L'ANNIVERSAIRE.
« J'ai commencé la danse à 7 ans, je suis devenue professionnelle à 11 ans et étoile à 15 ans et demi... » Fille d’un prince tcherkesse du Caucase exilé à Paris, Ludmila Tcherina (née Monique Tchemerzine) a vu le jour le 10 octobre 1924. Elle est devenue l'une des plus grandes danseuses de sa génération. Nommée première danseuse étoile des Ballets de Monte-Carlo à peine âgée de 16 ans, un record à l'époque, elle a dédié sa vie à la danse. Opéra de Paris, Scala de Milan Metropolitan Opera de New York... L'artiste fut la première danseuse de l'Occident à poser ses chaussons de danse sur la scène du Bolchoï, où elle incarnera plusieurs fois le rôle de Giselle, le ballet romantique en deux actes composé par Adolphe Adam sur un livret de Jules-Henri Vernoy de Saint-Georges et de Théophile Gautier.
Après ses années de danse, artiste dans l'âme, elle s'est tournée vers une autre forme d'art qu'elle appelait « égoïste » : la sculpture et la peinture, exposant ses œuvres avec succès. Il en est d'ailleurs question dans l'archive ci-dessous extraite de l'émission « Au-delà de l'écran » du 21 avril 1963. Dans cette interview réalisée par le journaliste André Leclerc, Ludmila Tcherina évoquait sa carrière de danseuse et d'artiste. Elle le recevait dans son célèbre appartement du XVIe arrondissement, face à la tour Eiffel. Cet appartement, digne d'un musée, a d'ailleurs régulièrement fait l'objet de couvertures dans les revues de l'époque.
Ludmila Tcherina chez elle
1963 - 07:31 - vidéo
« Dans la danse, il n'y a pas de partition, il n'y a pas d'écriture, c'est en somme un corps à corps (...) cette exaltation du corps ne se transmet pas par écrit, ça se transmet de corps à corps, c'est vraiment le mot. » La danse, elle la concevait comme une aventure, une création, « je ne vibre que lorsque je crée quelque chose », expliquait-elle, insistant sur l'importance de se renouveler, de travailler avec de jeunes chorégraphes. Elle qui avait dansé Giselle, l’œuvre romantique par excellence, déplorait pourtant que l'époque romantique ait rendu la danse trop « linéaire », privant le public d'émotions. « Pour que la danse devienne un art populaire, il faut toucher le public, le faire pleurer, le faire rire, il faut lui donner une émotion », assurait-elle. Le reportage s'achevait par la présentation de quelques-uns de ses tableaux.
LES ARCHIVES.
Roméo et Juliette
Nous vous proposons de retrouver la danseuse étoile lors de quelques prestations télévisées de danse. La première, disponible en tête d'article, date du 19 septembre 1960. Elle a été diffusée dans une émission qui s'appelait « L'école des vedettes » dans laquelle un artiste reconnu parrainait un ou une artiste en devenir. Ce jour-là, la danseuse étoile dansait avec un jeune danseur yougoslave rencontré au Bolchoï, Stefan Grebel. Ensemble, ils interprétaient quelques passages du ballet Roméo et Juliette de Tchaïkovski. (La rencontre, le balcon, la mort et la résurrection).
La Symphonie héroïque
Dans « Discorama », le 10 juin 1960, Ludmila Tcherina et Edmond Audran dansaient sur l'adagio de la Symphonie héroïque de Beethoven, sur une chorégraphie créée par Serge Lifar.
Chorégraphie sur la "Symphonie héroïque"
1960 - 04:42 - vidéo
Un concerto de Bartók
Le soir de Noël 1966, la télévision diffusait un programme festif, « L'inconnu d'un soir de fête ». Parmi les artistes invités à se produire ce soir-là : l'envoûtante Ludmila Tcherina qui dansait sur le concerto de Bartók joué en solo par le violoniste Ivry Gitlis. Magique !
Ludmila Tcherina et le concerto de Bartok
1966 - 03:39 - vidéo