes.

Autant de situations qui ont pu provoquer une certaine violence au sein des entreprises. « Là, c’est très grave ce style d’images et ça ne fait pas de bien au syndicalisme. On a le droit d’envahir une salle de réunion, on n’a pas le droit de s’en prendre aux individus », s’indigne-t-il en regardant le reportage sur le cadre d’Air France qui se fait arracher sa chemise par deux salariés lors d’un plan social en 2015. Il décrit ensuite la crise des Gilets jaunes comme une « crise d’invisibilité » et déplore que cette séquence n’ait « abouti à rien de concret ». Si Laurent Berger établi le triste constat de la « disparition de la culture du compromis » dans la société, il croit que certaines luttes du passé, comme celle des salariés de l’entreprise Lip dans les années 1970, ont permis de construire un « modèle d’entreprise plus démocratique » et de démontrer qu’un « autre modèle économique peut exister ».

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