L'ACTU.
Russel Banks, originaire du nord-est des États-Unis, est mort à 82 ans le 8 janvier des suites d'un cancer. Romancier et poète, il était aussi membre de l’Académie américaine des arts et des lettres, il a notamment écrit le Pourfendeur de nuages, Le Livre de la Jamaïque ou Afflictions, adapté au cinéma par Paul Schrader en 1997. Écrivain progressiste, il s'était engagé contre l'intervention américaine en Irak. Il n'hésitait pas à égratigner le mythe américain, décrivant avec finesse une société fracturée en pleine déliquescence, comme dans son ouvrage American darling, paru en 2005.
L'ARCHIVE.
L'archive en tête d'article est un extrait de l'une de ses rares apparitions à la télévision française. Le 14 mai 2005, l’écrivain était venu présenter ce roman dans l’émission « Des mots de minuit ». Il était interviewé pour l'occasion par Minh Tran Huy, collaboratrice au « Magazine Littéraire » et Philippe Lefait. Au cours de l'entretien, il revenait sur sa propre vision de l’« American Dream ». Un « rêve américain » qu'il qualifiait d'illusion. L'auteur évoquait en particulier son pessimisme de voir « les divisions entre les races et entre les classes » devenir « de plus en plus rigides », notamment au cours de la mandature Bush.
Ces scissions sociétales lui apparaissaient de plus en plus « douloureuses et de plus en plus larges ». Russel Banks prophétisait une seule issue à cette décomposition : la disparition, « ce fantasme doit s'effondrer, s'écrouler », indiquait-il. Il expliquait que son pessimisme ne se basait pas seulement sur cette désillusion, mais sur la constatation de la mise en place progressive et extrêmement rapide d'un « establishment », d’une véritable institutionnalisation d’un Etat qu'il décrivait avec des mots forts de « ploutocratie fasciste ».
L’auteur a remporté le prix John-Dos-Passos en 1995 et de nombreuses autres récompenses.
