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Les gypaètes barbus font de la résistance dans le Vercors

Les gypaètes barbus font de la résistance dans le Vercors

Un couple de cette espèce de vautour a pondu dans le Vercors. Du jamais vu depuis un siècle en milieu naturel. Ce vautour longtemps mal-aimé a été réintroduit dans ce massif en 2010 grâce aux efforts de plusieurs zoos européens.

Par Florence Dartois - Publié le 02.03.2022
 

Mardi 1er mars, la réserve des Hauts Plateaux du Vercors a annoncé qu’un couple de gypaètes barbus a pondu dans le sud du Vercors, dans le cirque d'Archiane. Les vautours ont installé leur nid dans la paroi rocheuse et la femelle a pondu. C'est une première car cela faisait 100 ans que cela ne s'était pas produit dans la nature.

En effet, depuis un siècle, le rapace avait totalement disparu de la région, victime notamment de sa mauvaise réputation de charognard et des superstitions. Le dernier témoignage de la présence d’un gypaète barbu sur ce territoire remontait à 1879, date à laquelle il semble que le dernier individu a été exposé sans vie sur la place d’un village du Royans. Depuis, il ne se reproduisait qu'en captivité.

Sur le site du parc, Jacques Adenot, président du Parc naturel régional du Vercors, déclare que le gypaète barbu «est le premier chaînon des espèces de rapaces charognards.» «Appelé aussi "Casseur d’os", le gypaète intervient en fin de chaîne et le voici maintenant visible à nos yeux presque tous les jours sur le massif. Ces réintroductions successives s’inscrivent donc dans une politique cohérente de restauration de la biodiversité que mène le Parc du Vercors depuis longtemps», poursuit-il.

En effet, le Parc du Vercors a été un précurseur dans la réintroduction d’espèces sauvages, notamment de gypaètes barbus, dès 2010, en lâchant trois bébés prénommés Stéphan, Cordouane et Lousa. L’archive en tête d’article revient sur cette réintroduction de juin 2010. Le gypaète barbu, une espèce menacée de disparition, bénéficiait alors d’un programme de réintroduction, plus précisément à Treschenu-Creyers. A l’époque, les gypaètes barbus étaient inscrits sur la liste rouge des animaux les plus menacés. Ils n’en restaient « qu’une centaine sur l’arc alpin », mais il avait disparu du Vercors depuis 1870.

Réintroduction délicate

Le JT Rhône-Alpes Soir avait suivi les « gardes verts » dans leur ascension vers le lieu du lâcher, avec les bébés gypaètes sur le dos. L’un d’eux reconnaissait qu’il y avait « de la tension, et de l'émotion ». Rendre ce volatile au Vercors représentait à ses yeux un « moment magique ! ».

Le lieu choisi pour déposer les trois petits animaux était une plateforme étroite, très sécurisée, car les « oisillons nés en Autriche, en Haute-Savoie et en République tchèque » ne savaient pas encore voler. Ils devraient apprendre par eux-mêmes.

Plus bas, la réintroduction était suivie à la jumelle par des curieux, des vétérinaires et autres spécialistes. Les vautours seraient encore nourris par l’homme durant un mois, jusqu’à leur premier envol, et la possibilité pour eux de se nourrir seuls. Un responsable du programme autrichien expliquait que les premiers jours les trois bébés risquaient de se battre souvent car ils ne se connaissaient pas, « ils viennent de différents élevages, ils doivent donc apprendre à se connaître. Mais après quelques jours, ils parviendront à vivre ensemble sans trop de problème… ».

Michel Terrasse, le président de la Fédération Internationale pour la Conservation des Vautours, expliquait leur disparition par leur mauvaise réputation car on faisait de ces oiseaux « des massacreurs, des égorgeurs et des dangers publics pour les alpinistes, alors qu’il n’y a pas plus timide qu’un gypaète ». Il expliquait aussi que leur disparition était due aux collectionneurs qui avaient prélevé leurs œufs et leurs dépouilles pour les naturaliser.

L'objectif des responsables du parc naturel, c'était qu’une famille s’installe dans les massifs car ces « casseurs d’os » sont fidèles à un territoire.

Un mois après leur réintroduction, les trois bébés se portaient bien et s’apprêtaient à s’envoler...

Plus de 20 ans après cette première réintroduction, le pari est gagné. En réintroduisant 17 oiseaux entre 2010 et 2021, le parc a contribué à sauvegarder l’espèce et la prochaine naissance de bébés gypaètes montre que l’espèce a trouvé ses marques dans le Vercors et devrait s’y établir définitivement.

Pour aller plus loin :

Les vautours du Vercors. (1999)

La réintroduction des gypaètes barbus était aussi l’occasion d’évoquer une autre race de vautours présents dans les falaises du Vercors : les vautours fauves. Un rapace imposant lui aussi. Il plane le long des falaises du Vercors, du Diois, des Baronnies mais avait aussi failli disparaître avant sa réintroduction en 1996.

En 1987, des gypaètes barbus avaient déjà été réintroduits dans les Alpes. Le rôle de ce charognard élément essentiel de la chaîne écologique allait permettre d’épurer la montagne en la débarrassant des carcasses d’animaux morts. Pour arriver à cette réintroduction, il avait fallu s’appuyer sur les différents zoos d’Europe possesseur de gypaètes pour favoriser leur reproduction en captivité.

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