Aller au contenu principal
Dossier le soir : le rêve americain/invites Pierre Lescure et Tom Bischop

Dossier le soir : le rêve americain/invites Pierre Lescure et Tom Bischop

Le Soir - 06.06.1994 - 09:52 - vidéo

EN CE JOUR ANNIVERSAIRE DU 6 JUIN 44, Christine OCKRENT A INVITE Pierre LESCURE, PDG DE "Canal Plus" ET Tom BISHOP, PRESIDENT DU CENTRE D'ETUDES FRANCAISES DE L'UNIVERSITE DE New York, POUR TENTER DE CERNER CE PHENOMENE QU'A ETE L' "AMERICANISATION" DE LA VIE QUOTIDIENNE DES L'APRES GUERRE EN France. - Pierre LESCURE, grand collectionneur d'objets Made in USA "mon premier goût d'Amérique ? le chewing-gum parce que c'était interdit, on trouvait ça vulgaire et puis le Coca Cola... J'étais plutôt dans une famille de militants de gauche mais pour mes copains qui sortaient d'une famille de droite c'était la même chose... Ca faisait partie de l'imagerie depuis les westerns jusqu'aux comédies américaines que je voyais en Technicolor... Choses esthétiquement intéressantes, je ne l'ai compris qu'après, les Américains ont toujours été très branchés sur l'esthétique de leur quotidien, avant que les Américains nous imprègnent, la vie quotidienne en France c'était l'outil, le bleu de travail pour le travail, la blouse elle est grise, le type des Télégraphes a vraiment l'air d'un obscur agent des télécommunications alors que les Américains ont toujours dans le quotidien un peu de sourire, de divertissement et du design." - Tom BISHOP, grand connaisseur des moeurs de la France "je pense que l'antiaméricanisme qui a existé existe à peine maintenant, toujours pour des raisons politiques tandis que les raisons culturelles qui font partie de cette américanisation au quotidien n'ont jamais été vraiment contestées... Il y a eu des soubresauts, par exemple l'histoire de l'Eurodisneyland ça a engendré quelques remous anti américains mais dans l'ensemble, Zippo (le briquet), les blue-jeans, Coca Cola c'est passé dans les moeurs, ce sont des choses complètement assimilées... L'américanisation a fait que l'Europe et le Japon ont rattrapé leur retard en matière de modernisation, il n'y a plus tellement de grandes différences, cette façon d'être, ces objets amenés après la guerre, ça a profondément marqué". - LESCURE "la vie quotidienne l'emporte sur les principes fondamentaux, souvenez vous des moulins à café de nos parents, fallait le mettre entre les 2 genoux, c'était laborieux, on l'avait mérité son p'tit noir, le fer à repasser ça brûlait le tissu de repassage sur la table, on sentait que c'était un outil... D'un seul coup, plein d'objets arrivaient, le Frigidaire c'est une marque, on ne dit plus réfrigérateur, tout ça est entré dans notre langage... Je ne pense pas que l'oncle Sam ait pensé cela mais c'est plus facile de convaincre de sa politique quand on est à ce point présent partout du lever au coucher". - BISHOP "il me semble que tout ça s'est fait tout seul, personne ne l'a imposé, parfois c'est quelque chose de difficile à faire comprendre en France, des gens pensaient que c'était une opération de la politique américaine". - LESCURE "je ne veux pas absoudre les Américains de toute pensée au second degré ou d'esprit de 5ème colonne, il fallait que pour une nation comme les Usa qui est un continent que les commerçants apprennent à être à la fois vendeurs d'un objet banal et très personnalisé, c'était un sacré terrain d'expérience". - BISHOP "la France ne retient pas que ce qui est le plus mauvais, elle ne prend que ce qu'il y a de mieux aussi, les institutions, la culture populaire, c'est pas mal non plus... Sur le Coca qui aurait remplacé le vin, remarquez, on boit en Amérique beaucoup plus de vin qu'autrefois, du vin californien greffé sur des souches françaises, le monde des blue-jeans et le comportement qui va avec c'est pas forcément une mauvaise chose". - LESCURE, sur l'exception culturelle française dans les négociations du Gatt "c'est les limites pour moi, j'ai reconnu la marque en creux du rêve américain, oui, mon goût presque irréfléchi et naturel pour une certaine manière d'aborder la vie quotidienne c'est évident mais je ne peux entendre tel producteur américain m'affirmer que je ne peux refuser les films américains parce que tout le monde les aime... Ce que je ne peux accepter c'est que je ne puisse plus avoir mon boeuf mode à moi, ce qui nous menaçait, c'était les produits américains qui arrivaient déjà amortis, des productions de télévision... Ce qu'il faut c'est qu'on continue à fonctionner, continuer à produire des choses qui ne peuvent pas avoir le même impact, le même budget parce qu'on travaille pour 300 millions de gens en Europe alors que l'Amérique a tellement véhiculé dans le monde entier, on a un petit marché". - BISHOP "l'obsession de l'identité, elle est Américaine aussi... C'est plus compliqué pour les Américains parce leur identité est plus diverse, en France elle se diversifie aussi, les gens sont de races et de langues différentes et c'est une très bonne chose... Nous avons plus l'expérience, c'est pas toujours très réussi, d'ailleurs, de la multiplicité des ethnies, la France s'en est enrichie, c'est très bien que la France s'occupe de son identité, qu'elle continue de le faire". - Couvertures des livres de BISHOP, parmi lesquels "L'Amérique des Français".

Producteur / co-producteur France 3
Générique Journaliste : Christine Ockrent Participants : Pierre Lescure, Thomas Bishop

S'orienter dans la galaxie INA

Vous êtes particulier, professionnel des médias, enseignant, journaliste... ? Découvrez les sites de l'INA conçus pour vous, suivez-nous sur les réseaux sociaux, inscrivez-vous à nos newsletters.

Suivre l'INA éclaire actu

Chaque jour, la rédaction vous propose une sélection de vidéos et des articles éditorialisés en résonance avec l'actualité sous toutes ses formes.