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Rocco Siffredi, la star du X qui aimait sa mère, sa femme et (surtout) lui-même

Rocco Siffredi, la star du X qui aimait sa mère, sa femme et (surtout) lui-même

Netflix diffuse « Supersex », une série créée par Francesca Manieri. Elle relate la vie de Rocco Siffredi, l'acteur de film X. L'occasion de retrouver dans nos archives quelques interviews dans lesquelles il se confie sur sa relation à l'amour, sur l'industrie du porno et sa distance par rapport aux critiques qu'elle génère.

Par Florence Dartois - Publié le 06.03.2024
Rocco Siffredi : le porno sort du ghetto - 1994 - 00:00 - vidéo
 

L'ACTU.

La série Supersex réalisée par l'Italienne Francesca Manieri et diffusée sur Netflix s'inspire de la vie de Rocco Siffredi, acteur, réalisateur et producteur de films X. Le biopic se penche plus particulièrement sur ses origines familiales et sa relation à l'amour. C'est l'acteur Alessandro Borghi, apparu dans Les Huit montagnes, qui joue son rôle.

Tout le monde connait la star du X, qui pendant quatre décennies a multiplié les tournages avant de passer derrière la caméra et de produire ses propres films. Mais on connait moins Rocco Tano (son vrai nom), né le 4 mai 1964 à Ortona dans les Abruzzes, dans une famille italienne dévote et modeste. C'est lui que nous découvrons à travers les archives. Nous avons retrouvé deux interviews plus intimes dans lesquelles il dévoile une facette moins provocatrice de sa personnalité.

LES ARCHIVES.

Commençons par un entretien diffusé dans l'émission de Thierry Ardisson « Autant en emporte le temps », le 28 mai 1994. C'est l'archive disponible en tête d'article. Ce jour-là, Thierry Ardisson interroge l'acteur de 30 ans dans une rubrique intitulée « Le porno sort du ghetto ». Détendu et souriant, l'Italien se confie. Une entrevue non dénuée d'un certain humour, notamment lorsque l'acteur plaisante lui-même sur la mensuration - « 25 centimètres » - qui a fait sa renommée.

Au début de l'échange, Rocco Siffredi se fait plus grave toutefois à l'évocation de son « enfance normale jusqu’à l'âge de 7 ans », puis de sa descente en enfer dans une période qu'il qualifie de « terrible » avec l'apparition de ses premières pulsions sexuelles. Des pulsions incontrôlables qui l'empêchaient de mener une vie d'enfant normale. Il décrit sa souffrance de devoir gérer, dès ses 8-9 ans, sa constante envie de se masturber. « J'ai commencé mon activité de masturbation très forte (...) Je vivais une double vie (...) J’étais très malheureux ».

C'est pour échapper à sa réputation de « porc » auprès des filles de son village qu'il s'engage dans la marine marchande à 16 ans, au début des années 1980. Il raconte ensuite son arrivée à Paris en 1984 et sa rencontre avec un célèbre acteur porno, Gabriel Pontello. Il lui fait passer « un casting » improvisé le soir même : « C'était la chance de ma vie ! (...) Il m’a demandé de faire une performance, le lendemain, je travaillais ».

Dans la suite de cet échange, Rocco Siffredi évoque les difficultés nées de son statut de première star de porno dans son pays très catholique. Il est aussi question des relations qu'il entretenait avec ses parents, sa mère en particulier. Une maman adorée pour qui il aurait tout abandonné si elle le lui avait demandé. Il raconte une anecdote à son sujet.

Rocco romantique

« Le sexe et l'amour, il n'y a rien de plus beau que ça » : voilà une phrase étonnante prononcée plus tard par l'Italien à propos de sa conception de l'amour. Dans une confession surprenante, il confie que tomber amoureux signifie pour lui rester fidèle. Pour illustrer son propos, il évoque sa relation de trois ans avec une mannequin anglaise, Tina. Tout le long de leur relation, il n'avait plus tourné de film X pour se lancer dans le mannequinat, un métier qui ne lui plaisait pas et qui l'avait presque ruiné.

C'est avec beaucoup plus de passion que l'acteur évoque alors son retour dans le X, après leur séparation : « J'aime beaucoup le sexe, j'aime beaucoup mon métier. À chaque fois que je fais une scène, c'est comme la première fois ! », confie-t-il. Avant d'ajouter que chaque nouveau film (à l'époque, il en a tourné plus de 800) est pour lui une nouvelle excitation : « À chaque fois, c'est incroyable pour moi, j'ai des nouvelles émotions, je découvre quelque chose de beau ». L'acteur décrit sa manière de tourner : « Le sexe, il faut que ça soit vrai ! » C'est d'ailleurs pour lui, la clé de son succès : sa sincérité.

Rocco se confesse à Catherine Ceylac

Le 24 janvier 2004, dans l'émission « Thé ou café », à l'occasion de la sortie du film de Catherine Breillat, Anatomie de l'enfer, dans lequel il jouait un rôle « normal », le comédien confiait à Catherine Ceylac plusieurs aspects de sa vie rarement évoqués à la télévision.

Dans l'extrait ci-dessous, il est notamment question de son nom de scène. Si Rocco est bien son prénom, « Siffredi », lui, est un pseudonyme. Il raconte comment il l'a choisi. Puis, l'acteur décrit son milieu, avec un père cantonnier et une mère au foyer qui « s'occupait des gosses » (il a cinq frères). Il se confie sur son enfance dans un petit village italien au sud de Rome, son éducation catholique (il a été enfant de chœur). Il revient également sur sa première masturbation et la honte d'avoir été surpris par sa mère.

Rocco Siffredi et ses valeurs
2004 - 00:00 - vidéo

« On ne parlait pas du tout de sexe à la maison ».

Dans cette autre archive, ci-dessous, Rocco Siffredi donne sa vision du sexe. La sexualité ne peut pas être, selon lui, que des « bisous et câlins ». Elle doit receler une certaine part de violence, du moment qu'elle est « volontaire, entre adultes consentants ». Catherine Ceylac le titille sur la notion de liberté sexuelle et de mariage. Elle l'interroge sur l'ambivalence de son métier et sa vie de couple plus rangée (il est marié depuis 1993 avec Rosa Caracciolo, ancienne actrice de porno, et ont deux fils).

Il a trouvé la femme idéale, celle qui l'accepte comme il est, qui a compris que la sexualité était un jeu pour lui. Et qui le laisse jouer. De son épouse, il déclare qu'elle est « la moitié qui lui manque (...) tellement pure, tellement belle, tellement simple », à tel point qu'il se demande ce qu'elle fait avec lui, « moi, je me vois tellement bizarre ». À ce stade de sa vie, il assure être épanoui dans une vie professionnelle, où il s'amuse, et sa vie familiale, équilibrée.

Rocco Siffredi et le porno défouloir
2004 - 00:00 - vidéo

Est-il plus difficile de jouer dans un film classique ou dans un film X ? Dans l'archive suivante, Rocco Siffredi évoque sa participation au film de Catherine Breillat et parle de sa difficulté à jouer une scène en particulier. Il évoque aussi le retour à la moralité de la société, la relation entre religion et sexualité.

Porno et violence

En fin d'émission, Catherine Ceylac propose à l'acteur de réagir à l'interview de la philosophe Michela Marzano, chercheuse au CNRS, à propos de l'impact de la violence du porno sur les adolescents. Certains prenant les images et les mises en scène du X comme l'expression d'une sexualité réelle et ordinaire qui pourrait leur laisser penser que certaines femmes sont faites pour être humiliées et violentées. En réponse, Rocco Siffredi se montre très détaché, comme insensible à ce débat et aux ravages de l'imagerie du porno. Il défend son métier et argumente pourquoi il ne cautionne pas la critique du porno violent. Il aborde également une autre question épineuse, celle de l'absence de préservatif dans ses films.

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