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2014 : la fronde des chauffeurs de taxi contre «Uber Pop»

2014 : la fronde des chauffeurs de taxi contre «Uber Pop»

Les Uber Files, des milliers de documents internes d’Uber datant de 2013 à 2017, obtenus par le quotidien britannique «The Guardian», révèlent que l’entreprise, en butte à l’hostilité des pouvoirs publics, à la fronde des chauffeurs de taxi et à des enquêtes judiciaires, a pu bénéficier du soutien d’Emmanuel Macron lorsqu'il était au ministère de l’Économie. Retour en 2014, lorsque l'application «Uber Pop» déclenchait la fronde des chauffeurs de taxi.

Par la rédaction de l'INA - Publié le 11.07.2022
 

Le 5 février 2014, la journaliste Elise Lucet, présentatrice du 20h de France 2, annonce le lancement d'un nouveau service de «covoiturage» : « assuré par des particuliers, il suffit de se connecter sur une application disponible sur les smartphones. Les conducteurs et les passagers se mettent d’accord sur un point de rencontre et c’est beaucoup moins cher. »

Le reportage, réalisé par les journalistes Gilles Marinet, Tristan Dessert, et Anthony Jolly, informent sur la colère que cette nouvelle fonctionnalité, proposée par la société américaine de voiture de tourisme avec chauffeur (VTC) Uber, créée en 2009 et présente en France depuis 2012, suscite chez les chauffeurs de taxi : « Ce matin, les chauffeurs sont confrontés à un nouveau concurrent. Depuis un smartphone, il est en effet possible de commander un taxi ou plutôt un véhicule conduit par un particulier. Contre une somme de 4 à 10 euros celui-ci déposera son passager en n’importe quel point de Paris, les chauffeurs de taxi parlent de concurrence déloyale » expliquent les journalistes, qui recueillent certains témoignages de chauffeurs de taxi : « Ils nous volent nos clients, c’est pas normal » dit l'un. « On paie des charges sociales, du RSI, des licences, on a une réglementation qui est lourde, on a des crédits, on a des familles à nourrir, on est là pour travailler, on fait onze heures par jour » argumente un autre chauffeur de taxi, qui pointe la concurrence déloyale que ferait peser un système s'appuyant sur des chauffeurs particuliers, non soumis aux mêmes charges et responsabilités.

Une provocation

Côté clientèle, les avis semblent partager, comme on peut le voir avec ces deux clientes en attente d'un taxi. Pour la première, cette nouvelle fonctionnalité est une bonne nouvelle : « c’est vrai que des fois, vu la difficulté de trouver des taxis, selon les horaires sur Paris ou les grandes villes, ça peut être une option », tandis que la seconde y est opposée : « J’aimerais pas qu’on fasse mon boulot à ma place, donc je respecte les taxis. »

Alain Griset, président de l’Union nationale des taxis, résume la colère des acteurs de sa profession : « C’est de la provocation pure et dure, envers l’état d’abord et envers la profession de taxi, qui ne peut que réagir, et donc la première question qu’on va poser à l’état, est-ce que demain vous allez permettre à tous les entrepreneurs de ne plus payer de cotisations, de ne plus payer d’impôts ? » Le reportage se conclue par la plainte que comptent déposer les chauffeurs de taxi : « Les associations de taxis professionnels vont également saisir les tribunaux pour travail dissimulé et concurrence déloyale. »

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