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Le sel, une arme de déneigement efficace et peu couteuse

Le sel, une arme de déneigement efficace et peu couteuse

La neige est tombée dans la nuit du 17 au 18 janvier et a recouvert l'Île-de-France d'un léger manteau neigeux. La région était en vigilance orange et les saleuses ont fonctionné sur les principaux axes. Le sel de déneigement devient la star des JT à chaque nouvel épisode de froid.

Par Florence Dartois - Publié le 17.01.2024 - Mis à jour le 18.01.2024
Le salage - 1979 - 02:45 - vidéo
 

L'ACTU.

Comme prévu par Météo France, le nord de la France et la région parisienne se sont réveillés sous plusieurs centimètres de neige jeudi 18 décembre. Du côté des routes, plus de 1100 km de bouchons ont été enregistrés sur l'ensemble du pays au cours de la matinée. Mais les grands axes ont bien été salés en prévention, limitant les risques d'accidents.

Cela n'avait pas été le cas dans la nuit du 8 au 9 janvier 2024, où la neige et le verglas avaient provoqué une pagaille sur les routes franciliennes. Ces intempéries insuffisamment anticipées par Météo France, et en ricochet par les autorités compétentes, n'avaient pas permis aux équipes de saler les routes à temps. Un manque de prévention qui avait provoqué une polémique bien que l'ancien ministre des Transports, Clément Beaune, ait déclaré dans « Télématin » le 9 janvier que la cellule de crise avait bien été déclenchée et qu'au cours de la nuit les moyens de salages étaient sortis : 60 véhicules de salage et de déneigement, ainsi que 150 agents, pour « résoudre ces difficultés ».

Rien de tel cette fois. Le plan de salage préventif a permis de continuer à circuler sur la plupart des axes et de limiter les incidents. Depuis toujours, lorsque le verglas et la neige menacent, les autorités compétentes lancent les plans régionaux de salage des routes. Chaque année des milliers de tonnes de sel sont ainsi déversées sur les routes : entre 750 000 et 1,5 million de tonnes de sel sont utilisées pour déneiger. À chaque nouvel épisode neigeux, les JT consacrent immanquablement un sujet au salage ou sablage des routes.

L'ARCHIVE.

L'archive disponible en tête d'article est originale, car elle dévoile l'origine du sel utilisé. En janvier 1979, la France se confrontait à un épisode hivernal rigoureux. En quatre jours, la plupart des régions concernées par la neige avaient déjà presque utilisé tout le stock de sel disponible, soit 150 000 tonnes. Un vrai casse-tête ! Il allait falloir limiter le salage, raboter les sols, bref, gagner du temps face à l'hiver.

Ce sujet diffusé dans le 20 heures de TF1 du 9 janvier 1979 se penchait sur l'origine du sel déversé sur les routes. Un sujet peu traité. Il expliquait que les municipalités et les régions passaient commande en septembre, à deux compagnies françaises : la compagnie des salins du Midi (qui existe toujours et compte 2 200 employés, NDLR) et la société commerciale des potasses d’Alsace (SCPA tombée en 2004 sous le giron du groupe Allemand K+S, NDLR). C'est à cette dernière qu'était consacré le reportage.

À l'époque, elle détenait 60% du marché national. Son sel provenait de la sylvinite « extraite jusqu’à 700 mètres sous terre dans les mines d’Alsace ». On apprenait que 25% de cette roche donnait « le sel de potasse, utilisé comme engrais ». Le sel de déneigement, lui, provenait d'une faible proportion du « chlorure de sodium » dont la plus grande partie, 7 millions de tonnes, était rejetée dans le Rhin. Un responsable décrivait l’activité de son entreprise qui produisait alors 4 500 tonnes de sel par jour. Ces derniers jours, ils étaient débordés et avaient dû livrer 6 000 tonnes par jour. Ils n'avaient plus de stocks pour répondre à la demande journalière (10 à 15 000 tonnes).

Cette amplification de la demande impliquait une surcharge de travail, « les gens de nos mines n’hésitent pas à travailler jour et nuit, les lundis et dimanches », précisait le responsable. Un rien exaspéré par le manque d'anticipation des demandes, il ajoutait : « Nous pourrions produire beaucoup plus et surtout livrer beaucoup plus, si les services de l’équipement étaient à même de nous commander du sel en morte-saison, comme tout un chacun commande son charbon au mois de juillet pour être sûr de l’avoir au mois de décembre. » Visiblement, ce n'était pas le cas.

Les désagréments du salage

Il faut savoir que le salage des routes n'est pas sans conséquences sur les véhicules bien-sûr, mais également sur l'environnement et la santé. C'est ce qu'expliquait ce reportage de 1991 diffusé dans le JT DE FR3 Reims. Entre 8 et 10 000 tonnes de sel avaient été déversées en trois jours sur les routes de Champagne, avec des conséquences consécutives aux opérations de salage des routes que décrit l'archive ci-dessous.

Cet afflux pouvait provoquer une modification de la composition en sodium dans l'eau de consommation courante, comme l'expliquait Hubert Legris du laboratoire municipal de Reims. Sans oublier les désagréments sur les routes et les carrosseries des voitures, nécessitant l'indispensable nettoyage après leur passage sur des chaussées salées, avec les conseils avisés de Jean-Claude Malin, garagiste.

Efficacité et coût réduit

L'ancien ministre des Transports Clément Beaune avait expliqué le 9 janvier que le salage et le déneigement étaient peu efficaces de manière préventive. « Il faut qu'il y ait de la neige qui commence à tomber sur la route pour qu'on puisse avoir une capacité d'intervention. Sinon, ça ne tient pas, ce n'est pas efficace ». Une allégation qu'aurait contesté le spécialiste suivant puisque le salage des routes est majoritairement préventif. L'usage du sel de déneigement reste la méthode la plus fiable et la moins coûteuse à mettre en place. C'est en tout cas ce qu'expliquait Christophe le Bec, ingénieur DDE, dans le JT soir Pays de la Loire du 3 janvier 1995.

Dans l'interview ci-dessous, il assurait que cela restait une « solution économique et efficace », soit « quelques centimes au mètre carré pour les collectivités ». Il décrivait aussi les différents niveaux d’intervention et les systèmes d'astreinte en relation avec la météorologie nationale.

Invité : Christophe le Bec ingénieur DDE
1995 - 03:09 - vidéo

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