Brigitte Bardot : proie médiatique

[Autres génériques et descripteurs] : BASSE Paul (Redacteur) "Je ne voulais plus qu'on me sonne comme ça, qu'on prenne des photos avec des téléobjectifs à l'intérieur de ma maison ou à l'intérieur de ma salle de bain ou dans mon jardin... Je trouvais ça épouvantable". Brigitte Bardot, une star internationale, une icône. Dans les années 60, elle est au sommet de sa carrière d'artiste. BB fascine, les fans, les journalistes, les paparazzis, Elle est traquée jour et nuit. Mannequin, actrice, chanteuse, puis engagée pour les animaux. Aujourd'hui, elle fait le bilan dans un livre-testament, "Larmes de combat" aux éditions Plon. En 1960, s'il y a un événement people qu'il ne faut pas rater, C'est la naissance du bébé de BB. Une équipe de journalistes obtient l'exclusivité. "Certains sourient de l'importance accordée à cette naissance, cela prouve que Brigitte Bardot est très célèbre mais je ne vois pas pourquoi cette célébrité l'empêcherait d'être aussi une femme comme les autres, une femme plus heureuse depuis cinq jours. Alors disons-lui simplement que Nicolas est beau et laissons-les se sourire entre eux" Laissons-les sourire, oui. Sauf que... en coulisses, c'est l'enfer. La rue est assiégée par les photographes. Certains louent les appartements alentours, Ou grimpent aux arbres pour capturer LE cliché de la star et son bébé. Vingt-deux ans après, Brigitte Bardot raconte cette traque. "Ca a été inhumain ce qu'on m'a fait subir. Je n'avais plus ni la possibilité de marcher, ni de sortir, ni même d'aller chez mon médecin, je n'ai même pas pu aller accoucher dans une clinique, il a fallu qu'on fasse chez moi une salle d'accouchement parce que j'étais cernée par la presse mondiale". Un jeu du chat et de la souris avec la presse qui a duré toute une carrière. Brigitte Bardot fuit les paparazzis, elle filtre les interviews, Mais cette rareté crée la passion chez les fans et les journalistes. En 1962, à Londres, sa notoriété empêche le tournage du film "Vie privée" de Louis Malle. Brigitte Bardot attire les foules malgré sa discrétion. Il faut rentrer à Paris et tourner le film sur des décors, Brigitte Bardot manifeste son embarras. "J'en reviens à ces photographes dont vous parliez tout à l'heure. Vous vous sentez espionnée dans la vie par eux ? / Oui. Terriblement. / Est-ce que "espionnée" est le mot ? / Espionnée, c'est un peu trop doux encore. / Traquée alors, Oui, plutôt". Le "je t'aime moi non plus" entre l'actrice et les photographes donne lieu à des situations cocasses. En 1964, elle est à Rio avec son compagnon de l'époque, Bob Zagury. Les paparazzis sont tellement oppressants qu'il faut signer un accord de paix. Oui, un vrai accord, qui a même un nom : le traité de Copacabana. Un journaliste raconte cette " guerre " avec une pointe d'ironie. "C'est maintenant l'Armistice, elle s'est enfin rendue au bout de huit jours de siège et son état de santé n'inspire aucune inquiétude. A la condition d'assister au Carnaval". Mais ces photographes, aussi insistants soient-ils, ils ont fait sa renommée. Ils unissent leurs forces le 13 novembre 1965, voix à l'unisson, écoutez. Deux années plus tard, ces mêmes photographes se ruent sur la star. En mai 1967, au dernier jour du 20e Festival de Cannes, Brigitte Bardot déchaine la presse, les images sont impressionnantes. "C'est invraisemblable mais voyez-vous c'est un phénomène qui était prévisible parce que Bardot n'était pas venue au Festival de Cannes depuis des années et c'est véritablement l'événement de ce Festival". Les bains de foule, les photos volées, les ragots, Brigitte Bardot en a fait les frais. En 1970, alors qu'elle réfléchit à arrêter sa carrière d'actrice, une loi pour punir les intrusions de paparazzis est adoptée. Les procès qu'elle avait intentés et remportés n'y sont pas pour rien.