À la découverte de la sous-préfecture de Dreux en 1968

L'ACTU.

En déplacement le 10 octobre en Mayenne, à Château-Gontier, Emmanuel Macron a annoncé six réouvertures de sous-préfectures d’ici à la fin de l’année. En plus de Château-Gontier où le président de la République était en visite, les quatre autres institutions se trouvent à Clamecy (Nièvre), Montdidier (Somme), Nantua (Ain), Rochechouart (Haute-Vienne) et la sixième sera créée à Saint-Georges de l’Oyapock en Guyane. Créées avec les préfectures au début du XIXe siècle par Napoléon Ier, le nombre des sous-préfectures en France se portent en 2022 à 233. Depuis 2014, plusieurs sous-préfectures avaient toutefois été supprimées. Cette réouverture s’inscrit dans le cadre de la promesse qu'Emmanuel Macron avait faite après la crise des gilets jaunes pour favoriser le retour des services publics dans les territoires ruraux.

LES ARCHIVES.

Les archives que nous vous proposons de regarder datent de 1968, à l'époque en plein Mai 68, le magazine « Rond point » avait consacré un long reportage à la sous-préfecture de Dreux (Eure-et-Loir). Le micro-trottoir présenté en tête d'article montre à quel point le rôle du sous-préfet était méconnu des habitants. Le seul point évoqué par plusieurs des badauds était son statut de « chef-lieu d’un arrondissement départemental », mais les attributions du sous -préfet lui-même restaient plutôt floues. Le reportage donnait ensuite la parole au sous-préfet de l'époque, monsieur Aurel. Il évoquait ce qui restait de l'image du sous-préfet de la tradition littéraire, tels que décrits par Daudet ou Balzac, mais expliquait que de tuteur, il était devenu « le conseiller des communes » en matière de rénovation rurale (le remembrement), d'aménagement du territoire ou d'action sur les structures administratives des communes (le regroupement ou la fusion). Il y avait dans sa fonction la notion de service public, et d'être « l'homme de chacun sans être jamais l'homme d'aucun ». Il devait être sans cesse « à l’affût de l’intérêt général » et poussé de « le sens de l’État ». Il s'envisageait comme « la rencontre entre la pensée et l'action ».

La suite du reportage suivait le sous-préfet au fil d'une journée type. À son programme ce jour-là : le dépouillement de son courrier en compagnie de son secrétaire, une réunion avec les maires de l'arrondissement à propos des inondations dans la ville sur des images de la Blèse, la rivière incriminée. Venait ensuite la visite d'un chantier de lotissement et la rencontre du conseiller général et maire de Vernouillet. À bord de sa DS, le sous-préfet sillonnait les routes, « tout comme le médecin de campagne sa voiture sillonne en permanence les routes de campagne », précisait le commentaire, puis il présidait une séance de travail sur la création d'un syndicat majeur.

Vingt ans plus tard, les Français ne semblaient toujours pas en savoir plus sur les fonctions d'un sous-préfet. Ce reportage de l'émission « L'Assiette anglaise » s'était rendu à Loches, une commune située dans le département de l'Indre-et-Loire (région Centre-Val de Loire), qui n'avait plus de sous-préfet depuis 18 mois. Micro-trottoir et description de la journée type de son homologue de Vendôme, Michel Sapin, sur un mode humoristique, le reportage dévoilait les fonctions essentielles de ce haut fonctionnaire de l’État aussi essentiel que méconnu.