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L'appel de phares : l'ancêtre des alertes sur applications routières

L'appel de phares : l'ancêtre des alertes sur applications routières

Avant les applications, les automobilistes utilisaient un système d'alerte redoutable et bien connu des forces de l'ordre.

Par Florence Dartois - Publié le 04.11.2021
 

Le Parisien a révélé le 31 octobre 2021 que la loi anti-signalement qui devait entrer en vigueur le 1er novembre avait été reportée sine die car le dispositif n'était pas prêt. Cette loi devait mettre en place le «système Harry Potter». Ce système d'invisibilité devait permettre aux forces de l’ordre d’effectuer - sur les routes départementales et communales - des dépistages d’alcoolémie ou d’usage de stupéfiants, sans pouvoir être signalés par les automobilistes. En somme de disparaître des différentes applications routières. Le seul problème soulignait le Parisien, rien n’était prêt techniquement du côté du ministère de l’Intérieur.

Mais le signalement des contrôles de police ou de gendarmerie existait bien avant celle des applications. Et les conducteurs pourraient bien être tentés de les réutiliser si la loi venait à être appliquée. Le système préféré des Français autrefois, c'était l'appel de phare. Et les forces de l'ordre n'étaient pas toujours opposées à son utilisation.

L'archive en tête d'article est un reportage diffusé dans le journal Rhône Alpes actualités du 25 septembre 1974. À l'époque, la gendarmerie constatait que la limitation de vitesse était peu respectée. La maréchaussée décidait donc de mener une campagne d'information sur la route reliant Grenoble à Lyon. Le préfet de l'Isère s'était rendu sur place pour constater les infractions. Une centaine d'automobilistes avait été flashée à plus de 90 km/h, parfois même au-delà de 130 km/h. Pour cette opération qui se voulait pédagogique, personne n'avait été verbalisé. La police se contentant de leur remettre une lettre d'information.

L'appel de phares : outil de prévention ?

Le journaliste présent ce jour-là faisait remarquer au préfet qu'en arrivant vers le point de contrôle, il avait été averti par les appels de phares des automobilistes. Une situation bien connue du préfet, qui préférait d'ailleurs l'aborder de manière positive, déclarant avec humour que lui-même arrivant de Lyon, il avait été averti «depuis 2 kilomètres en sens inverse». Contre toute attente, le haut fonctionnaire déclarait même qu'il trouvait cela «pas mal» «En réalité lorsqu'un automobiliste qui vient en face de nous signale par les phares qu'il y a un poste de police de contrôle, dans le fond, le but que nous recherchons est atteint. En somme, pendant un certain nombre de kilomètres, je suis sûr que l'automobiliste en sens inverse fait attention!», disait-il.

15 ans plus tard, en 1989, sur demande gouvernementale, les contrôles de vitesse avaient doublé et les appels de phares aussi.

Un fléau ou une aubaine ?

Voitures banalisées, radars mobiles, tout était mis en place pour flasher les chauffards. Mais cette présence n'était efficace que durant le premier quart d'heure de présence. Ensuite, «la solidarité entre automobiliste annulait les effets de l'action de surprise». Toujours pointés du doigt : les appels de phares. Et cela agaçait les gendarmes en charge de ces contrôles, à l'exemple de ce gendarme en Moselle : «Ces gens-là travaillent contre nous. Ils nous empêchent d'intercepter des délinquants sur cet axe. Pour nous c'est un fléau. Faire des appels de phares c'est rendre service aux automobilistes mais ce n'est pas rendre service aux forces de l'ordre», déplorait-il.

En 2006, les appels de phares étaient toujours très prisés des automobilistes, à l'instar de Mimile, 85 ans. Il avait voulu jouer les filous mis avait été épinglé. À la caméra, il avouait son délit : «J'ai fait un appel de phares pour prévenir les autres voitures, mais on m'a interdit de le refaire», plaisantait-il.

En 2009, dans l'Eure, pour le chassé-croisé juillet/août des vacances, les contrôles étaient renforcés, police et gendarmerie étaient fortement mobilisées. Les radars flambant neufs pouvaient flasher un véhicule à 900 mètres. Mais sur la départementale 613 menant à Lisieux, les appels de phares avaient toujours la cote. D'ailleurs, ce jour-là, les gendarmes ne se faisaient pas si discrets que cela. «Si les gens se préviennent, l'objectif est atteint, l'accès est sécurisé», précisait ce gendarme philosophe qui préférait la prévention à la répression.

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