Aller au contenu principal
Dans les coulisses de la Police Judiciaire en 1970

Dans les coulisses de la Police Judiciaire en 1970

Plusieurs syndicats et organisations professionnelles manifestaient le 17 octobre contre la réforme de réorganisation de la police souhaitée par Gérald Darmanin. Les hommes de la Police Judiciaire craignent un nivellement vers le bas de leur prestigieuse institution chargée des crimes et enquêtes les plus complexes. Discrète sur son activité, la PJ avait ouvert ses portes à la télévision en 1970.

Par Florence Dartois - Publié le 17.10.2022
 

L'ACTU.

Les enquêteurs de police judiciaire opposés à la réforme de leur filière préconisée par le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin organisaient le 17 octobre partout en France des rassemblements pour tenter de convaincre le ministre de renoncer à son projet. Ils craignent qu'il ne nuise à l’efficacité des enquêtes et à l’indépendance de la justice. Le projet vise à placer tous les services de police (le renseignement, la sécurité publique, la police aux frontières et la PJ) à l’échelle du département sous l’autorité d’un seul directeur départemental de la police nationale (DDPN), qui dépendrait du préfet. Les agents de la PJ seraient ainsi intégrés à une filière investigation, aux côtés de ceux en charge de la délinquance au quotidien. Ils dénoncent un risque d'absorption par la sécurité publique et de « nivellement vers le bas ». Les opposants à la réforme évoquent aussi une perte d'autonomie et le renforcement du poids du préfet dans les enquêtes.

La police judiciaire, filière hautement spécialisée, est chargée des crimes et enquêtes, notamment sur le grand banditisme. Depuis sa création sous la IIIe République, de la volonté de Georges Clémenceau, elle bénéficie d'une notoriété et d'un prestige largement relayés dans la littérature ou au cinéma. Ses mythiques locaux du 36 quai des Orfèvres, siège de la Direction régionale de la police judiciaire de la préfecture de police de Paris, sont associés aux grandes enquêtes criminelles. Loin de cette notoriété les agents de la PJ se doivent, eux, de rester discrets.

LES ARCHIVES.

En février 1970, le magazine « Vingt-quatre heures sur la deux » avait eu l'autorisation de pénétrer dans l'enceinte de la brigade antigang de la police judiciaire et d'interviewer certains enquêteurs, parmi eux l'inspecteur à découvrir en tête d'article, qui témoignait anonymement le visage à demi dissimulé derrière une lampe. Il appartenait à la brigade antigang depuis sa création, cinq ans plus tôt. Il racontait son métier très prenant, bien loin des horaires de bureaux préconisés dans la police active (9-12 et 15-19). À la PJ, racontait-il, on ne comptait pas ses heures, effectuant « au moins 4 ou 5 heures de plus par jour ». Leur autonomie leur permettait parfois de suivre des affaires « 20 heures sur 24, trois ou quatre jours de suite ». Il racontait être à la merci de l'actualité et devoir fréquemment se rendre sur les lieux des « affaires sérieuses ». Il fallait donc être disponible, d'ailleurs ils étaient nombreux à conserver de quoi faire leur toilette, « tout le monde ici a toujours sa petite serviette prête pour un départ rapide... », assurait-il.

La suite du reportage filmait l’entraînement des hommes de la PJ au stand de tir où ils devaient tous passer sans exception tous les 15 jours. Un entraînement indispensable pour maintenir les réflexes. L'inspecteur décrivait la formation du tireur à la mitraillette et au pistolet expliquant qu'on ne les formait pas à être des tueurs, mais à ce qu'ils soient capables, en cas de nécessité « d'être sûrs de tirer juste ». Il insistait sur le fait qu'un policier ne devait presque jamais tirer. Il y voyait « une garantie morale » et « un gage de réussite ».

L'importance de l'anonymat

Toujours dans ce même reportage, le commissaire divisionnaire de la brigade antigang, de profil dans l'ombre, témoignait lui aussi anonymement. Avec un travail consistant à pénétrer le milieu délinquant, il aurait été très dangereux que son visage, et celui des membres de son équipe, soient reconnus. « La plus grande efficacité vient de notre anonymat », déclarait-il alors.

Mener l’enquête

En juin 1970, un autre magazine, « Dossier souvenirs », donnait la parole à Henri Tarniquet, ancien directeur de la Police Judiciaire. Au micro de Monique Lefèvre, l'homme de l'ombre, désormais à la retraite, évoquait avec un plaisir non dissimulé les coulisses de son métier. Il décrivait notamment les grandes étapes d'une enquête.

Interroger

Henri Tarniquet décrivait ce qui, à ses yeux, était le plus exaltant dans son métier : l'interrogatoire. « C'est là où le métier doit parler ». Quand l'individu arrive, « il faut essayer de le vider ». Il racontait une affaire qui l'avait particulièrement marquée.

Une police des hommes

Dans ce dernier extrait, Henri Tarniquet décrivait en quoi la police était selon lui « un art et une science ». Il évoquait les évolutions techniques dans le travail de la police et décrivait ce qu'était le « polygraphe » (détecteur de mensonges), utilisé aux États-Unis. Mais pour lui dans « notre vieille société européenne » ce serait encore longtemps les hommes et non les machines qui feraient la police et la justice.

S'orienter dans la galaxie INA

Vous êtes particulier, professionnel des médias, enseignant, journaliste... ? Découvrez les sites de l'INA conçus pour vous, suivez-nous sur les réseaux sociaux, inscrivez-vous à nos newsletters.

Suivre l'INA éclaire actu

Chaque jour, la rédaction vous propose une sélection de vidéos et des articles éditorialisés en résonance avec l'actualité sous toutes ses formes.