L'ACTU.
« Dans le domaine de l’Intelligence artificielle, par exemple. Car je veux que la France soit championne en la matière et se positionne en pointe de cette nouvelle révolution industrielle. Demain au salon VivaTech, je ferai des annonces pour que nous accélérions sur le financement, la formation, la recherche. » Dans un tweet mardi 13 juin, le président de la République Emmanuel Macron a annoncé sa volonté d'encourager l'intelligence artificielle française.
LES ARCHIVES.
Avec un enjeu en particulier, peut-être : retenir les cerveaux français. En 2015, un journal télévisé consacrait un reportage à ces chercheurs venus de France qui attiraient les entreprises américaines. « Les Français ont la cote auprès des entreprises du futur parce qu'ils sont créatifs et parce qu'ils sont extrêmement bien formés. En mathématique notamment, l'excellence française a une renommée mondiale. Si bien qu'aux États-Unis, les cerveaux français sont très influents », expliquait le sujet, visible en tête d'article. À l'époque 25 000 français étaient expatriés aux États-Unis pour travailler dans les nouvelles technologies
Parmi eux, Yann Le Cun. Ce chercheur français spécialisé dans l'apprentissage profond était alors à la tête d'un laboratoire de recherche sur l'intelligence artificielle de Facebook. « Il a inventé la reconnaissance des images par les machines. C'est lui qui est à l'origine de la première voiture sans chauffeur. » Il avait permis à la voiture de détecter ce qu'elle voyait à l'image : route, bâtiment, piétons.
« C'est grâce à l'université française qu'il est devenu un pionnier de l'intelligence artificielle, mais pour poursuivre ses recherches, le choix de l'Amérique s'est imposé », commentait la journaliste. Et Yann Le Cun de préciser : « Je suis un pur produit académique français. J'ai fait toutes mes études en France, j'ai fini mon doctorat en 1987, il y avait relativement peu de recherche industrielle en France, il y en a toujours très peu. »
Raconter l'apprentissage profond
« L'intelligence artificielle évoque beaucoup de fantasmes par la science-fiction et d'autres véhicules. Le concept existe depuis les années 1950, les travaux dessus ont commencé à peu près dans les années 1950. Il y a eu beaucoup d'hésitations, d'essais qui n'ont pas beaucoup réussi et d’espoirs qui ont été déçus. » Dans l'extrait de 2017 ci-dessous, Yann Le Cun était interviewé sur France Inter. Il y vulgarisait son travail et celui de ses collègues sur l'intelligence artificielle. « La raison pour laquelle on en entend parler depuis 5 à 6 ans, est dû à une petite révolution technologique, l’apparition d'un nouvel ensemble de méthodes, que l'on appelle l'apprentissage profond ou deep learning en anglais. »
Pionnier dans ce domaine, il détallait : « C'est un ensemble de techniques qui permettent d’entraîner les machines, et non pas de les programmer directement. Ce genre de techniques existent aussi depuis très longtemps, aussi les années 1950, mais on a réussi à les mettre en œuvre récemment grâce à la puissance des ordinateurs, la disponibilité des bases de données. » Et d'expliquer : « Les systèmes de deep learning sont des réseaux de neurones artificiels, des systèmes qui simulent de manière très simplifiée le fonctionnement du cerveau. Un peu à la manière dont un avion simule le fonctionnement d'un oiseau. »
Il se montrait optimiste quant à l'avenir de l'intelligence artificielle. « Il y a des domaines très précis dans lesquels on peut construire des machines, soit à la main, soit les entraîner à partir de ces techniques de deep learning et dans lequel elles vont avoir des compétences supérieures à la plupart des humains (...) Mais, ce ne sont pas des systèmes qui ont une intelligence générale, c'est-à-dire ce qui caractérise l'intelligence humaine. »
Yann Le Cun, directeur du laboratoire de recherche de l'intelligence artificielle
2017 - 07:54 - vidéo
Pour ses travaux, le chercheur avait reçu le Prix Turing 2018. Avec ses co-récipiendaires, il était décrit comme celui qui a « inventé les méthodes d'apprentissage profond des machines ».
Studio papier : Le Prix Turing
2019 - 01:29 - audio