Portrait général Saul Mofaz, nouveau ministre israélien de la Défense

[Source : documentation France 3] Le Premier ministre israélien Ariel Sharon n'a pas créé la moindre surprise en proposant aujourd'hui au général de réserve Saul Mofaz le portefeuille de la Défense devenu vacant après la démission du numéro un travailliste Binyamin Ben Eliezer. Ex chef d'état-major, le général Mofaz, 53 ans, a quitté l'uniforme en juillet dernier. Sans décoration ni titre particulier de gloire, après 36 ans de carrière, il a laissé le souvenir d'un militaire particulièrement "politisé". Il n'a d'ailleurs jamais fait mystère des ses sympathies pour le parti Likoud (droite) de M. Sharon. C'est même le prédécesseur de ce dernier Benjamin Netanyahu qui l'avait propulsé à la tête de l'armée en juillet 1998. Sans tenir compte du devoir de réserve, le général Mofaz a publiquement dénoncé les accords d'Oslo (1993) sur l'autonmie palestinienne en les qualifiant de "pire erreur jamais commise par Israël". Partisan de la manière forte, il fut l'un des premiers à parler de "l'Autorité palestinienne terroriste", préconisant de riposter à l'Intifada par une offensive générale contre le régime du dirigeant palestinien Yasser Arafat et l'expulsion pure et simple de ce dernier. Il a lancé en mars l'offensive "Remparts" en Cisjordanie, qui a abouti à la réoccupation de la plupart des secteurs autonomes de la région. Sa nomination à la Défense illustre le glissement vers l'extrême droite auquel M. Sharon semble condamné s'il veut disposer d'une majorité viable à la Knesset et reporter la tenue d'élections anticipées, après l'éclatement de son cabinet d'union nationale. Le général Mofaz est né en Iran, et appartient au puissant "clan des Perses", qui regroupe des personnalités telles que le président de l'Etat Moshé Katsav ou l'ex-chef de l'armée de l'air le général Eytan Ben Elyahu, identifiés à la droite nationaliste. C'est un parachutiste qui a commandé les régions militaires centre et sud d'Israël. Il a aussi été commandant en chef adjoint de l'unité d'élite des commandos de l'état-major, et dirigé le département de la planification de l'armée. Ce militaire a commencé sa carrière en 1966 et participé à la spectaculaire opération de sauvetage des otages d'un Airbus détourné en Ouganda en 1977. En dépit de cette carrière, il aura sans nul doute été le moins expérimenté des chefs d'état-major d'Israël, sa promotion ayant été décidée au sommet de la hiérarchie politique pour faire barrage aux officiers à l'état-major identifiés aux travaillistes et aux négociations de paix. Ses détracteurs rappellent en outre qu'il a été recalé à deux reprises au concours d'entrée à l'école des officiers deTsahal. Avant de présenter son ultime rapport militaire au gouvernement en juillet dernier, il avait à mots couverts fait part de ses ambitions en affirmant : "C'est la dernière fois que je suis présent ici en tant que chef d'état-major". Tablant sur le maintien au pouvoir de la droite, il savait manifestement que les portes lui seraient grandes ouvertes à la présidence du conseil pour qu'il y revienne doté du prestigieux portefeuille de la Défense, sans avoir auparavant exercé la moindre fonction ministérielle. YASSER ARAFAT : "Qu'est ce que l'on peut atteindre, nous, les palestiniens, d'un gouvernement dirigé par Sharon avec Mofaz..."