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Conférence de presse de De Gaulle

Conférence de presse de De Gaulle

JT 20H - 15.05.1962 - 01:10:48 - vidéo

Conférence de presse du général DE GAULLE à l'Elysée. Les principaux thèmes abordés sont : l'organisation politique de l'Europe des six, le problème de l'Allemagne, la France et l'OTAN, les problèmes Est-Ouest et la construction d'une force de frappe française, les rapports avec l'Afrique Noire et du Nord. Intégralité de la conférence : le Général dit d'abord "quelques mots d'ensemble" avant de laisser les journalistes poser leurs questions : il énumère les " trois objectifs essentiels " de sa politique extérieure : "se dégager, vis-à-vis des peuples d'outre-mer qui étaient naguère sous sa dépendance... et transformer ses rapports avec eux en une coopération contractuelle et régulière. D'autre part, contribuer à construire l'Europe. Enfin, conjuguer la création d'une force nationale moderne... afin que... nous puissions, quoi qu'il arrive, avoir notre propre part dans notre propre destin." - Le Général écoute ensuite les questions groupées des journalistes français et étrangers ; il fait des petits commentaires : quand on lui parle de ce que dit la presse étrangère à propos de l'armée allemande, il réagit en disant qu'il ne peut répondre sur ce que dit la presse étrangère... quand on lui demande si la construction de la force de frappe progresse, il répond : "vous voudriez que je vous dise tous nos secrets [rires], remarquez que nous serions les seuls à le faire [rires]... enfin, à propos des relations spéciales entre la Grande-Bretagne et les Etats-Unis, il s'interroge : "Y a-t-il des relations spéciales anglo-américaines [rires]. Toutes les questions posées, de Gaulle les reprend une à une et entre chaque, demande aux journalistes de les reformuler. - La CEE et le "Plan Fouchet" : le Général explique pourquoi une Europe unie est nécessaire. Il rappelle que le Marché Commun existe déjà mais, dit-il, "cette construction économique ne suffit pas... l'Europe occidentale doit se constituer politiquement... il faut à l'Europe des institutions qui l'amènent à former un ensemble politique, comme elle en a déjà un dans l'ordre économique". Ce constat amène le Général à définir sa conception politique de l'Europe : réunir périodiquement les chefs d'Etat ou de gouvernement, former des commissions, utiliser l'Assemblée de Strasbourg pour discuter des questions politiques communes. "Après expérience, nous verrons dans trois ans comment nous pourrons faire pour resserrer nos liens. Mais, tout au moins, nous aurons commencé à prendre l'habitude de vivre et d'agir ensemble". Ces propositions françaises "ont soulevé deux objections" que le Général démonte. Il profite de l'occasion pour dire qu'il n'a jamais parlé de "l'Europe des patries", "bien qu'on prétende toujours que je l'ai fait. Ce n'est pas, bien sûr, que je renie, moi, la mienne ; bien au contraire, je lui suis attaché plus que jamais et je ne crois pas que l'Europe puisse avoir aucune réalité vivante si elle ne comporte pas la France avec ses Français, l'Allemagne avec ses Allemands, l'Italie avec ses Italiens etc. Dante, Goethe, Chateaubriand, appartiennent à toute l'Europe dans la mesure où ils étaient respectivement et éminemment italien, allemand et français. Ils n'auraient pas beaucoup servi l'Europe s'ils avaient été des apatrides et s'ils avaient pensé, écrit, en quelque "esperanto ou volapuk" intégrés... J'ai déjà dit, et je répète, qu'à l'heure qu'il est, il ne peut pas y avoir d'autre Europe que celle des Etats, en dehors naturellement des mythes, des fictions, des parades." Le Général ironise ensuite en parlant de l'Europe "intégrée" qui, selon lui, ne pourrait pas avoir de politique si ce n'est celle "de quelqu'un du dehors... Il y aurait peut-être un fédérateur, mais il ne serait pas européen". Il conclut ensuite : "Voyez-vous, quand on évoque les grandes affaires, eh bien ! on trouve agréable de rêver à la lampe merveilleuse qu'il suffisait à Aladin de frotter pour voler au-dessus du réel. Mais il n'y a pas de formule magique qui permette de construire quelque chose d'aussi difficile que l'Europe unie. Alors, mettons la réalité à la base de l'édifice et, quand nous aurons fait le travail, il sera temps de nous bercer aux contes des Mille et Une Nuits" [fin de la recopie KMCAD] - L'Allemagne : le Général explique pourquoi elle est l'enjeu capital entre les deux Grands. Il attaque l'URSS qui se sert "pour faire pression et pour faire menace, de la situation de la ville de Berlin". Dans l'atmosphère internationale actuelle, le Général pense qu'une négociation sur l'Allemagne ne peut aboutir. Il ne souhaite pas un changement du statut de Berlin. Il insiste sur la nécessaire solidarité entre la France et l'Allemagne [RF] dans le cadre de la construction européenne : "De cette solidarité dépend... le destin de l'Europe tout entière depuis l'Atlantique jusqu'à l'Oural". De Gaulle en termine avec l'Allemagne en répondant à une question sur l'éventuelle dotation en armes nucléaires de la Bundeswehr : "Nous n'avons pas à l'heure actuelle d'armes atomiques à donner ; par conséquent cette question ne se pose pas. Mais peut-être pourriez-vous aller la poser à la Maison Blanche" [rires]. - OTAN : De Gaulle affirme que la France fait partie intégrante de l'Alliance Atlantique. Par contre le problème de la défense de la France a changé. Il explique longuement pourquoi et comment ce qui l'amène à considérer que le rôle de l'OTAN n'est plus le même. Il en conclut que "sans développer davantage les éléments nouveaux du problème, on comprendra qu'ils nous conduisent à modifier profondément ce que nous avons fait, à cet égard, jusqu'à présent". - conference de Genève : le général enchaîne immédiatement sur cette question qui en fait n'a pas été posée, ce qui fait rire l'assistance : "possible que vous ne soyez pas curieux des raisons pour lesquelles nous n'y sommes pas mais pour le cas où vous le seriez tout de même, je vais vous les indiquer" : puisque les deux grands ne veulent pas arrêter la course aux armements pas question pour la France de suspendre ses essais nucléaires.

Producteur / co-producteur Radiodiffusion Télévision Française
Générique Participant : Charles de Gaulle
Descripteur(s) Afrique, Allemagne RD, Allemagne RF, arme nucléaire, Berlin, CEE, chef d'Etat, conférence au sommet, Conférence de presse, décolonisation, défense nationale, désarmement, élection, France, Grande Bretagne, Guerre d'Algérie, Guerre froide, Hassan II, indépendance, institution, Maghreb, Otan, Paris, petite phrase, politique extérieure, relations diplomatiques, résidence officielle, suffrage universel, URSS
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