Aller au contenu principal
2013 : des footballeuses réagissent à l'interdiction de porter le voile en compétition

2013 : des footballeuses réagissent à l'interdiction de porter le voile en compétition

Le collectif des Hijabeuses s'oppose devant la justice à l'article 1 du règlement de la Fédération française de football interdisant de participer voilée à des compétitions. Ce n'est pas la première fois que ce débat agite la sphère sportive et politique. En 2013 déjà, l'interdiction du voile était au centre des débats.

Par Florence Dartois - Publié le 28.06.2023
 

L'ACTU.

Lundi 26 juin, le Conseil d’État a étudié un recours déposé par le collectif Les Hijabeuses contre la Fédération française de football. En effet, depuis 2016, l'article 1 du règlement de la FFF interdit « tout port de signe ou tenue manifestant ostensiblement une appartenance politique, philosophique, religieuse ou syndicale » lors des compétitions. Tout manquement au règlement entraîne une exclusion temporaire ou définitive. Les Hijabeuses avaient argumenté en déclarant regretter que « des femmes, chaque week-end, soient exclues des terrains parce qu'elles portent un voile (...) Tout ce qu'on veut, c'est jouer au football ».

Lors de l'audience, Clément Malverti, le rapporteur public a préconisé la modification de l'article du règlement de la Fédération française de football, rappelant que la FIFA et « l'ensemble des fédérations sportives internationales » autorisaient le port du hijab en compétition depuis 2014. Si le collectif est satisfait de cette orientation, le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, s'appuyant sur la laïcité interdisant à quiconque de faire état de sa religion par des signes ostentatoires dans l'espace public, a déclaré sur RTL être « très opposé » à l'autorisation pour les footballeuses de porter le hijab en compétition.

L'annonce de la préconisation provoque la polémique et agite le monde politique, la droite et l'extrême droite dénonçant la naïveté du rapporteur et appelant à légiférer. La décision définitive du Conseil d'État sera rendue sous trois semaines.

L'ARCHIVE.

Le port du voile dans la pratique du sport avait déjà fait grand bruit en février 2013, lorsque le ministre de l'Intérieur, Manuel Valls, devant le Sénat, avait fermement rappelé la position du gouvernement de gauche sur cette question : « On ne porte pas de voile pour faire du sport », déclarait-il à la tribune, sur un ton ferme. Cette interdiction de porter le voile dans les compétitions sportives était mal reçue dans certains clubs comme le montre le reportage du 19/20 Édition Languedoc-Roussillon à regarder en tête d'article.

Le lendemain de la déclaration du ministre, une dizaine de jeunes filles se retrouvaient au gymnase des Cévennes, à Montpellier. Elles vivaient une passion commune : le football. Dans leur club, certaines portaient le foulard. Alors, le rappel de cet interdit par le ministre passait mal.

Deux adolescentes voilées s'exprimaient. Pour Myriam, c'était clair : « Non, je ne l'enlèverai pas pour continuer à faire du foot. C'est sûr et certain », à côté d'elle, Souad évoquait la liberté de choix : « Chacun sa liberté. C'est comme cette jeune fille qui veut porter une minijupe. On ne lui dit rien, c'est son droit de la porter. Ça devrait être pareil pour nous. »

Le voile de la discorde

Le commentaire précisait qu'elles avaient déjà payé cher leur décision. Ne pouvant pas participer aux compétitions à 11, elles s’étaient repliées sur les matchs à 7, qui n'imposaient pas d'arbitrage ni de règles. Ce choix avait des conséquences, comme l'expliquait une autre jeune femme : « Je joue au foot depuis 6 ans et j'ai joué avec le voile pendant 5 ans et je pense que si le voile avait été accepté, j'aurais été plus ambitieuse et j'aurais fait plus d'efforts. »

Restait l'attitude du public, pas toujours bienveillante, comme l'expliquait Loubna, une maman : « Pour celles qui le portent. Elles disent que, parfois, ça leur arrive d'avoir des regards un peu un peu bizarres, même du public, pas que des arbitres. Elles ont déjà eu aussi des personnes qui leur ont craché dessus. Ça je trouve que c'est très grave, ça devrait être puni par la loi. »

Du côté des éducateurs, dans ce club, on ne comprenait pas les propos du ministre. Abdelhak Harraga, le président du FC Petit Bard Montpellier, regrettait cette prise de parole politique : « C'est dommage, parce qu'on enlève un espace aux jeunes joueuses, où elles peuvent s'épanouir, échanger et se retrouver le soir. » Il l'affirmait, lui n'interdirait pas son club aux filles voilées. À propos du foulard, il rassurait : « Pour elles, le foulard, ce n'est pas la forme, je dirais musulmane ou intégriste, qui compte. Ce n'est pas ça le propos ici, loin de là. »

S'orienter dans la galaxie INA

Vous êtes particulier, professionnel des médias, enseignant, journaliste... ? Découvrez les sites de l'INA conçus pour vous, suivez-nous sur les réseaux sociaux, inscrivez-vous à nos newsletters.

Suivre l'INA éclaire actu

Chaque jour, la rédaction vous propose une sélection de vidéos et des articles éditorialisés en résonance avec l'actualité sous toutes ses formes.