Aller au contenu principal
1956 : avec «l'Etoile filante», Renault champion du monde du moteur à turbine

1956 : avec «l'Etoile filante», Renault champion du monde du moteur à turbine

Le 27 juin 1956, Renault présente un prototype appelé à entrer rapidement dans l’Histoire. Sur le circuit de Montlhéry, la petite et élégante «Etoile filante» fait ses premiers tours de piste officiels. Sans pousser son moteur à turbine, son pilote Jean Hébert marque les 180km/h au compteur. Mais c'est juste un test. Car «l'Etoile filante» mérite bien son nom : deux mois plus tard, aux Etats-Unis, elle va inscrire un record du monde de vitesse qui marque les esprits, des deux côtés de l'Atlantique.

Par Cyrille Beyer - Publié le 03.10.2018 - Mis à jour le 05.06.2020
L'Etoile filante Renault à turbine - 1956 - 00:31 - vidéo
 

Le 5 septembre 1956, sur la vaste étendue plate du lac salé de Bonnevile, dans l’Utah, l’Etoile filante atteint 306,9km/h pour le kilomètre et 308,85 km/h pour cinq kilomètres. Dans sa catégorie de la voiture à turbine, l’Etoile filante reste encore aujourd'hui la voiture la plus rapide du monde.

Jean Hébert au volant de l'Etoile filante championne du monde de vitesse, le 5 septembre 1956, sur le lac salé de Bonneville, Utah, USA. Crédits Renault.

La voiture à turbine, c’est Joseph Szydlowski, le patron de Turboméca (l’ancêtre de l’entreprise Safran), qui s’y intéresse dans les années 1950. Cette technologie fait voler les hélicoptères et les avions. Elle équipe aussi certaines locomotives. Alors, pourquoi pas bientôt les voitures ?

En 1954, choisissant comme partenaire la firme Renault, il confie à trois ingénieurs, Fernand Picard, Albert Lory et Jean Hébert la mission de concevoir un prototype destiné à tester la technologie de la turbine à gaz adaptée à l’automobile. L'Etoile filante permettra en fait surtout de tester différents paramètres liés à la vitesse.

Comme l'expliquent les trois ingénieurs, « pères » de l’Etoile filante, interviewés au lendemain de leur exploit par Henri Spade, il s'agit grâce à ce prototype d'étudier non seulement « les problèmes de turbine, mais aussi des problèmes de recherche très avancés, au point de vue aérodynamique [...], comme les problèmes de tenue de route, [...] les dérives, et en même temps les problèmes de freinage » liés à la très grande vitesse.

Malgré les succès de l'Etoile filante et ceux d'autres prototypes américains, la turbine à gaz s'avérera trop complexe pour le monde de l'automobile, principalement en raison d'une consommation en essence bien trop importante, même en ces années 1950 et 1960 où le pétrole reste bon marché.

« Tous les domaines sont ouverts, y compris bientôt les domaines qui paraissent encore de l'ordre du rêve, comme celui de l'énergie atomique »

Fernand Picard, concepteur de l'Etoile Filante

Mais qu'à cela ne tienne. Ces années sont propices aux rêves industriels les plus fous. A côté de la technologie de la turbine à gaz, certains ingénieurs rêvent d'équiper leurs bolides de course de la technologie nucléaire. C'est en tout cas le pari de Fernand Picard, qui, à l'image des projets de Ford ou Chrysler, imaginera des prototypes qui ne dépasseront cependant pas le stade de la maquette.

La technologie de la turbine à gaz, elle, au moins, aura connu son heure de gloire avec l'Etoile filante, même si aucune voiture en série équipée de ce type de moteur n'est encore jamais sorti d'une usine.

En 2016, un article d'Auto Moto annonçait pourtant l'arrivée prochaine de la turbine à gaz, grâce au développement accéléré de la voiture électrique. Le moteur à turbine pourrait alors enfin trouver un débouché technologique à la hauteur de ses promesses. Le record établi par l'Etoile filante en 1956 pourrait finalement être remis en question...

S'orienter dans la galaxie INA

Vous êtes particulier, professionnel des médias, enseignant, journaliste... ? Découvrez les sites de l'INA conçus pour vous, suivez-nous sur les réseaux sociaux, inscrivez-vous à nos newsletters.

Suivre l'INA éclaire actu

Chaque jour, la rédaction vous propose une sélection de vidéos et des articles éditorialisés en résonance avec l'actualité sous toutes ses formes.