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1968 : Senghor et De Gaulle évoquent les «problèmes africains» de l’époque

1968 : Senghor et De Gaulle évoquent les «problèmes africains» de l’époque

Le 20 juin 2024, le président du Sénégal Bassirou Diomaye Faye a rendu visite à Emmanuel Macron à l’Élysée. Les liens entre les deux pays sont forts et anciens. Exemple en 1968 avec une visite similaire de l’ex-président sénégalais Léopold Sédar Senghor.

Par Solal Bauer et Paul Colas - Publié le 21.06.2024
SENGHOR A L'ELYSEE - PALAIS DE L'ELYSEE - 1968 - 01:52 - vidéo
 

L'ACTU.

À l’occasion du Forum mondial pour la souveraineté et l’innovation vaccinales, le nouveau président du Sénégal Bassirou Diomaye Faye a rendu visite le 20 juin 2024 à Emmanuel Macron à l’Élysée. L’occasion de montrer que le lien entre les deux pays n’est pas rompu. Les deux chefs d’État ont souhaité un nouveau partenariat entre leurs nations fondé sur un respect mutuel. Un partenariat “au service des intérêts réciproques des deux peuples, unis par des valeurs démocratiques partagées, par un lien humain et une relation d'amitié”, selon l’Élysée.

Cette rencontre peut rappeler la visite de Léopold Sédar Senghor, en 1968, au président Charles de Gaulle. Lors de celle-ci, les deux responsables politiques avaient abordé les problèmes de leur époque et principalement ceux de l’Afrique.

LES ARCHIVES.

Dans l’archive en tête de cet article, datée du 18 avril 1968, Léopold Sédar Senghor s’exprime sur le perron de l’Élysée à l'issue de son entrevue avec Charles de Gaulle. Le président sénégalais est notamment interrogé par André Blanchet, journaliste de l’ORTF, spécialiste de l’Afrique.

Lors de cette déclaration, Senghor raconte qu’avec De Gaulle, ils ont évoqué les “problèmes qui se posaient au monde, en priorité [ceux] du Vietnam”. Cependant la visite de Senghor était aussi certainement motivée par les “problèmes africains” : “Beaucoup d’États africains sont dans une situation dramatique”, expliquait-il, visiblement préoccupé.

Entre 1957 et 1960 une vingtaine de territoires de l’Afrique ont accédé à l’indépendance. Ce mouvement rapide a provoqué de nombreuses répercussions auxquels fait référence le président sénégalais en parlant “des problèmes africains” : “Vous savez que c’est maintenant que se font sentir les conséquences de l’Indépendance, c’est-à-dire les conséquences de la détérioration des termes de l’échange”, dit-il.

En effet, de nombreux pays africains étaient en conflit à l'époque. Les natures de ces dissensions étaient multiples. Léopold Sédar Senghor cite des conflits internes comme au Soudan ou au Nigéria, qui ont viré “en guerres civiles”.

Il y avait également des guerres frontalières découlant du partage de l’Afrique entre les puissances européennes au XIXe siècle sans prendre en compte l’avis des principaux concernés. Celles-ci opposaient notamment la République de Somalie, l’Éthiopie et le Kenya.

De plus, certaines puissances coloniales refusaient d’accorder l’indépendance à leurs colonies ce qui a causé les guerres de libération en Guinée Portugaise ou en Angola.

L’Afrique était donc en pleine période de crise en 1968. Aussi, il n’est pas surprenant d’entendre la contrariété de Léopold Sédar Senghor quand il apprend en direct un coup d’État militaire en Sierra Leone. “Cela finit par déconsidérer les coups d’États militaires”, dit-il, dans une formule ambiguë.

Finalement, le Sénégal faisait figure d’exception dans cette période de crise. Cela était sûrement dû à la stabilité politique du pays assurée par Léopold Sédar Senghor, au pouvoir à partir de 1960 (jusqu'en 1980).

Le Sénégal a déclaré son indépendance le 20 août 1960. Le pays africain adopte alors rapidement une Constitution semblable à celle de la Ve République française. Ainsi, le premier président du Sénégal indépendant, Léopold Sédar Senghor, est élu le 5 septembre 1960 par un cortège électoral.

Issu des élites sénégalaises, Senghor réalise de brillantes études en France à partir de ses 22 ans. Notamment au lycée parisien Louis-le-Grand où il rencontrera Georges Pompidou qui deviendra un de ses grands amis.

C’est à partir de 1945 que Senghor s’engage en politique. Il fonde en 1948 le Bloc Démocratique Sénégalais (BDS). Le responsable politique, également homme de lettres, est convaincu qu’une coopération entre les pays africains libres et la France est possible.

Fort promoteur de la francophonie, sa politique est marquée par une coopération avec la France. Durant son mandat, l’économie du pays est gérée par des experts français et les grands marchés publics sont réservés aux entreprises françaises.

Cette proximité entre la France et le Sénégal lui sera reprochée. En effet, Léopold Sédar Senghor est considéré comme le symbole du néocolonialisme français par ses détracteurs.

Le président sénégalais était également un amoureux des lettres. Il a ainsi produit de nombreux recueils poétiques et essais. Léopold Sédar Senghor était un fervent admirateur de la langue française qu’il disait “langue de culture”.

Léopold Sédar Senghor a représenté un symbole de la relation franco-sénégalaise. Une relation qui, bien que complexe, a traversé les époques.

Cet article a été écrit et publié à l’occasion d’un stage d’observation d’élèves scolarisés en classe de seconde d'un lycée du Val-de-Marne.

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