L'ACTU.
Depuis le 6 novembre à 11 h 25, les femmes travaillent gratuitement selon l'infolettre «Les Glorieuses». Un chiffre calculé chaque année pour mettre en lumière les différences de salaires entre femmes et hommes. Calculée à partir des statistiques Eurostat, cette date est symbolique et représente le moment où les femmes pourraient arrêter de travailler si elles étaient payées au même niveau que les hommes, tout en conservant leur salaire annuel moyen actuel. Ce chiffre a été repris par de nombreux médias et politiques, comme la première ministre Élisabeth Borne qui en a profité pour rappeler ses engagements.
En 2021, selon l'Insee, les femmes gagnaient environ 24% des moins que les hommes, et 15% à temps de travail égal.
LES ARCHIVES.
« Cette loi qui concerne 7,5 millions de femmes actives marque un progrès dans la condition féminine, mais ce n'est qu'une première étape. » En décembre 1972, une loi relative à l’égalité de rémunération entre les hommes et les femmes était votée à l'Assemblée nationale. Elle devait acter le principe « à travail égal, salaire égal ».
Dans l'archive en tête d'article, le JT de 13h décrivait cette nouvelle loi. « La loi votée hier à l'unanimité par les députés précise que les employeurs devront désormais assurer un salaire égal entre hommes et femmes pour un même travail ou un travail de valeur égale. » Il était supposé que « pour que les employeurs observent cette loi et c'est ce qui importe, les inspecteurs du travail et les officiers de police auront pouvoir pour constater les infractions et dresser procès-verbal. »
Déjà, certains députés notaient « que la loi ne précise pas quelles sanctions seront prises à l'égard des contrevenants ». Et de conclure : « cette loi qui concerne 7,5 millions de femmes actives marque un progrès dans la condition féminine, mais ce n'est qu'une première étape et tout dépend de la manière dont elle sera appliquée. »
Un manque de contrôle
Cinq ans plus tard, l'archive ci-dessous faisait le point sur la mise en œuvre de cette loi pour l'égalité salariale des femmes et des hommes. Le constat était clair : « Aujourd'hui l'inégalité subsiste, les revenus annuels des femmes salariés sont encore en moyenne inférieurs d'un tiers à ceux des hommes ». Selon le reportage, seulement 18 plaintes avaient été déposées dans les deux dernières années et seulement une avait abouti à un jugement et à la condamnation de la direction d'un grand magasin. Mais celui-ci s'était pourvu en cassation.
Salaires féminins
1977 - 04:40 - vidéo
La journaliste s'était rendue dans un grand magasin parisien, où disait une employée : « la quasi-totalité du personnel féminin » était victime d'inégalités de salaire, phénomène « beaucoup plus remarquable à la vente ». Ces différences pouvaient aller jusqu'à 1000 francs mois pour un même emploi.
Seule l'inspection du travail pouvait enquêter sur ces inégalités, et malheureusement, précisait la journaliste, elle manquait d'effectifs et de connaissances techniques. De plus, la notion de salaire pour un travail de valeur égale, n'était pas « vraiment définie » et dans la plupart des cas « l'employeur est le seul juge ».
Au-delà du salaire, la journaliste rappelait que les discriminations femmes-hommes se trouvaient aussi au niveau des emplois, des promotions freinées et du plafonnement des salaires précoces vers 30 ans pour les femmes, contre 40 à 45 ans pour les hommes. Un premier bilan contrasté, donc.